C’est la retraite d’une voix historique. Après 23 années de dévouement et de journalisme de qualité, Kamanda Wa Kamanda Muzembe, l’une des voix emblématiques de Radio france internationale (RFI) en RDC, a tiré samedi son dernier trait sur les ondes. Reporter chevronné, connu pour sa rigueur et son engagement, il laisse derrière lui une carrière marquée par une passion indéfectible pour l’information et la vérité.
Kamanda Wa Kamanda Muzembe, journaliste chevronné de RFI prend sa retraite après 25 ans de collaboration @Photo Droit tiers.
Kamanda Wa Kamanda a débuté sa collaboration avec RFI en 2001, à une époque où la RDC traversait des turbulences politiques et sociales. Rapidement, il s’est imposé comme une figure incontournable du paysage médiatique congolais, couvrant des événements majeurs tels que les élections, les crises humanitaires et les conflits armés. « J’ai commencé en 1991, j’ai collaboré avec cette radio pendant une dizaine d’années. C’est pour moi le début des reportages. Jusqu’à ce que je sois approché par RFI, par Jean-Karim Fall, Christophe Boisbouvier et Ghislaine Dupont. Nous sommes au début de juillet 2001 et je commence à travailler pour RFI. C’est pour moi une consécration. À partir de là, je ne pouvais plus travailler pour un autre média concurrent et c’est donc le début de plus de deux décennies de collaboration », a-t-il témoigné.
Son travail a toujours été guidé par une éthique journalistique irréprochable, faisant de lui une source fiable pour les auditeurs de la radio mondiale. L’homme de média connaît une ascension dans sa carrière internationale. « Que ce soient les 10 années à Africa N°1 et mes nombreuses années à RFI, c’est surtout beaucoup de reportages. J’ai été partout à l’intérieur du pays, je suis même allé dans d’autres pays africains, mais aussi en Europe, en Asie. J’ai aussi couvert tous les régimes en place depuis Mobutu et des conflits. Plusieurs fois, je me suis rendu dans des zones en guerre, des zones de combats. Et j’ai rencontré des grands hommes. J’ai connu tous les dirigeants du pays, même ceux d’aujourd’hui. Ces deux médias m’ont permis de quitter le carcan du Congo pour être suivi dans le monde entier », explique-t-il.
Sa voix, reconnaissable entre toutes, a su captiver des millions d’auditeurs, non seulement au Congo-Kinshasa mais aussi à travers le monde francophone. Ses reportages ont souvent été salués pour leur profondeur, pertinence, richesse et surtout leur humanité, reflétant les réalités complexes du Congo avec une objectivité et une empathie rare.
Parmi ses souvenirs les plus marquants, Kamanda évoque des moments de tension et de danger. C’est à Kisangani pendant l’avancée de l’AFDL à la fin des années 1990. L’armée de Laurent-Désiré Kabila est aux portes de la ville, on nous dit qu’ils sont déjà dans les bananeraies alentours. Des militaires nous demandent, avec un autre journaliste, d’aller à l’aéroport rapidement pour prendre l’avion et ne revenir que le lendemain. Finalement, l’AFDL prend la ville très rapidement et nous ne sommes jamais revenus à Kisangani. Je me souviens aussi des camps de réfugiés rwandais vers Goma en 1994, je les avais visités avec le Premier ministre Léon Kengo. Ce sont des choses qui me marquent encore aujourd’hui, a-t-il raconté.
Il n’a pas seulement été un reporter mais aussi un témoin privilégié des transformations de la RDC. De l’ascension et la chute des dirigeants politiques aux drames quotidiens des citoyens ordinaires, Baudouin relatait l’histoire du pays avec une clarté et une précision qui ont enrichi la compréhension du public international.
Au-delà de ses compétences professionnelles, Kamanda est également reconnu pour son intégrité et son humilité. Ses collègues louent son approche collaborative et son mentorat envers les jeunes journalistes, contribuant ainsi à la formation de la prochaine génération de reporters congolais.
La retraite de Kamanda marque la fin d’une époque pour RFI en RDC. Son départ laisse un vide que beaucoup considèrent comme difficile à combler. Derrière lui, deux jeunes, tout aussi talentueux, Pascal Mulegwa et Patient Ligodi, ont pris le relais. Toutefois, son héritage continue d’inspirer et son influence persistera au sein de la communauté journalistique congolaise et au-delà.
À l’aube de cette nouvelle étape de sa vie, Kamanda Wa Kamanda peut se retirer avec la satisfaction d’avoir accompli une carrière exceptionnelle. Peu parviendront à égaler son modèle de journalisme rigoureux et humain. Pour les auditeurs de RFI, sa voix restera à jamais gravée dans les mémoires, car il était, à leurs yeux, le symbole d’une information digne de confiance et d’un engagement sans faille pour la vérité.
Même à la retraite, Kamanda reste profondément attaché à l’information. « Oui, je ne vais pas me couper de l’information. J’ai passé toute ma vie dans l’information, pourquoi me couperais-je de l’information alors que je prends ma retraite ? Au contraire, je dois continuer à m’informer. D’autant plus que j’écris un livre sur ma carrière ! », promet-il. Baudouin Kamanda quitte le devant de la scène journalistique, mais son héritage et son influence perdureront.