L’ex-détenu et son conseiller financier, Ezéchiel Mbuyi Mwasa, ont été aussi contraints aux travaux forcés durant le verdict contesté. D’après la Cour de cassation, sur ordre de l’ex-ministre, une somme de plus de 400 000 dollars avait été retirée du compte du ministère de la Santé en décembre 2018. La somme qui était prévue pour l’achat des produits pharmaceutiques et à leur acheminement dans les zones touchées par l’Ebola au Nord-Kivu et en Ituri, n’a jamais atteint sa destination.

Le docteur Ilunga avait nié avoir autorisé ces retraits, affirmant qu’il n’en avait pris connaissance qu’en décembre 2019, lors de son audition par l’officier de police judiciaire. Son ancien collaborateur, curieusement, avait toutefois contredit cette version des faits. Cependant, la Cour avait jugé que le docteur Ilunga, en tant que gestionnaire principal des fonds du portefeuille, ne pouvait pas ignorer pendant un an les mouvements financiers douteux de son département. De plus, l’arrêt soulignait que les factures et bons de livraison présentés comme justificatifs par les prévenus étaient des faux documents utilisés pour couvrir les détournements.

Aujourd’hui, malgré la fin de sa peine, Oly Ilunga continue de clamer son innocence. Dans un communiqué publié lundi soir, il a déclaré que les sorties de fonds avaient été effectuées à son insu et qu’aucune pièce du dossier ne prouvait qu’il avait autorisé les paiements incriminés. “J’exercerai tous les recours disponibles pour rétablir mon honneur et revendiquer ma liberté”, a-t-il affirmé, dénonçant de nombreux vices de procédure, y compris son assignation à résidence pendant plus de six mois sans passage devant la Chambre du conseil.

Médecin personnel du défunt Étienne Tshisekedi, le docteur Ilunga a été une figure controversée dans la classe politique congolaise pour avoir tourné le dos à l’UDPS après le décès du sphinx de Limete. En rejoignant le gouvernement de Bruno Tshibala, nommé sous Joseph Kabila, il s’était attiré les foudres du parti de Tshisekedi (actuel parti présidentiel), qui l’a vu comme une trahison.

Alors qu’il recouvre enfin sa liberté, Oly Ilunga continue de se battre pour effacer ce qu’il considère comme une tâche injuste sur son parcours politique. Cette libération est un nouveau chapitre pour l’ancien ministre, mais les stigmates de cette affaire continueront probablement de marquer sa carrière. Néanmoins, il demeure l’unique condamné pour détournement de fonds à avoir purgé sa peine depuis 2019.