Depuis deux ans, plus d’1,5 million de personnes ont été contraintes de fuir leurs foyers en raison des combats qui opposent les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23), une milice soutenue par l’armée rwandaise à l’armée congolaise avec ses supplétifs Wazalendo.
Un camp de réfugiés dans la partie Est de la RDC @Photo Droit tiers.
Les combats se sont intensifiés depuis le début de l’année 2024. “Cette crise se caractérise par une abondance d’acteurs armés dans le conflit, un déplacement à grande échelle et un nombre croissant de personnes ayant besoin d’une aide humanitaire”, résumait fin février une note de l’Organisation internationale des migrations (OIM).
Une catastrophe humanitaire de plus dans une région déjà ravagée par 30 ans de conflits. Les centaines de milliers de civils qui ont quitté leurs terres et leurs villages, vivent désormais dans des camps de fortune, près de Goma notamment, la capitale du Nord-Kivu. C’est là que s’est réfugié l’abbé Faustin Mbara, curé de la paroisse de la Divine Miséricorde de Saké, cité située à une vingtaine de kilomètres. Le presbytère de son église a été réduit en cendres par les rebelles.
Dans ce contexte difficile, les chrétiens du camp s’apprêtent néanmoins à vivre la passion du Christ avec l’espérance de la résurrection en ce vendredi Saint, jour de la passion du Seigneur Jésus- Christ (Jn 18, 1 – 19, 42). Jésus dit : “Tout est accompli. Puis, inclinant la tête, il remit l’esprit”.
Suivez ci-dessous l’interview du curé de Saké, qui vit désormais dans un camp de réfugiés à Goma.
Vatican News : Quel sens spirituel donnez-vous à cette épreuve pour tous ces gens ?
Faustin Mbara : Le Seigneur est en train de passer dans notre vie à travers les événements que nous pouvons lire. C’est vraiment le passage de Jésus dans notre vie qui nous invite à la conversion, au vivre ensemble et surtout à l’humilité. En ce Vendredi Saint, on constate justement la mort de Jésus-Christ pour ce peuple. Mais ce peuple est encouragé par la parole de Dieu, par l’évangélisation pour qu’il ne perde pas la foi. Aujourd’hui, ce que vivent les gens dans l’est de la République démocratique du Congo, c’est aussi un chemin de croix. Chaque vendredi, nous venons ici au camp pour faire le chemin de croix et nous leur disons que nous sommes en train de passer par le chemin de croix et ainsi nous devons prendre cette souffrance et l’unir à la souffrance de Jésus.
Que signifie se préparer à Pâques dans ce contexte de guerre?
L’insécurité dans notre région, cela dure depuis plus de 30 ans. Et moi, je suis prêtre depuis 2001. C’est vraiment quelque chose que je vis presque chaque année. Cette année cependant la situation est particulièrement terrible, on a fui, on a quitté les paroisses. Il y a d’autres prêtres qui sont encore dans leur paroisse malgré tout. Mais tout ce qui se passe, c’est comme une crise oubliée. On ne se soucie pas de cette situation de l’Est comme on se soucie de la situation de Gaza ou de l’Ukraine.
Qu’attendent les gens que vous côtoyez du message pascal ?
Ils attendent justement un message de réconfort, un message de victoire. Ceux que je côtoie justement, je leur dis que cette souffrance sera passagère et nous vaincrons un jour comme le Christ a vaincu la mort. S’il faut résoudre la crise, alors qu’on la résolve jusqu’à la racine, et que nous puissions vivre dans la paix comme les autres pays. Pourquoi pas?
Vatican News avec Ouragan