Mis à l’index par la gouverneure de la Banque centrale du Congo (BCC), Kabedi Malangu qui a interdit toutes les banques de lui prêter le moindre centime, le gouverneur sortant de la ville de Kinshasa, Gentiny Ngobila Mbaka a eu l’idée de recourir à la Société financière et de développement pour solliciter un emprunt que son successeur de l’UDPS Daniel Bumba va devoir payer. Drôle.
Gentiny Ngobila, le gouverneur sortant de la ville de Kinshasa @Photo Droits tiers.
Ngobila supplie, en effet, le DG de Sofide d’accorder à la ville de Kinshasa, un découvert bancaire de près de 19 milliards de FC (18 724 021 702 francs exactement) soit environ près de 7 millions $US pour assurer les indemnités de sortie et apurer les arriérés de salaires de février, mars et avril des membres de son cabinet et ceux de l’exécutif provincial de Kinshasa. Écrite depuis le 31 mai, la lettre de Ngobila n’a été réceptionnée que le 3 juin 2024 à la Sofide. L’on s’imagine combien Ngobila et les siens ont dû hésiter pour finalement se décider en toute kinoiserie “totindela ye kaka, après tout eza banque tsé, momie wana ya banque centrale akotimbela tsè”. Traduire, “envoyons-lui la lettre, la Sofide n’est pas une banque commerciale. La gouverneure de la Banque centrale ne s’en rendra pas compte”.
La correspondance de Ngobila a quand même de quoi séduire. Le gouverneur sortant de la capitale veut aussi payer les impôts professionnels sur les revenus de son administration dont elle s’est toujours montrée réfractaire. Au matin du 5 juin 2024, le DG de la Sofide n’avait toujours pas donné suite à la lettre-complainte du gouverneur sortant de la ville de Kinshasa. Gentiny Ngobila, le moins que l’on puisse dire est qu’il a subi une véritable douche froide au sein de l’Union sacrée qu’il a malignement rejoint pour sauver son poste en 2019. Malgré une dizaine d’élus à la Chambre basse du Parlement, son parti ACP n’a même pas eu droit à un poste de vice-ministre ou même ministre délégué dans le gouvernement Suminwa que d’aucuns appellent déjà Taz Bolingo, en référence à une formation musicale composée uniquement des femmes des années 90.
Pour rappel, Gentiny Ngobila a lui-même été écarté des élections par la CENI pour fraude avec outrance. Le Gouv sortant détient encore le plein pouvoir, la signature comme on aime à le dire, pour engager la ville de Kinshasa. L’entrant Daniel Bumba le sait-il? Sait-il qu’au nom du principe de la succession de l’État ou de l’administration, il va devoir payer “tous les pots cassés” par son prédécesseur ? Que fait-il pour se prémunir de toutes les dérives financières de l’administration sortante ? Ngobila aurait hérité de Kimbuta Yango André près de 60 millions $US de dettes, a-t-on appris. Selon le président honoraire de l’Assemblée provinciale de Kinshasa, Godé Mpoy, Kinshasa accuserait une dette de plus de 150 millions $US. Présentement, plus aucune banque commerciale, même la Sofibanque souvent ouverte à de tels deals, n’est autorisée à prêter de l’argent à l’administration Ngobila, sur recommandation de la Banque centrale du Congo (BCC).
Kabedi Malangu a, dans une correspondance, fin septembre 2023, adressée au président de l’Association congolaise des banques (ACB), informé que la ville de Kinshasa et son gouverneur, Gentiny Ngobila, sont « remis à l’index » sur demande de la banque TMB. En inscrivant Kinshasa et ses autorités sur la liste noire des banques, la gouverneure Malangu Kabedi a invité les banques et autres établissements de crédit de « s’abstenir de leur offrir les services et facilités ». Elle leur a recommandé de « rejeter toute demande portant sur les opérations de change et de crédit » au nom de Kinshasa et de la part de ses dirigeants.