Aux yeux de la parlementaire, cette période de commémoration faisait ressembler la terre congolaise à un lac de sang dans lequel il serait possible de se baigner. Selon elle, si un individu représente 5 litres de sang, alors « nous en sommes à 50 000 000 (50 millions) de litres déjà versés ».

Outrée par les décès innombrables de ses compatriotes, la représentante du peuple s’offusque de l’indifférence de la communauté internationale face à la tragédie continue sur le sol de la RDC. « Les morts congolais ne sont même plus une information. 25 Congolais assassinés à Rutshuru, 13 à Bunia, 9 à Sake, bref, c’est devenu des faits anodins », se scandalise-t-elle.

Hermione Bolumbe s’inquiète de l’invisibilité des victimes. La secrétaire générale de l’UDPS-Kibassa conçoit mal que le nombre exact des morts et leurs noms n’intéresse personne. “La vie du Congolais de l’Est n’a plus aucune valeur. Ce 2 août, comme un couteau dans une plaie qui saigne encore, transperce mon cœur de douleur. Le sang qui a coulé devra tôt ou tard être vengé. Les assassins de notre peuple paieront”, s’est-elle indignée.

– Un mémorial pour les victimes –

Toutefois, Mme Bolumbe a salué l’initiative du président Tshisekedi d’instituer le 2 août comme Journée du génocide congolais ( depuis 2023) “pour nous permettre de pleurer ces morts innombrables et injustes”. Elle a également lancé un appel pressant aux autorités pour honorer les victimes : “J’appelle aussi les autorités à ériger le mémorial du GENOCOST où le nom de chaque Congolais qui a perdu la vie suite à cette agression ignoble face à laquelle le monde est resté muet, sera répertorié. Nous le leur devons”, indique-t-elle.

De plus, la toubib a indiqué que la date du « 2 août » sera consacrée au souvenir et à la force pour la mémoire et la mobilisation nationale : “Chers compatriotes, ce 2 août sera donc une Journée de souvenir et de communion nationale pour le génocide congolais. Mais, il sera aussi une journée de force et de courage afin de poursuivre sans relâche le combat pour le retour définitif de la paix au Nord et Sud-Kivu ainsi qu’en Ituri”, a-t-elle sensibilisé.

Force et courage. Hermione Bolumbe a conclu son adresse avec un message d’espoir et de détermination au peuple congolais ainsi qu’aux autorités civiles et militaires. “La victoire nous attend au bout du tunnel. Parce que notre cause est juste, alors nous vaincrons. Force et courage à tout le peuple congolais. Force et courage au chef de l’État dans sa quête inlassable du retour de la paix. Force et courage à nos vaillants et braves FARDC qui affrontent l’ennemi au front”.

– La RDC a pleuré ses morts –

La République démocratique du Congo a commémoré la Journée du génocide congolais à Kisangani, alors que la partie Est du pays est toujours confrontée à la guerre, notamment dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri.

Le deuil national a débuté le jeudi 1er août sur toute l’étendue du pays. La cérémonie commémorative s’est tenue le vendredi 2 août à Kisangani, chef-lieu de la province de la Tshopo, en l’absence du chef de l’État pour raisons de santé, mais représenté par la cheffe du gouvernement. Cette ville a été le théâtre d’un massacre de milliers de Congolais en 2000, lors de la guerre de six jours entre les armées rwandaise et ougandaise. La Journée du génocide congolais a été instaurée pour ne pas oublier les victimes de ces massacres.

Pour le professeur Kiangu Sindani, historien et enseignant-chercheur à l’université de Kinshasa, le devoir de mémoire s’impose pour que ces violences ne se reproduisent plus jamais en RDC.