Aucune trace de l’argent versé par des tiers pour l’achat des remblais de la Générale des carrières et des mines (Gécamines SA) sinon que des acheteurs qui se réclament ayant-droits, selon le mouvement citoyen Kudia Talala, revendent ces remblais à des Libanais et Chinois qui se ruent, à nouveau, dans la province du Haut-Katanga, au sud-est de la RDC. Les remblais localisés à Kakanda Nord et Sud, Bangwe, Kimbedjia, etc., Kabamba Nkole ont été envahis, voilà des mois, par des conquistadors chinois et libanais. Et des centaines de milliers de dollars échappent, par conséquent, à l’État et à la province du Haut-Katanga ainsi qu’aux entités territoriales décentralisées (ETD) concernées.
La cheminée de la Gécamines, symbole de la puissance de l’ex-Union minière du Haut-Katanga @Photo Droits tiers.
D’après le rapport de la Gécamines cité par Kudia Talala, ces remblais devraient donner au pays 29 830 000 t de cuivre cathodique et 1 912 179 t de cobalt métallique. Évalués suivant les cours mondiaux actuels des métaux, cuivre et cobalt récupérés de remblais équivaudraient respectivement à 274 883 450 000 $US et 43 209 508 863 $US. In globo, 318 092 958 863 $US sur lesquels la province du Haut-Katanga aurait dû gagner 127 237 183 545 $US proportionnellement aux 40% des ressources réalisées devant revenir à la province productrice.
Les sites des remblais où Libanais et Chinois avec des complicités congolaises se sont érigés sinon pris la place de l’État ont également été bien identifiés avec, sans doute, le concours de la Gécamines. Le mouvement citoyen Kudia Talala, cite, entre autres, les remblais 062, derrière GMS, qui ont produit 986 515 t de cuivre, les remblais B4, situés derrière KTC, d’où l’on a récupéré 2 754 917 t de cobalt. Il y a également les remblais 401 et 611 qui ont donné respectivement 90 000 000 t et 71 000 000 t. Autres remblais de la Gécamines passés sous contrôle de ces prétendus ayant-droits, les R392C, R45, R01, R9, R64 bis, R10, R45 bis, R8, R09, R444, R71, R84/1, R391, R443 et R22.
Les investigations de Kudia Talala ont également mis à jour le répertoire des permis d’exploitation ravies à la Gécamines. Il s’agit de PE 11600, PE 643, PE 529, PE 1078, PE 2354, PE 12714, PE 4632, PE 2348 ainsi que les sites de Kalukundi, Kisankala et Kamakeke. “Les remblais Gécamines vendus par des tiers aux libanais et chinois… Les vendeurs qui ont acquis ces gisements de la Gécamines ne présentent aucune preuve de paiement”, déplore Jean-Pierre Muteba de Kudia Talala, lors de sa conférence de presse le samedi 14 septembre dernier, à Lubumbashi. M.Muteba reproche aux traders chinois et libanais de ne pas avoir vérifié au préalable si ceux qui leur vendent des remblais les ont acquis légalement.
Pourtant, depuis le 2 mars 2021, la Gécamines a suspendu, par voie d’un communiqué, toutes les opérations de vente des remblais de minerais ou des rejets issus de ses unités de traitement. A cet effet, les dirigeants du géant minier indiquent que « ces opérations ne sont plus autorisées étant donné que la Société est actuellement plus préoccupée par la reconstitution et la consolidation de son patrimoine minier ».
Il convient de rappeler que ce communiqué a été signé conjointement par le secrétaire général de la Gécamines, Mpungwe Mbuyi et l’alors directeur général adjoint, Ntambwe Ngoy Kabongo. A ce jour, la mesure reste de stricte application même si plusieurs sources concordantes renseignent que certaines personnes continueraient à tenter l’impossible pour acheter les remblais de minerais ou les rejets issus des unités de traitement de la Gécamines. “Nous allons chasser ces Chinois et Libanais qui mènent ces opérations de manière irrégulière!”, hurle Jean-Pierre Muteba. La dernière fois que les exploitants expatriés ont été chassés du Katanga remonte du temps du gouverneur Moïse Katumbi Chapwe. Près de 5 000 chinois ont été éconduits de la province malgré les contestations et protestations de Kinshasa.