Soixante-trois prisonniers accusés notamment d’avoir commis des viols sur des détenues lors de la tentative d’évasion qui a fait plus de 130 morts début septembre dans la plus grande prison de République démocratique du Congo (RDC) comparaissent mercredi devant un tribunal militaire.
Des détenus de Makala accusés de tentative d’évasion et viol ont comparu devant un tribunal militaire @Photo Droits tiers.
Les prévenus sont présentés devant un tribunal militaire siégeant au sein de la prison de Makala, située dans la capitale Kinshasa. Ils sont accusés de viol, de destruction, incendie volontaire et actes de terrorisme, a déclaré Me Michel Maftaa, un des avocats de la défense commis d’office.
Une première audience a eu lieu la semaine dernière, a précisé Me Maftaa, qui souligne de nombreuses “zones d’ombre” autour de l’implication présumée des accusés présentés à ce tribunal dans le cadre d’une procédure en urgence.
Dans la nuit du 1er au 2 septembre, des prisonniers ont tenté de s’évader dans des circonstances qui n’ont pas encore été éclaircies par les autorités. Des témoins du quartier ont entendu des coups de feu résonner pendant plusieurs heures et jusqu’au petit matin.
Un premier bilan du gouvernement avait fait état de 129 morts dont 24 tués par balles. Le ministre de l’Intérieur Jacquemain Shabani a dénombré “quelques” cas de “femmes violées”, certains détenus étant parvenus, dans le chaos régnant alors au sein de la prison, à s’introduire dans le quartier réservé aux femmes. Cette semaine, le gouvernement a indiqué que deux blessés ont succombé à leurs blessures, portant le bilan à au moins 131 morts.
Selon les organisations de défense des droits humains, qui ont qualifié ce qui s’est passé à la prison de “carnage”, le nombre de décès serait toutefois bien plus élevé. “Le nombre des décès avancé par le gouvernement congolais est erroné”, a estimé la semaine dernière dans un communiqué la Fondation Bill-Clinton pour la paix (une ONG locale) dont des membres mènent des visites régulières dans les prisons de ce pays d’Afrique centrale.
Selon l’organisation, sur les quelque 15.000 détenus, seulement près de 13.000 se trouvent actuellement encore dans la prison. L’Union européenne et les ambassades de Belgique et de France en RDC ont appelé à ce qu’une enquête soit menée pour “faire la lumière” sur l’affaire.
Le centre pénitentiaire de Makala, construit sous la colonisation belge pour une capacité de 1.500 prisonniers mais accueillant aujourd’hui près de dix fois sa capacité, est régulièrement sous le feu des critiques des organisations de défense des droits qui dénoncent des conditions de détention inhumaines.