Des tirs d’armes légères ont retenti sur l’avenue Uvira, dans la commune de la Gombe, ce mercredi 31 juillet. Les policiers chargés de la garde de la résidence de l’ex-chef de l’État, Joseph Kabila, ont ouvert le feu pour dissuader quelques jeunes brigands étiquettés Force du progrès, qui ont tenté de pénétrer dans la propriété.
Olive Lembe Kabila, épouse de l’ancien président de la République, Joseph Kabila accuse Bemba d’être parmi les instigateurs de cette situation @Photo Droits tiers.
« On a envoyé les gens pour m’éliminer physiquement. Ils ne réussiront pas. On nous manque du respect tout le temps, on nous intimide tout le temps, on instrumentalise des gens pour nous attaquer verbalement et aujourd’hui physiquement. Vous vous croyez être éternels sur cette terre de Dieu ? », s’est déchainée l’épouse de l’ancien chef de l’État, visiblement secouée par l’incident.
L’ex-Première Dame, Olive Lembe Kabila soutient que cette attaque est le résultat de la destruction méchante du périmètre sécuritaire de la résidence du président de la République honoraire, Joseph Kabila. Sans mâcher les mots, elle accuse l’ancien ministre de la Défense d’être derrière cette cabale.
« Grand frère Bemba, na benga ka yo grand frère, obenga ka nga petite sœur. Omoni makambu ya mwa égoïsme juste pour ouvrir la route pona ba camions na yo ekendeke na chantier na yo e créer (entendez : Je vous appelle grand frère et vous me rétorquez petite sœur. Tu vois maintenant ce que ton égoïsme a créé en ouvrant la voie pour faciliter l’accès aux camions qui travaillent dans ton chantier ?). Vous êtes maintenant content des résultats ? », a interpellé la patronne de l’ASBL Initiative plus.
L’incident de ce jour s’inscrit dans une série de tensions croissantes. En septembre 2023, sous la décision de Jean-Pierre Bemba, alors VPM à la Défense, un bulldozer avait défoncé la concession de l’ex-président Joseph Kabila pour ouvrir un passage.
En réaction, le Mlc à travers son porte-parole, Me Raphaël Kibuka, a invité l’ex-Première Dame à « faire preuve de mesure et de responsabilité » dans ses propos. Le parti de Bemba ne cache pas cependant son indignation face aux allégations de l’épouse du prédécesseur de Félix Tshisekedi mettant en cause son leader. Le MLC encourage “Mme Kabila à saisir la justice contre les responsables de cet acte”. De manière claire, le parti condamne avec fermeté « ce qu’il qualifie d’attaque ignoble de la résidence de l’ancien président de la République ».
Olive Lembe Kabila n’a pas manqué aussi d’interpeller de vive vox les autorités sur la menace que représente la milice “FP” présumée affiliée à l’UDPS : « Je vais interpeller les autorités par rapport au danger que représente cette milice de l’UDPS entretenue malheureusement (…) il s’agit apparemment d’un service parallèle qui opère en lieu et place de l’État. Ça n’honore pas la République ».
Selon Adam Shemishi, le conseiller en communication d’Olive Lembe Kabila, « Les forces du progrès voulaient forcer l’entrée à GLM alors que l’ex-Première dame s’y trouvait, ce qui a justifié les tirs entendus ». Plus loin, un autre témoin affirme avoir aperçu un mouvement des jeunes sur le boulevard colonel Tshashi : « J’étais au secrétariat général de l’ESU, j’ai vu un groupe de jeunes traverser le boulevard Tshatshi en prenant la direction du fleuve Congo hôtel ».
Quelques mois avant, la résidence privée de Kabila fils avait déjà été faiblement vandalisée par des individus se réclamant du régime Tshisekedi, un acte condamné par les proches de l’ex-président.
La Force du progrès est souvent présentée comme une milice traquant les voix discordantes au pouvoir. En mai 2023 lors d’une marche de l’opposition, l’épiscopat congolais avait dénoncé une milice visiblement entretenue, collaborant parfois avec la police pour traquer les adversaires politiques et les citoyens critiques envers la gouvernance actuelle. Les images des civils armés, tirant sur les manifestants avaient écœuré les prélats catholiques. 48 heures après, la CENCO déplorait qu’il y avait eu une répression ignoble et sauvage infligée aux participants à la marche, y compris aux mineurs.
L’Eglise catholique avait affirmé que certains éléments de la police étaient porteurs des outils de violence qu’ils échangeaient avec des individus en tenue civile. Parmi ceux-ci, a-t-il ajouté, certains portaient le dorsal B.S.U (Brigade spéciale de l’UDPS) de la “Force du progrès”, une branche du parti présidentiel.