L’Espagne signe en Mauritanie et en Gambie des accords pour endiguer la migration clandestine
L’Espagne a signé avec la Mauritanie et la Gambie des accords pour renforcer la coopération contre les passeurs de migrants illégaux vers l’Europe et en faveur d’une migration régulée, lors d’une tournée du Premier ministre espagnol destinée à contrer l’ afflux de clandestins africains dans son pays.
Sur cette photo prise et diffusée par La Moncloa le 27 août 2024, le président mauritanien Mohamed Ould Cheikh Ghazouani (au centre, à droite) et le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez (au centre, à gauche) assistent à la signature d’un accord par la ministre espagnole de l’Inclusion, de la Migration et de la Sécurité sociale Elma Saiz (à gauche) et son homologue mauritanien à Nouakchott. Le gouvernement de gauche espagnol est aux prises avec une augmentation majeure des arrivées de migrants, notamment aux îles Canaries. L’augmentation du nombre de migrants a incité le Premier ministre Pedro Sanchez à effectuer une dernière incursion diplomatique en Afrique de l’Ouest où il entamera le 27 août une visite de trois jours dans les principaux pays concernés : la Mauritanie, la Gambie et le Sénégal @Photo de Fernando CALVO / LA MONCLOA / AFP.
publié le 28 août 2024 à 17:43:17
L’Espagne a paraphé mardi soir avec la Mauritanie et mercredi avec la Gambie des “mémorandums d’entente” bilatéraux de “migration circulaire”. Ils mettent en place un cadre concerté d’entrée régulier sur le sol espagnol en fonction notamment des besoins de main d’œuvre. Cette migration contrôlée est censée faire une place particulière aux jeunes et aux femmes.
L’Espagne a également signé avec la Mauritanie une “déclaration d’intention” ouvrant la voie à des accords pour renforcer leur collaboration contre la criminalité organisée sous toutes ses formes.
Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a précisé qu’il s’agissait principalement de combattre le trafic d’êtres humains, lors d’une rencontre avec le président mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, selon des propositions rapportées par l’agence nationale mauritanienne.
L’Espagne fait face à une accélération spectaculaire des arrivées de migrants clandestins, essentiellement via l’archipel des Canaries, porte d’entrée de l’Europe pour des milliers d’Africains qui empruntent depuis des années la périlleuse route de l’Atlantique à la recherche d’un avenir meilleur.
Entre le 1er janvier et le 15 août, 22.304 migrants sont arrivés aux Canaries, contre 9.864 pour la même période de l’an dernier, soit une augmentation de 126%. Pour l’ensemble de l’Espagne, la hausse est de 66% (de 18.745 à 31.155).
La Mauritanie et la Gambie sont le point de départ d’une grande partie des migrants. Le Sénégal, troisième et dernière étape de la tournée de M. Sanchez jusqu’à jeudi, en est un autre sur la côte ouest-africaine, entre la Mauritanie au nord et la Gambie au sud.
Le chef du gouvernement socialiste, confronté à l’acuité du sujet en Espagne, a préconisé fermeté contre les filières et l’humanité vis-à-vis des migrants. Il a souligné “qu’il n’y a pas si longtemps encore, l’Espagne était aussi un pays de migrants”.
“L’immigration n’est pas un problème, mais une nécessité qui s’accompagne de certains problèmes”, a-t-il dit. En particulier, “nous devons lutter contre les mafias qui font le commerce d’êtres humains” et qui profitent “des conditions terribles et du désespoir de ceux qui ont recours à la migration irrégulière”.
– Relais –
Des milliers de personnes sont mortes en tentant de rejoindre ainsi l’Europe ces dernières années.
L’Espagne s’est engagée avec ses deux partenaires ouest-africains dans des déclarations conjointes à promouvoir “des migrations sûres, ordonnées et régulières” et à “garantir un traitement juste et humain des migrants”.
Selon une source au sein de la présidence du gouvernement espagnol, la Mauritanie abrite quelque 200.000 réfugiés victimes de l’instabilité au Sahel, dont de très nombreux Maliens, qui sont des candidats potentiels à un départ vers les Canaries.
Le projet pilote de “migration circulaire” avec la Mauritanie, d’une durée initiale d’un an, prévoit que l’Espagne communiquera des offres d’emploi à la Mauritanie qui sélectionnera des candidats. Ils passeront des entretiens et le cas échéant des tests, devront obtenir un visa et signer un contrat, et s’engager à retourner dans leur pays à la fin du contrat. Le mémorandum ne fournit pas de chiffre d’offres potentielles.
L’Espagne a déjà appliqué la formule “avec succès” avec d’autres pays, a déclaré Pedro Sánchez.
Dans le domaine de la défense et de la sécurité, “l’Espagne contribuera à hauteur d’un demi-million d’euros à une initiative de formation” en Mauritanie, pays charnière entre l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne qui se signale par sa stabilité dans une région troublée. L’Espagne lancera prochainement en Mauritanie un Institut Cervantes, institution de promotion linguistique et culturelle.
L’Espagne “souhaite donner un nouvel élan à ses relations avec l’Afrique”, a déclaré M. Sanchez en Gambie où il effectuait la première visite officielle d’un chef de gouvernement espagnol depuis l’établissement de relations bilatérales et où il a rendu visite à des agents de la Guardia Civil et de la Police espagnole déployés sur le port de Banjul au nom de la coopération sur la migration et contre les trafics.
Il a promis le lancement dans les prochaines semaines par l’Espagne d’une “nouvelle stratégie pour nos relations avec l’Afrique”, indiquant que l’Afrique de l’Ouest et le Sahel seront définis comme “région prioritaire”.
Le président mauritanien a souligné le rôle de relais qu’il entend voir l’Espagne jouer auprès de l’Union européenne dans tous les domaines, y compris l’accueil des migrants légaux.
Par Bekai NJIE avec Hademine OULD SADI à Nouakchott/Afp
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