L’Algérie, dont le président Abdelmadjid Tebboune est favori à sa propre succession à l’élection du 7 septembre, est une puissance gazière en quête de diversification, accusée de répression « continue » par les défenseurs des droits humains, après les espoirs suscités par le mouvement pro-démocratie Hirak.
Voici cinq choses à savoir sur ce pays méditerranéen de plus de 47 millions d’habitants.
– Dépendance aux hydrocarbures –
Le pays est tributaire de la rente pétrolière — 60% des recettes de l’État–, qui subventionne notamment carburants, électricité, santé et produits de base et finance en grande partie les aides sociales.
Premier exportateur gazier en Afrique et membre de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), l’Algérie possède des réserves de gaz naturel prouvées de 4.504 milliards de m3 et de pétrole brut de 12.200 millions de barils, principalement enfouies dans ses régions désertiques.
Son rôle dans l’approvisionnement énergétique de l’Union européenne est crucial, avec deux gazoducs, le TransMed, qui relie l’Algérie à l’Italie via la Tunisie, et le Medgaz, qui dessert l’Espagne.
Pour répondre aux besoins d’une population jeune (45% des Algériens ont moins de 25 ans) et grandissante, le pays cherche à diversifier son économie en s’ouvrant davantage aux capitaux étrangers et en favorisant l’entrepreunariat et l’agriculture, un secteur qui se heurte au défi de la désertification.
– Rivalité avec le Maroc –
Alger a rompu ses relations diplomatiques avec le Maroc en 2021, accusant Rabat de soutenir les séparatistes en Kabylie, région berbérophone du nord-est, sur fond de vives tensions sur le dossier du Sahara occidental.
Ce territoire, riche en phosphates et aux eaux très poissonneuses, est contrôlé en majeure partie par le Maroc mais revendiqué par les indépendantistes du Front Polisario, soutenus par l’Algérie.
Le bras de fer se joue également dans l’accès à l’eau, dans le ciel (Air Algérie et Royal Air Maroc se développent rapidement sur le continent) et jusque dans les stades de football.
Le secteur énergétique n’échappe pas à la rivalité : l’Algérie a cessé fin 2021 d’approvisionner son voisin en gaz naturel, et les deux pays sont engagés dans deux mégaprojets de gazoduc concurrents les reliant au Nigeria.
– De l’indépendance à la « décennie noire » –
Colonisée par la France pendant 132 ans, l’Algérie proclame son indépendance le 5 juillet 1962 après une guerre de libération sanglante de près de huit ans.
Le secrétaire général du Front de libération nationale (FLN) et premier président de l’Algérie indépendante, Ahmed Ben Bella, est renversé en 1965 par un coup d’État du colonel Houari Boumédiène, qui dirige le pays jusqu’à son décès fin 1978.
En 1992, la suspension du second tour des élections législatives, après un premier tour remporté par le Front islamique du salut (FIS), plonge le pays dans une guerre civile entre les forces de sécurité et des groupes islamistes.
Achevée en 2002, la « décennie noire » a officiellement fait environ 200.000 morts.
– Hirak et durcissement –
En 2019, un mouvement (« Hirak » en arabe) de protestation massif éclate en réaction à la candidature d’Abdelaziz Bouteflika, président depuis 1999, à un cinquième mandat, malgré son état de santé fragile.
Les manifestations, qui exigent « la fin du système », ne faiblissent ni lorsque Bouteflika démissionne en avril 2019 ni lorsque Abdelmadjid Tebboune, son ex-Premier ministre, remporte la présidentielle en décembre.
Les interdictions liées à la pandémie de Covid-19, puis la multiplication d’arrestations d’opposants du régime, avocats et journalistes indépendants, finiront par étouffer le mouvement.
Au cinquième anniversaire du Hirak, en février, l’ONG Amnesty International déplorait une « répression continue » des « droits à la liberté d’expression, de réunion pacifique » et d’association, réclamant la libération de dizaines de détenus politiques.
– Le raï, patrimoine de l’humanité –
Le raï, genre musical de la région d’Oran (ouest), qui a connu une renommée mondiale dans les années 90 grâce à des vedettes comme Cheb Khaled, a été inscrit en 2022 au patrimoine immatériel de l’humanité par l’Unesco.
Moyen de véhiculer la réalité sociale sans tabou ni censure, ce chant populaire aborde des thèmes tels que l’amour, la liberté, le désespoir et la lutte contre les pressions sociales.
Apparue dans les années 1930, cette musique continue d’influencer les générations actuelles d’artistes