Le ministère des Ressources hydrauliques et électricité annonce un don de la Banque africaine de développement (BAD) de l’ordre de 85 142 495 376 FC, soit 33 809 513 $US, au taux budgétaire de 2518,3$/FC à la RDC. Ce financement sera affecté au Projet multinational d’interconnexion des réseaux électriques des pays de lacs équatoriaux du Nil, mieux connu sous son sigle anglais NELSAP. Mais seule crainte, les fonds des bailleurs internationaux n’arrivent toujours pas aux échéances convenues.
La ligne haute tension Inga-Kinshasa @Photo Droits tiers.
Le coût total du projet Nelsap évolue au fur et à mesure que le projet avance et subit également des effets de la dépréciation des monnaies du prêt ou du don, -bien souvent, le yen japonais, le FCFA- par rapport aux monnaies par lesquelles différents contrats ont été établis- le dollar ou l’euro. L’objectif de ce projet est d’améliorer les conditions de vie des populations ainsi que la qualité du cadre de développement économique et social des pays membres de l’Initiative du bassin du Nil (IBN) par la disponibilité accrue d’une énergie électrique à coût abordable ou encore améliorer l’accès à l’électricité dans les pays de l’IBN par l’accroissement des échanges transfrontaliers d’énergie et de puissance. Le Nelsap devrait également contribuer à réduire le prix de l’énergie électrique dans les pays concernés, à attirer les investissements et à renforcer la compétitivité mondiale.
L’interconnexion des réseaux permettra également de partager les réserves de capacités et de faire des économies d’échelle, ce qui favorisera la mise en place de centrales hydroélectriques de grande envergure dans la région.
Les États bénéficiaires du projet Nelsap sont les pays des lacs équatoriaux du Nil, à savoir; le Burundi, le Kenya, l’Ouganda, la République démocratique du Congo et le Rwanda. Le Nelsap a prévu la construction des lignes Gisenyi-Goma et Buhandahanda-Goma ainsi que du poste de Goma II. Après la ligne 220 kV Gisenyi-Goma, le projet devrait se poursuivre avec la ligne Buhandahanda – Goma. Mais Nelsap fait face à de nombreuses difficultés notamment sécuritaires, ainsi que la libération tardive et irrégulière des fonds non seulement par les bailleurs dont la Banque mondiale, la BAD, l’Allemagne, le Canada, les États-Unis, la Finlande, la Grande-Bretagne, la Norvège, etc., les Pays-Bas, la Suède mais aussi par les États membres.
Pour l’exercice 2024, la RDC ne consent à contribuer qu’à hauteur 120 000 $US comme contrepartie à chaque projet d’électricité interne ou régional. Il s’agit notamment de la réalisation des lignes de transport d’énergie électrique et réseaux associés à la centrale hydroélectrique de Kakobola qui découle de l’accord de crédit du 28 mai 2015 signé entre la RDC et Exim Bank of India, l’électrification des cités d’Aru et Ariwara, en Ituri, etc., Nombre de projets sont totalement pris en charge par des partenaires extérieurs comme le Projet d’appui à la gouvernance et à l’amélioration du secteur électrique (PAGASE) soutenu par un don de la BAD de près de 55 millions $US.
Il n’est pas que la RDC qui bénéficie de l’assistance financière de la BAD dans le cadre du Projet multinational d’interconnexion des réseaux électriques des pays de lacs équatoriaux du Nil, le Burundi disposera au 31 décembre 2024, date prévue du dernier décaissement, d’un montant maximum de 14 700 000 €. Ces fonds servent essentiellement à combler le déficit de financement du projet d’interconnexion électrique des pays des Lacs équatoriaux du Nil.
Pour mémoire, le projet initial Nelsap consistait à construire 769 kilomètres de lignes de transport d’électricité de 220 et 110 kV et 17 transformateurs pour interconnecter les réseaux électriques des pays des lacs équatoriaux du Nil afin d’améliorer les échanges d’énergie entre ces pays. Ce financement supplémentaire permettra de réaliser la construction d’une nouvelle ligne à 220 kV Kamanyola – Bujumbura qui implique la construction à Bujumbura d’un nouveau poste 220/110/30/10 kV qui n’était pas initialement prévu dans le projet.
Créée en 1999, cette initiative a pour objectif principal de «promouvoir la coopération régionale entre les pays du Bassin du Nil sur le partage équitable des avantages provenant de l’utilisation rationnelle des ressources communes du fleuve Nil et la cohabitation pacifique des États et des populations». En matière énergétique, la RDC peut tirer un meilleur profit de plusieurs projets de l’IBN qui se tournent vers le barrage hydroélectrique d’Inga. Le programme de la vision commune ambitionne de créer un environnement porteur, favorable aux investisseurs et aux activités sur le terrain.
Actuellement, huit projets constituent ce programme, comme l’action environnementale transfrontalière (NTEAP), les échanges énergétiques, l’utilisation efficace de l’eau pour la production agricole, la gestion et la planification des ressources d’eau, le développement socio-économique et le partage des avantages…
Quant aux actions subsidiaires, elles se concentrent sur la vision partagée et la réalisation des possibilités de développement transfrontalier. Actuellement, vingt-six projets sont pilotés dans le cadre de l’ENSAP (Nil oriental) et du NELSAP (lacs équatoriaux). Le Bassin du Nil en territoire congolais, représente moins de 1% du territoire national, soit environ 22 000 Km2. Mais c’est plus que le Rwanda et le Burundi réunis. Le Nil congolais couvre les territoires de Rutshuru, Beni et Lubero (Nord-Kivu), et d’Aru, Mahagi, Djugu et Irumu (Province orientale). La contrée est arrosée par les eaux des lacs Edouard et Albert ainsi que celles de la rivière Semliki. Beaucoup de projets dans le cadre de la vision commune sont en exécution en RDC, d’autres sont à l’étude (actions subsidiaires). Dans le domaine énergétique, deux projets sont en cours : le projet régional du commerce de l’énergie et le projet d’interconnexion des réseaux électriques du NELSAP. Il s’agit de renforcer la ligne Ruzizi-Goma, construire la ligne Kiliba-Bujumbura (19 km/110 Kv) et la ligne Goma-Mukungwa (69 km/110 Kv). Le coût approximatif du projet d’interconnexion, côté RDC, est évalué à plus de 10 millions de dollars. Six autres projets d’électricité pour le pays sont en cours d’étude. Ils sont estimés à plus de 800 millions de dollars. La RDC, qui a pris du retard dans la gestion des eaux, s’est engagée également à se doter d’un code national de l’eau qui intègre cette nouvelle démarche régionale.