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Tiktok en RDC, le pré des dérives des influenceuses

Ailleurs, comme au Congo-Kinshasa, le métier de l’influence est sous le feu des projecteurs depuis quelques années. Avec l’avènement de nouveaux réseaux sociaux comme TikTok, le nombre d’influenceurs et de créateurs de contenus explose. Hélas, derrière les filtres et les poses impeccables se cachent parfois des comportements déconcertants, révélant les dérives d’une quête de visibilité.

Par Éric Kalemba

Plusieurs influenceurs sont des femmes. En partageant leur quotidien et leur vision de l’existence, elles ont créé un nouveau métier en dépit des dérapages @Photo Droits tiers.

publié le 22 mars 2024 à 03:04:00

TikTok, Instagram, Snapchat : ces plateformes sont devenues les terrains de jeu privilégiés des jeunes congolaises. Une visibilité qui les a rendues indispensables pour de nombreuses marques. Car grâce à leur notoriété, elles créent les tendances.

Pour certaines, ces canaux représentent bien plus qu’un simple lieu de divertissement comme l’a démontré Arcel Sita. Tiktok par exemple, a-t-elle témoigné, a donné un coup de pouce à son business. “Ce sont des outils de promotion de mes activités commerciales, un moyen de me présenter comme une femme d’affaires ambitieuse, une source d’inspiration et de motivation pour les autres. Auparavant, j’appelais les clients au téléphone pour communiquer mes arrivages. Mais avec Tiktok ou Instagram, je n’ai qu’à prendre des photos ou faire des vidéos de ma marchandise et le tour est joué. Je me contente d’afficher mes produits et l’adresse de ma boutique tout en restant vigilante aux mauvaises influences. Je pense que c’est le bon côté de Tiktok”, a commenté la businesswoman depuis la commune de Kintambo.

– Les travers et dérives –

Cependant, une ombre plane sur ce tableau idyllique. Si quelques-unes se distinguent par leur entrepreneuriat et innovation, nombreuses sont celles qui se perdent dans les méandres de la superficialité. Entre rivalités exacerbées et exhibitionnisme, certains comportements attestent d’une recherche effrénée de validation sociale, au détriment parfois de leur dignité.

Abasourdie, Charlotte Kabemba s’est indignée de la manière dont beaucoup de filles se livrent à la prostitution à ciel ouvert par le biais de cette technologie. Elle a avancé qu’entre les querelles publiques et les tentatives désespérées de séduction, certaines n’hésitent pas à sacrifier leur intégrité pour gagner quelques likes de plus.

L’exhibition de leur corps devient alors un moyen de se démarquer dans un océan de contenus, au risque de compromettre leur image et leur estime de soi. J’ai vu les Chinois et d’autres occidentaux utiliser Tiktok pour montrer au monde comment fabriquer des babouches, des cahiers et beaucoup d’autres choses. Mais dès que tu tombes sur les pages congolaises, c’est X qui a insulté, c’est Y qui a publié ses parties intimes dans l’idée de trouver un prince charmant saoudien, libanais ou encore européen. Pensez-vous que les hommes riches que vous cherchez sur les réseaux sociaux en exposant vos parties intimes auront d’autres opinions de vous si ce n’est pas vous utiliser et après balancer vos vidéos?, s’est-elle interrogée.

Dubaï, Lagos, Brazzaville et même Zanzibar sont les destinations fréquemment visitées par les influenceuses congolaises. Les unes pour des affaires et d’autres pour le business de sexe. Plusieurs peuvent aller jusqu’à mettre leurs enfants en danger. Derrière leurs comptes, se cachent des commerces lucratifs dans lesquels les enfants deviennent des appâts.

– Vers une réflexion collective –

Face à ces dérives, il est urgent de s’interroger sur le rôle et la responsabilité des influenceuses dans la société congolaise. Au-delà des apparences, il est crucial de valoriser des modèles positifs, des femmes qui utilisent leur influence pour promouvoir des valeurs de respect, d’émancipation et de dignité. “En encourageant l’émergence d’une influence positive, nous pourrons redonner aux réseaux sociaux leur véritable vocation : celle de créer des liens, d’inspirer et de transformer positivement la société. Car au cœur de Kinshasa émerge une jeunesse ambitieuse et créative, prête à faire entendre sa voix dans un monde en perpétuelle évolution”, a soutenu Jeanine Kasongo, activiste des droits des femmes.

L’application « TikTok » est un service de « Bytedance », une entreprise de technologie numérique fondée en 2012 par Zhang Yiming et domiciliée à Pékin. Ce réseau fournit une plateforme impressionnante aux personnes qui souhaitent devenir célèbres avec la possibilité d’en tirer un revenu.

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