Les élections législatives en Inde se dérouleront à partir du 19 avril, a annoncé samedi la Commission électorale, le Premier ministre nationaliste hindou Narendra Modi faisant figure de favori pour être reconduit à la tête de la plus grande démocratie du monde.
Le commissaire électoral en chef de l’Inde Rajiv Kumar (au centre) s’exprime lors d’une conférence de presse à New Delhi le 16 mars 2024. – la commission électorale indienne a annoncé le 16 mars que les scrutins nationaux commenceraient le 19 avril, avec le Premier ministre hindou-nationaliste Narendra Modi favori pour remporter un troisième mandat dans la plus grande démocratie du monde @Photo de Sajjad HUSSAIN / AFP.
La date du 19 avril a été retenue pour la première phase du scrutin, qui s’étendra sur plusieurs semaines, la phase finale étant fixé au 1er juin, a annoncé le président de la commission, Rajiv Kumar, lors d’une conférence de presse.
Les résultats seront recensés sur tout le pays le 4 juin, et sont généralement annoncés dans la foulée.
Au total, 970 millions d’Indiens seront appelés à élire les 543 membres de la chambre basse, soit plus que la population totale des Etats-Unis, de l’Union européenne et de la Russie réunis, dans le plus grand exercice démocratique au monde.
Selon les chiffres de la commission électorale, 1,05 million de bureaux de vote seront opérationnels, employant 15 millions d’agents électoraux
Les fonctionnaires devront acheminer les bulletins de vote à dos de chameau dans l’État largement désertique du Rajasthan, à dos de mulet et de yak dans les régions montagneuses du nord, ou à dos d’éléphant dans les régions boisées pour s’assurer qu’aucun électeur ne soit laissé de côté dans cet exercice gigantesque.
Il s’agit du plus grand exercice logistique en temps de paix au monde, déclarait début mars M. Kumar.
Beaucoup considèrent la reconduction de M. Modi pour un troisième mandat d’ores et déjà acquise, en raison à la fois de la forte popularité du Premier ministre plus d’une décennie après son entrée en fonction et de règles du jeu manifestement inégales.
L’opposition a été handicapée par des luttes intestines mais aussi, selon les défenseurs des droits, par des enquêtes judiciaires à motivation politique visant à entraver tout adversaire du parti Bharatiya Janata (BJP) au pouvoir.
Narendra Modi, 73 ans, et son parti nationaliste hindou ont déjà commencé une campagne non officielle, cherchant à répéter leurs victoires écrasantes de 2014 et 2019.
En janvier, M. Modi a présidé l’inauguration d’un grand temple dédié à la divinité Ram à Ayodhya, bâti sur le site d’une mosquée vieille de plusieurs siècles réduite à l’état de ruines par des fanatiques hindous en 1992.
La réalisation de ce temple, qui satisfaisait un vieux souhait de militants hindous, a été célébrée dans toute l’Inde, notamment grâce à une ample couverture télévisée et des festivités publiques.
– Une opposition divisée –
Le Congrès, principal parti d’opposition, qui a dirigé la lutte pour l’indépendance de l’Inde et gouverné ensuite le pays presque sans interruption pendant des décennies, n’est plus que l’ombre de lui-même et ne participe plus au pouvoir que dans trois des 28 Etats du pays.
Ses dirigeants ont cherché à constituer une alliance de plus de deux douzaines de partis régionaux pour présenter un front uni contre le poids électoral lourd bien huilé et bien financé du BJP.
Mais des différends au sein du bloc sur les accords de partage des sièges ont conduit à la défection d’un de ses membres au profit du gouvernement, et à une incapacité d’entente sur le choix de son candidat au poste de Premier ministre.
Rahul Gandhi, 53 ans, – figure la plus éminente de l’opposition dont le père, la grand-mère et l’arrière-grand-père ont tous été Premiers ministres – est par ailleurs visé par une dizaine de procédures judiciaires qui font lentement leur chemin, les responsables du BJP l’accusant depuis des années de diffamation.
Il avait été suspendu du Parlement l’an dernier en lien avec une de ces affaires.
Son parti a également indiqué en février que ses comptes bancaires avaient été gelés par le département des impôts dans le cadre d’une enquête en cours sur sa déclaration de revenus d’il ya cinq ans.
Présenté par M. Modi comme déconnecté de la réalité indienne, M. Gandhi a cherché à se rapprocher de la population en organisant deux marches à travers le pays.
Il accuse le gouvernement d’un certain recul démocratique et fustige ses appels à la foi majoritaire de l’Inde, au détriment d’importantes minorités, dont 210 millions d’Indiens musulmans, s’inquiètent pour leur avenir.
Mais après deux défaites successives contre M. Modi, rien n’indique que ses efforts pour entamer la popularité du Premier ministre soient couronnés de succès.
Une enquête Pew de l’année dernière indiquait que M. Modi était perçu favorablement par près de 80% des Indiens.
Selon un sondage réalisé en février auprès des électeurs urbains par YouGov, le BJP remporterait les élections avec 47% des voix, le Congrès arrivant en deuxième position avec 11% seulement.
Par Sean GLEESON et Abhaya SRIVASTAVA/Afp