Plus de 25.000 victimes de violences sexuelles ont été prises en charge en 2023 dans cinq provinces de l’est de la République démocratique du Congo, selon un rapport publié lundi par Médecins sans frontières (MSF) qui évoque “un nombre sans précédent” et une tendance qui s’accélère.
Au Nord-Kivu, les déplacés de guerre payent le prix le plus fort à cause de cette guerre d’agression. @Photo Droits tiers .
En 2023, cette organisation humanitaire médicale affirme avoir appuyé “la prise en charge de 25.166 victimes de violences sexuelles à travers le pays. Soit plus de 2 victimes par heure”. Le rapport concerne cinq provinces – Nord-Kivu, Sud-Kivu, Ituri, Maniema et Kasaï central – sur les 26 que compte le pays.
Au cours des années précédentes (2020, 2021, 2022), les équipes de MSF ont en moyenne pris en charge 10.000 victimes par an dans le pays, d’après ce rapport qui indique que l’année 2023 marque “une hausse massive des admissions”.
L’organisation humanitaire estime que cette tendance s’est encore accélérée au cours des premiers mois de 2024 où “17.363 victimes ont été traitées entre janvier et mai” dans la seule province du Nord-Kivu. Ce qui représente 69% du nombre total de victimes prises en charge en 2023 dans les 5 provinces concernées.
En proie à des violences armées chroniques depuis trois décennies, l’Est congolais, en particulier la province du Nord-Kivu, connaît un pic de crise depuis deux ans et demi, avec la résurgence de la rébellion du M23 qui s’est emparée de vastes pans de territoire et encercle quasiment la ville de Goma, capitale provinciale.
Des centaines de milliers de déplacés s’entassent dans des camps et des abris de fortune en périphérie de cette ville de plus d’un million d’habitants. La majorité des agressions ont eu lieu dans et autour des sites, précise le rapport, ajoutant que les deux tiers des victimes “ont été agressées sous la menace d’une arme”.
Selon le rapport, ces agressions se produisent lorsque les femmes et les filles “sortent pour aller récolter du bois, de l’eau ou se rendent dans des champs”. “Si la présence massive d’hommes armés dans et à proximité des sites de déplacés explique cette explosion des violences sexuelles, l’insuffisance de la réponse humanitaire et les conditions de vie inhumaines dans ces sites alimentent le phénomène”, note par ailleurs le rapport.
Le manque de nourriture, d’eau, et d’activités génératrices de revenus aggrave la vulnérabilité des femmes et des filles. Le faible nombre d’installations sanitaires et d’hébergements sûrs dans les sites les expose également aux agressions, note MSF.