Une vingtaine d’organisations guinéennes de défense de droits de l’homme et Amnesty appellent la junte au pouvoir en Guinée à “diligenter une enquête indépendante” pour faire “la lumière” sur deux opposants disparus, après avoir été arrêtés selon leur collectif, dans un communiqué vendredi.
L’ambassade des États-Unis en Guinée s’est aussi dite “profondément préoccupée par la disparition et le bien-être” de Oumar Sylla, plus connu sous le nom de Foniké Menguè, et Mamadou Billo Bah, dans un communiqué distinct.
MM. Sylla et Bah sont deux responsables du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), un mouvement citoyen qui réclame le retour des civils au pouvoir en Guinée. Ils ont été arrêtés le 9 juillet, selon le FNDC, qui a dénoncé un “kidnapping”.
“Les autorités guinéennes doivent immédiatement diligenter une enquête impartiale, indépendante et transparente sur les disparitions forcées” de MM. Sylla et Bah “dont on est sans nouvelles depuis plus de sept semaines”, déclarent dans un communiqué Amnesty et 17 ONG guinéennes de défense des droits humains dont l’organisation guinéenne de défense des droits de l’Homme et du citoyen (OGDH).
Leur communiqué est publié à l’occasion de la journée internationale des victimes de disparition forcée.
Pour ces ONG, les conclusions de cette enquête doivent être rendues publiques et toutes les personnes soupçonnées d’être pénalement responsables de ces actes doivent être traduites en justice.
Le procureur général de Guinée a nié toute arrestation et ordonné des enquêtes sur la disparition des deux militants. “Aucun établissement pénitentiaire du pays ne détient ces personnes faisant objet d’enlèvement”, avait-il affirmé mi-juillet.
L’ambassade des Etats-Unis salue “l’enquête en cours et encourage un processus transparent pour garantir que justice soit rendue et des éclaircissements soient fournis”, dans son communiqué.
Le FNDC, collectif créé en 2019 pour s’opposer, vainement, à un troisième mandat du président Alpha Condé, a continué à opérer sous la junte qui a renversé en septembre 2021 M. Condé, le président civil qui était au pouvoir depuis plus de dix ans.
La junte, après avoir interdit toute manifestation, a prononcé en 2022 la dissolution du FNDC, une des dernières voix de l’intérieur à contester le pouvoir et à tenter de mobiliser pour un retour des civils à la tête de ce pays pauvre à l’histoire récente troublée et violente.