Lors d’un rassemblement populaire à N’djili (partie Est de Kinshasa) l’un des quartiers populaires de la capitale, le cofondateur de Lamuka a appelé au dialogue national inclusif pour surmonter les défis de la RDC. Il a proposé des concertations placées sous le thème « Vérité – Réconciliation – Cohésion nationale ».

D’après lui, la table ronde devrait être menée sous la facilitation de chefs religieux, gage de neutralité et d’impartialité. Aussi, a-t-il proposé, ladite concertation devrait s’atteler aux problèmes profonds de la nation, comme les agressions étrangères dans l’est, la corruption endémique et la gestion chaotique des ressources publiques.

Toutefois, « le soldat du peuple » a clarifié que les assises à son initiative ne doivent pas se traduire par un partage de postes au sein du gouvernement. “Les questions que nous devons nous poser sont bien plus profondes et pertinentes”, a-t-il déclaré. “Comment faire face à l’agression rwandaise et ougandaise dans l’est ? Comment éradiquer la mauvaise gestion et les détournements de fonds qui se répètent sans cesse ?”.

– Critiques virulentes contre l’administration Tshisekedi –

Martin Fayulu n’a pas mâché les mots en critiquant la gouvernance actuelle de l’Union sacrée (majorité au pouvoir), qu’il accuse d’avoir plongé le pays dans une “situation chaotique”. Il a dénoncé une misère généralisée, des conflits ethniques récurrents, une corruption rampante, et des violences qui s’étendent jusqu’aux portes de Kinshasa.

Pour lui, la gestion actuelle ne reflète pas les intérêts de la population congolaise, mais plutôt ceux de quelques privilégiés. « Plus de 100 localités congolaises sont actuellement sous le contrôle du Rwanda via le groupe rebelle M23 », a-t-il affirmé, soulignant la montée de l’insécurité et la criminalité urbaine, notamment à Kinshasa. Le radical opposant a également pointé du doigt l’instabilité économique et la dévaluation du franc congolais, facteurs qui contribuent à la chute du pouvoir d’achat et à l’aggravation de la situation sociale.

– Défense des droits de l’homme et des réformes institutionnelles –

Devant la foule, Fayulu a aussi mis en avant la question des droits de l’homme, en dénonçant la détention prolongée des figures de l’opposition comme Jean-Marc Kabund et Mike Mukebayi, incarcérés à la prison centrale de Makala pour avoir exercé leur liberté d’expression. “Kabund et Mukebayi se retrouvent à Makala alors que des gens qui ont volé des millions de dollars sont en liberté”, a-t-il déploré.

Il a insisté sur la nécessité de mener des réformes institutionnelles profondes, notamment électorales, pour garantir que les prochaines élections soient crédibles, transparentes et apaisées. Fayulu a averti sur les risques d’instrumentalisation des processus politiques par des intérêts étrangers, soulignant l’importance de restaurer l’intégrité territoriale et de résoudre les conflits par des moyens pacifiques et inclusifs.

– Un plan de cohésion qui divise –

Si le discours de Martin Fayulu a trouvé écho chez une partie de la population congolaise en quête de changement, il n’a pas fait l’unanimité. Ses détracteurs l’accusent de chercher une position de pouvoir, sous couvert de prôner la cohésion nationale. Ce plan de dialogue national n’a pas non plus reçu l’approbation du camp de Joseph Kabila, autre figure majeure de la scène politique mais qui reste toujours silencieuse. Le chef de l’EciDé continue néanmoins de prêcher la cohésion nationale comme une voie essentielle pour sortir le pays de la crise. « Il est impératif que nous abordions ces questions de fond si nous voulons bâtir un avenir meilleur pour la RDC », a-t-il conclu, appelant à une union sacrée autour des valeurs de vérité et de réconciliation, loin des calculs politiques habituels.

Accueilli par une marée humaine à l’aéroport international de N’djili, Fayulu a fait une démonstration de force, avant de tenir son meeting, son tout premier depuis les élections contestées de décembre dernier.