La crise politique et sécuritaire qui secoue la RDC n’en finit pas de prendre de l’ampleur, en dépit des initiatives diplomatiques. Dans ce contexte de tension, la famille politique de l’ex-président Joseph Kabila a exposé à Jean-Pierre Lacroix, chef adjoint de l’ONU aux Opérations de maintien de la paix, les dérives du régime en place lors de son passage à Kinshasa. Aussi, elle a réaffirmé son refus catégorique d’entamer un dialogue avec l’administration Tshisekedi, qu’il accuse de manquer à ses engagements précédents.
Joseph Kabila, président de la République honoraire et chef de file du Front commun pour le Congo (FCC) @Photo Droits tiers.
D’après le Front commun pour le Congo (FCC), un tel comportement (décrié ci-dessus), démontre l’absence de toute garantie que le pouvoir respecterait un jour un quelconque accord issu d’une négociation. « Celui qui incarne le pouvoir en place n’a jamais respecté et ne respecte aucun accord ou engagement qu’il prend que ce soit à Genève, à Nairobi ( Accord FCC-CACH) ou encore à Luanda », souligne le mémorandum.
Les pro-Kabila vont plus loin. Ils reprochent à l’actuel chef de l’État de violer systématiquement la loi fondamentale. « Il viole quotidiennement la Constitution et les lois de la République, parjurant ainsi le serment qu’il a prêté devant la nation et le monde », ont-ils décrié, avant d’ajouter que le président Tshisekedi « s’illustre par des violations sans précédent des droits humains » faisant référence notamment à leurs communiqués des 29 août et 5 septembre 2024 qui fustigeaient ces abus.
En outre, le FCC insiste sur le fait que le successeur de son chef de file n’a jamais exprimé un réel souhait de dialogue avec l’opposition, voyant dans cette posture une preuve d’absence de volonté politique. « Il ne se résoudrait éventuellement à dialoguer que pour répondre à la pression extérieure et conforter son pouvoir, de plus en plus décrié par le peuple désabusé », ajoute le document.
– Régime illégitime et faible –
Outre la dénonciation de la gestion politique et sécuritaire du pays, les kabilistes s’inquiètent du risque croissant de balkanisation de la RDC. Ils rappellent que, chaque jour, une partie plus importante du territoire échappe au contrôle de l’État. « Dans ce contexte, tout dialogue qui ne serait pas inclusif et n’impliquerait pas tous les protagonistes de la crise risquerait de prolonger les souffrances de nos compatriotes de l’est et consacrer la balkanisation de fait de notre pays », ont-ils averti. Ils ont fait allusion à l’échec du pouvoir à rétablir la paix dans l’est du pays où des groupes armés continuent de semer la terreur.
Cette région, particulièrement instable, est le théâtre d’une violence constante, et les autorités congolaises peinent à y affirmer leur autorité. Pour les membres du FCC, cette situation est la conséquence directe de l’illégitimité du régime actuel (depuis les élections de décembre 2023 qu’ils n’ont jamais reconnu). Pire encore, ils soutiennent que la crise que traverse le pays trouve son origine dans la « mauvaise gouvernance et la dictature la plus féroce instaurée par le pouvoir actuel ».
Ainsi, ils accusent le régime Tshisekedi de nier la souveraineté du peuple congolais et de fouler aux pieds les principes de la démocratie. « Une dictature, négation par essence de la souveraineté du peuple, ne se réformera pas, encore moins par le dialogue », concluent-ils avant d’appeler ouvertement à un changement de régime en vertu de l’article 64 de la Constitution, lequel donne au peuple le droit de résister à toute forme de dictature. « Ce régime et ceux qui l’incarnent doivent dégager, en application de l’article 64 de la Constitution de la République», lit-on dans le mémorandum.
– Une critique acerbe des élections de 2023 –
Le FCC rappelle qu’il avait boycotté les dernières élections car ses multiples alertes concernant les fraudes n’ont pas été entendues, apprend-t-on de la note adressée au fonctionnaire onusien. Hormis ses avertissements, regrette la famille politique de Joseph Kabila, mêmes ses appels au dialogue pour corriger le processus électoral n’ont pas été suivis ni par la communauté nationale ni par la communauté internationale.
A ce jour, le regroupement estime que la crise de légitimité est encore plus grave qu’avant les élections. « Le pays est plongé dans une crise politique profonde, aggravée par des résultats électoraux contestés et une gouvernance défaillante ».
– Une visite de l’ONU en pleine crise des droits humains –
Cependant, la visite de JP Lacroix en RDC intervient peu après le drame du 2 septembre 2024 à la prison centrale de Makala où des centaines de détenus ont perdu la vie dans ce que les inconditionnels de JKK décrivent comme un massacre orchestré par les forces de l’ordre. « Le FCC déplore la dégradation continue de la situation sécuritaire sur toute l’étendue du territoire national, marquée par les violations massives des droits de l’homme». La coalition au pouvoir (Union sacrée) est accusée d’avoir orchestré une répression systématique visant ses membres et d’autres voix dissidentes. « Nos cadres sont constamment victimes de menaces, de tentatives d’assassinat, voire d’assassinats, et cela concerne également d’autres compatriotes de l’opposition et de la société civile », dénonce le document.
Le camp Kabila conclut son mémorandum en saluant l’intervention de l’ONU, tout en rappelant que seule une transition politique véritable et inclusive, impliquant toutes les forces vives de la nation, pourra ramener la paix et la stabilité en RDC.