Au Kongo central, Sakombi pour relancer le secteur pétrolier
Pour sa première tournée officielle depuis sa nomination, Sakombi avait des objectifs clairs : discuter avec les responsables des sociétés pétrolières établies au Kongo central et renforcer les bases d’un secteur clé pour le pays. Dès ses premiers échanges samedi 6 juillet avec le gouverneur Bilolo, il a réaffirmé le rôle stratégique de la région. « Le Kongo central est la première province productrice de pétrole brut et aussi plus de 50% de produits pétroliers ont comme porte d’entrée cette province[…] ». A l’occasion, Sakombi et le chef de l’exécutif provincial se sont également penchés sur des sujets cruciaux tels que le suivi du Fonds Moanda et l’instauration d’un Fonds pétrolier, montrant sa vision globale et proactive pour le développement de l’entité et de l’ensemble du secteur.
Par Patrick Mputu
publié le 9 juillet 2024 à 03:20:00
La journée marathon du membre de l’exécutif national s’est poursuivie avec une descente aux installations de la Société pétrolière de stockage Ango-Ango (SPSA COBIL). Accompagné par le directeur général, Michel Bourgois et le président du conseil d’administration, Thierry Monsenepwo, Sakombi a inspecté les infrastructures, s’informant au détail près sur leur fonctionnement. Avec ses quatre réservoirs « modernes », connectés à un système de gestion informatisé, la SPSA Cobil peut entreposer jusqu’à 26 000 mètres cubes de fluide. « Avec 24 mètres de hauteur, c’est le parc le plus élevé d’Afrique centrale », a vanté Bourgois. En réalité, la société est un hub stratégique pour l’expédition et la distribution des produits pétroliers en RDC et dans les pays voisins.
Ensuite, à la Société des pétroles du Congo (SEP CONGO), Aimé Sakombi Molendo a pris le temps d’écouter les préoccupations des responsables. SEP Congo exploite 358 kilomètres de pipeline reliant Matadi à Kinshasa, avec un débit de 2 500 mètres cubes et une capacité totale de stockage de 136 250 mètres cubes. Cependant, malgré une domination de 90 % du marché des logisticiens, la société n’est rémunérée qu’à hauteur de 46 % dans la structure des prix. « C’est une inadéquation. C’est le travail de SEP Congo qui rémunère tous les autres logisticiens », a déploré un responsable, exhortant le patron du secteur à corriger cette injustice.
Cette absence d’égalité met à mal la trésorerie de l’entreprise, qui affiche des créances globales de 122 millions de dollars, dont 28 millions dus par l’État, 78 millions par les grandes sociétés commerciales et 15 millions par les entreprises de logistique. Fonctionnant en déficit depuis plusieurs années, SEP Congo fait face à des engagements urgents évalués à au moins 43 millions de dollars. L’un des responsables du terminal pétrolier a affirmé que le remède idéal, durable et stable réside dans l’application de la vérité des prix afin de supprimer le manque à gagner. « Vous êtes notre ministre et nous solliciterons votre aide à plusieurs reprises car nous sommes votre bras droit. Les limites de cette approche ont été démontrées par les dysfonctionnements, et nous sommes presque en cessation de paiement », a-t-il tranché, sur un ton empreint de déception.
Propriétaire de 44,40 % des actions de la SEP CONGO, l’État congolais, par l’intermédiaire de Sakombi, a noté les propositions, espérant améliorer la situation financière de l’entreprise, telles que le paiement urgent des 28 millions de dollars de Manque à gagner (MAG) et l’augmentation de la rémunération dans la structure de prix Ouest. Ces mesures visent à solidifier la position de la SEP Congo et à optimiser son fonctionnement.
La dernière entreprise visitée à Matadi fut Lerexcom Petroleum SA, où le numéro un des Hydrocarbures a demandé aux responsables de soumettre leurs requêtes à son cabinet à Kinshasa. Avant de poursuivre son chemin, Sakombi a fait le tour des installations industrielles, démontrant une fois de plus son engagement pour un secteur pétrolier performant et transparent.
En route pour Moanda, une escale à Oritrans Logistics à Boma lui a permis de dresser un état des lieux du transport des produits pétroliers. Enfin, à son arrivée dans la cité balnéaire – la nuit tombée, le ministre s’est rendu au poste frontalier d’Incat, accueilli par une foule enthousiaste brandissant les drapeaux de sa formation politique. Amina Panda, l’administratrice du territoire a informé le patron des Hydrocarbures des méthodes de contrebandiers, qui causent d’importantes pertes financières à l’État. Résoudre ce problème serait un grand pas pour Sakombi Molendo dans son ambition de faire des hydrocarbures un moteur puissant du développement du pays. « Plusieurs importateurs de pétrole échappent au fisc. Certains passent de l’autre côté pour sortir directement par des villages. Nous souhaitons que vous réglementiez le secteur », a-t-elle plaidé auprès du ministre.
Cette journée « hyper chargée » s’est achevée par une réunion bilatérale à la Socir, ponctuée par d’échanges fructueux et de visites stratégiques. Opérationnelle en 1963, l’établissement possède le plus grand parc d’Afrique centrale. Bien que le raffinage ait cessé à la fin des années 1990, l’entreprise continue ses activités dans les domaines du stockage et du transport.
Les premières indications de cette tournée sont sans équivoque. Sakombi Molendo incarne une vision ambitieuse et capable de relever les hydrocarbures, l’un des pivots de l’économie congolaise. Chaque rencontre avec les cadres de direction, chaque visite de terrain, a fixé le membre de l’exécutif Suminwa sur ses objectifs de développement énergétique et économique.
« Le dialogue est le maître mot ». C’est ainsi que le cardinal Fridolin Ambongo a conclu dimanche, son homélie à la cathédrale Notre-Dame du Congo. Une messe particulièrement attendue, car il s’agissait de la première célébrée par le prélat depuis l’incursion du M23 soutenu par le Rwanda à Goma. « Notre nation est en danger, ne perdons pas de temps si nous voulons sauver le Congo », a-t-il éveillé, son regard scrutant la foule.
Les lignes bougent. Réunis jeudi à Strasbourg, les députés européens ont majoritairement voté la résolution sur l’agression rwandaise contre la RDC. Proposé collectivement par les groupes The Left, S&D, Renew, PPE, Verts/ALE et ECR, le texte exige la suspension de l’accord minier de l’Union européenne avec le Rwanda, le gel de l’aide militaire et le retrait des troupes rwandaises du territoire congolais.