Évasion ratée de Makala, les détenus meneurs à la barre
Les détenus de la prison centrale de Makala qui ont tenté de s’évader lundi dernier sont jugés en procédure de flagrance depuis jeudi, devant le tribunal militaire de Kinshasa-Ngaliema, siégeant en chambre foraine au sein même de la prison. Les prévenus sont accusés de viol et d’incendie volontaire.
Par Patrick Mputu
Des détenus de la prison centrale de Makala, qui avaient tenté de s’évader lundi dernier, comparaissent devant le tribunal militaire de Kinshasa-Ngaliema @Photo Droit tiers.
publié le 6 septembre 2024 à 05:07:00
Déjà condamnés et en cours de peine (pour certains), ils risquent des peines supplémentaires aggravées s’ils sont reconnus coupables, selon des sources judiciaires. Pendant ce temps, le directeur de la prison, officiellement en congé médical depuis un mois, reste introuvable, selon des sources pénitentiaires. Joseph Yusufu Maliki a été suspendu de ses fonctions par le ministre de la Justice, Constant Mutamba. Il fait désormais l’objet de recherches actives par les autorités congolaises et un avis de recherche officiel a été émis à son encontre.
De son côté, un consortium d’ONG de défense des droits de l’homme appelle le gouvernement à décréter un deuil national en mémoire des victimes décédées dans cette prison. Il exige également la démission ou la révocation du ministre de l’Intérieur, du vice-ministre de la Justice, et du commandant provincial de la police de Kinshasa pour négligence dans la sécurité et la protection des détenus de Makala. Cette demande a été formulée dans une déclaration ce jeudi à Kinshasa.
– Contexte –
La prison centrale de Makala, le plus grand établissement pénitentiaire de la République démocratique du Congo, a vécu une nuit d’horreur entre dimanche et lundi. Notoirement surpeuplée, cette prison accueille entre 14 000 et 15 000 détenus, soit dix fois plus que sa capacité de 1 500 places, selon les statistiques officielles. Aux alentours de 2 heures du matin lundi, des coups de feu ont retenti, selon plusieurs témoins. Les tirs ont résonné pendant de longues heures dans ce quartier populaire et résidentiel de la capitale congolaise.
Dans l’obscurité, la scène ressemblait à une tentative d’évasion, mais personne n’osait en être certain. Ce n’est que plus tard, lorsque les premières vidéos de l’intérieur de la prison ont circulé, que cette hypothèse a été confirmée. En réalité, un groupe de prisonniers avait tenté de briser le mur pour s’échapper. Malheureusement, alors que certains tentaient de s’enfuir, d’autres ont été abattus par la garde chargée de la sécurité de l’établissement.
Le bilan est lourd : le gouvernement a annoncé 129 morts, dont 24 par balles, et une soixantaine de blessés. Plusieurs personnes sont mortes dans des bousculades ou par étouffement. Parmi les survivants, 59 blessés reçoivent actuellement des soins pris en charge par le gouvernement. Des cas de viols ont également été signalés parmi les femmes détenues au pavillon 9. De plus, des incendies ont ravagé les bâtiments administratifs, le greffe, l’infirmerie et les dépôts de vivres.
Le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau a annoncé mercredi 2 octobre avoir ordonné au préfet de Mayotte d’organiser des «vols groupés» pour reconduire les ressortissants de la République démocratique du Congo dans leur pays. «Dès ce mois d’octobre, le préfet de Mayotte, il en a l’instruction, organisera des vols groupés pour pouvoir reconduire les étrangers en situation irrégulière vers la République démocratique du Congo», a déclaré Bruno Retailleau à l’Assemblée nationale lors des questions au gouvernement, interrogé par la députée RN Anchya Bamana.
Le 19ème sommet de la Francophonie tenu les 4 et 5 octobre à Paris a refroidi l’enthousiasme des Congolais dont le nombre des locuteurs du français contribue significativement au positionnement de la langue de Voltaire au top cinq des langues les plus usitées dans le monde. En effet, la RDC est le premier pays francophone. C’est à ce titre qu’elle entendrait jouer un rôle de premier plan en promouvant une figure congolaise pour succéder à la Rwandaise Louise Mushikiwabo au poste de secrétaire générale de l’organisation internationale de la Francophonie.