Spoken word : avec “N’laku”, Mwassi Moyindo séduit musicalement
Dans cet EP contenant six morceaux, la “diva” du slam du Congo-Brazzaville aborde divers sujets, à l’instar de l’immigration, les préjugés envers la femme, la discrimination… Musicalement parlant, ce mini-album est une réussite malgré le niveau faible de certains textes.
Par Grady Mugisho
Mwassi Moyindo séduit avec son nouveau projet malgré quelques défauts @Photo Droits tiers.
publié le 23 juillet 2024 à 16:11:01
Le slam se pratique a cappella : une poésie scandée, et non chantée. Le contraire, c’est du spoken word, l’art d’oraliser un texte accompagné de musique. Le premier projet solo de la Brazzavilloise Mwassi Moyindo en est la preuve. Au total, elle nous offre six morceaux avec des thèmes variés, populaires. Des textes voués à toucher le cœur corruptible des mélomanes ? Probablement.
– Une entrée fracassante –
Il y a évidemment de quoi se réjouir à l’écoute de N’laku, qui signifie flamme. Surtout lorsque le morceau en introduction est un pied de nez à l’abandon et une sacrée déclaration d’amour à la détermination. “Je la porte en flambeau/ Je l’attache en lambeaux/ Et rebelote, j’ai assez de force pour retourner sur le tatamis”, déclame-t-elle sur un ton de la bravade, accompagnée d’un émouvant son du piano, dans N’laku, le morceau issu de l’EP éponyme. Une entrée fracassante tant musicalement que textuellement. Un statut qui nous donne envie d’écouter le titre suivant, Ya Ngo, qui, lui, déçoit malgré la thématique abordée.
Dans ce morceau, l’artiste plonge ses auditeurs au cœur du mal-être imposé. Ses mots décrivent la solitude d’une femme ou fille qui se fait rejeter par tout le monde, les païens, les religieux voire même ses proches. “Mes parents ne ressentent aucune affection pour moi. Penses-tu que je ne suis que le fruit d’une erreur ?, peut-on entendre. Le problème ? La diva du slam n’a pas assez creusé pour installer une ambiance assez pessimiste, nous faire ressentir la fragilité du cœur, la solitude du rejet comme le voudrait le thème”. Difficile de ne pas se rendre compte aussi de la platitude du propos.
— De très bonnes sonorités —
Mais vite, elle se rattrape, non pas dans le texte mais grâce à un très bon flow, à l’énergie qu’elle met, pendant 3 minutes et 33 secondes dans le morceau “Belle”, pour s’en prendre aux préjugés véhiculés sur la femme. “Depuis des siècles, les hommes qui n’ont pas de dignité sont appelés femmes… A croire que t’es un vase”, ironise-t-elle avant de rebondir, avec un flow moyen, dans “Reste”, sur un des sujets qui font couler beaucoup d’encre : l’immigration. L’angle qu’elle a pris pour aborder ce thème est intéressant. Elle nous propose l’histoire d’un parent qui supplie son fils de ne pas immigrer en Europe tout en lui faisant voir les dangers d’un tel voyage, mais aussi les possibilités d’un avenir meilleur qui s’offre à lui s’il reste au pays. Morceau clos, l’artiste retrouve sa pleine vigueur dans l’excellent titre “Na za sé wayo” dans lequel elle déclare, sur un ton joyeux et une mélodie entraînante, son amour à la musique.
Malgré de très bonnes sonorités qui constituent cet EP sorti depuis le 28 juin, on regrettera l’absence très remarquable des punchlines, ces phrases qui marquent l’esprit lorsqu’il s’agit d’un texte venant d’un slameur ou d’un rappeur. Sauf peut-être avec la chanson “Pause” qui relève un peu le niveau : “Si tu cours trop vite, tu vas te prendre un mur/ Aller très doucement ne fera pas de toi plus mûr”. Sans doute, N’laku est une œuvre, musicalement parlant, séductrice d’une talentueuse femme qui a de beaux jours devant elle pour nous pondre un autre projet plus pointu textuellement.
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