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Salomon Kalonda, l’unique candidat de la vraie opposition au Sénat

Salomon Kalonda a accepté de porter le combat de toute l’opposition à la Chambre haute du Parlement. Le dépôt de sa candidature au poste de rapporteur adjoint du Sénat a suscité de nombreuses réactions positives. Loin de se justifier lui-même, il a préféré laisser le secrétaire général de son parti, Dieudonné Bolengetenge, répondre aux questions des journalistes. “Ma candidature est portée par Ensemble pour la République, et si représenté par le secrétaire général, c’est lui que vous posez des questions pour vous répondre”, a-t-il déclaré, illustrant ainsi un acte de sagesse et de respect pour la hiérarchie de son parti.

Par Patrick Mputu

L’opposant Salomon Kalonda, candidat au poste de rapporteur adjoint du Sénat @Photo Droits tiers.

publié le 6 août 2024 à 04:59:00

Un acte de responsabilité citoyenne, clame le patron de l’administration de la formation politique de Moïse Katumbi. « Salomon Kalonda est un membre du parti politique Ensemble pour la République. Il a été élu sénateur dans ce cadre. En tant qu’élu de l’opposition, d’un parti politique qui s’est engagé à jouer le rôle de l’opposition républicaine au cours de cette mandature, il est chargé de porter le message de l’opposition au sein de la Chambre haute du Parlement », a indiqué Bolengetenge.

De plus, il a précisé que le message de l’opposition à travers leur représentant c’est de faire entendre la voix des citoyens congolais qui ne soutiennent pas le régime actuel. « Dans un pays avec une réalité républicaine telle qu’il y a une majorité et une opposition, l’opposition fait entendre la voix des autres, ceux qui ne sont pas derrière l’action de l’exécutif doivent eux aussi être entendus parce qu’ils sont citoyens de ce pays. L’opposition fait entendre la voix de la différence, de ceux qui pensent les choses autrement », précise-t-il.

– Baende, le perturbateur –

Jean-Claude Baende, réputé membre de l’Union sacrée, a été lancé pour jouer les trouble-fêtes contre Salomon Kalonda au poste. Il a, lui aussi, déposé ce lundi sa candidature pour l’unique poste réservé à l’opposition parlementaire. « Sa candidature sera sans doute rejetée car ne relevant pas d’un consensus formalisé », a indiqué une source administrative, citée par le journaliste de RFI, Pascal Mulegwa. Membre de la Dypro de Constant Mutamba (actuel ministre de la Justice), ce transhumant avait été mis en garde et prié de quitter la Dypro par ce dernier le 2 février 2024, pour avoir rallié un regroupement politique membre de l’Union sacrée.

Nous sommes saisis de votre adhésion à un regroupement politique de la majorité autre que la DYPRO/opposition républicaine, qui a pourtant payé votre caution, grâce et au nom de laquelle vous avez été élu député national, car ayant atteint le seuil national de représentativité de 1 %, résultant des efforts de tous ses candidats députés nationaux », écrivait Mutamba à Baende, disant vouloir « décourager ce comportement peu recommandable, qui remet en cause les efforts des autres candidats et cristallise l’immoralité politique en RDC. À en croire les médias, Baende avait bel et bien rallié la plateforme de Fifi Masuka, une des figures de l’Union sacrée.

– De la prison à la Chambre haute –

Les signaux renvoyés par les élus des élus l’ont attesté. L’opposant Salomon Kalonda a été pressenti au bureau du Sénat pour faire gagner la démocratie, la réconciliation et l’unité. Ses collègues sénateurs n’ont pas hésité à le plébisciter publiquement. Dans les tractations ouvertes, le rôle de l’opposition a été scruté alors que la majorité s’est réservée six des sept postes du bureau définitif de l’Assemblée nationale. Au Sénat, Modeste Bahati, président de cette institution lors de la législature passée, a appelé à faire gagner la démocratie. Intervenant par motion au cours d’une plénière, ce membre du présidium de l’Union sacrée de la nation a prévenu ses collègues des inconvénients de ne pas intégrer un sénateur de l’opposition au bureau définitif, en dépit du faible score qu’elle a réalisé, selon les chiffres officiels. Pour Bahati, « la beauté de la démocratie » aurait voulu que l’opposition soit représentée dans l’organe exécutif de la Chambre haute du Parlement.

Une position qui n’a pas été trop éloignée de celle d’autres sénateurs, toutes tendances confondues, également favorables à l’idée de voir l’opposition jouer un rôle clé au bureau de la Chambre haute. Selon un groupe de sénateurs cité par l’Agence congolaise de presse (ACP), Kalonda, conseiller spécial et bras droit de Moïse Katumbi, aurait fait l’unanimité pour briguer un poste au bureau définitif du Sénat. Connu pour son calme, cet homme non revanchard, dont la loyauté envers son mentor, Moïse Katumbi, n’a plus été à démontrer, s’est taillé une dimension nationale ces derniers mois. Élu député provincial dans son Maniema alors qu’il était écroué à la prison de Ndolo, il a réussi la prouesse de se faire élire sénateur dans le Haut-Katanga, très loin de ses bases naturelles, récompensé certainement pour ses services rendus à la province cuprifère et au grand Katanga en général, où il a passé plus de 20 ans de sa vie.

Peu de politiques ont réussi pareille performance. Dans le Sénat actuel, seuls Kalonda et Munkamba, originaire du Kasaï et sénateur de l’Équateur, peuvent se targuer d’avoir accompli cet exploit. À ces arguments s’est ajoutée sa bonne relation avec Moïse Katumbi, arrivé deuxième de la présidentielle de décembre et potentiellement chef de file de l’opposition. Sa présence au bureau définitif du Sénat aurait été, selon des politologues, surtout un clin d’œil du pouvoir à l’opposition, encore plus à la démocratie, afin d’encourager les opposants à mener un combat constructif au sein des institutions.

Pour Salomon Kalonda, ce serait un joli revirement, lui qui s’est défait récemment de ses ennuis judiciaires suite à une dessaisine de la Cour militaire de Kinshasa, incompétente pour le juger. Poursuivi jusqu’au 8 juillet devant cette juridiction, le cadre Ensemble avait toujours plaidé non coupable. Il l’a encore prouvé en regagnant le pays par deux fois après s’être rendu à Bruxelles pour des soins, faisant mentir ceux qui le disaient proche des ennemis de la République.

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