“Toutes les routes sont impraticables, on est habitué à souffrir…” Comme pour Albert Muganguzi, qui transporte des casiers de bière dans son camion, circuler dans l’est de la République démocratique du Congo relève de l’exploit, entre chemins défoncés, ponts cassés, bandits, groupes armés et tensions régionales.
Des villageois traversent un pont en bois de fortune construit sur la rivière Shange après l’effondrement du pont sur la route nationale numéro 5, dans le village de Sange, province du Sud-Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo, le 29 février 2024. Les transports à destination de Bujumbura, la capitale économique burundaise située en face d’Uvira, à la pointe nord du lac Tanganyika, doivent eux aussi s’arrêter brusquement au bord du fleuve, tandis que d’autres véhicules prennent le relais sur la rive opposée @Photo de Glody Murhabazi / AFP.
publié le 5 mars 2024 à 18:33:52
Le camionneur est un habitué de la route nationale 5 entre Bukavu et Uvira, les deux principales villes du Sud-Kivu, distantes d’environ 120 km et adossées au Rwanda pour la première, au Burundi pour la seconde. Un cauchemar.
Une bonne partie est asphaltée mais le revêtement date de la période Mobutu (1965-1997) et souffre d’un délabrement très avancé, avec multiples nids de poule et plaques de goudron disparues.
Les ponts qui enjambent les rivières sont le plus souvent vétustes et ne résistent pas au passage de véhicules trop lourds ou à la violence des flots gonflés par des pluies tropicales.
Fin février, le pont sur la rivière Shange a été emporté. Albert a essayé de passer à gué mais s’est embourbé et retrouvé coincé. “Ça fait trois jours que je suis bloqué ici”, dit-il à l’AFP.
Au volant de son camion Howo en provenance d’Uvira, qui transporte des tonnes de vies, poissons et autres, Nathanaël Kanune est bloqué lui aussi depuis trois jours, au milieu d’une file d’attente de dizaines de véhicules. “La marchandise va pourrir, elle ne va pas résister longtemps”, se désole le routier.
Faute de pont, les véhicules de transport en commun circulant jusqu’à Bujumbura, la capitale économique burundaise située en face d’Uvira, à la pointe nord du Lac Tanganyika, doivent aussi s’arrêter net au bord de la rivière. Sur la rive d’en face, d’autres véhicules attendent pour prendre le relais.
Entre les deux, les passagers débarqués se pressent et se bousculent sur une passerelle de bois bricolée par des jeunes du coin. “Doucement. Commencez-vous en ligne, sinon vous allez tous tomber!”, lance un agent de l’ordre.
Maman Dorothée Kabala, 65 ans, n’en peut plus. De retour d’une visite familiale à Bujumbura, elle attend depuis trois heures qu’une voiture vienne la chercher pour la conduire jusqu’à Bukavu. “La route est très mauvaise depuis Uvira… et maintenant ce pont qui s’est effondré !”, se lamente-t-elle.
– Passer par le Rwanda –
“Depuis que les frontières entre le Rwanda et le Burundi sont fermées, on souffre”, ajoute-t-elle. Le 11 janvier dernier, le Burundi a fermé sa frontière avec son voisin rwandais, qu’il accuse de soutenir le groupe rebelle RED-Tabara, qui avait lancé fin décembre une attaque meurtrière près de la frontière avec la RDC.
Depuis, plus moyen de rallye d’une traite Bujumbura à Bukavu en passant par les routes burundaises et rwandaises longeant la frontière avec la RDC, bien meilleures que les congolaises.
Ce type de contournement, adopté depuis des lustres par les habitants de cette région aux confins des trois pays, reste de mise sur certaines portions du trajet, de Bukavu jusqu’à Kamanyola par exemple.
“Je préfère passer par le Rwanda, parce que la route est bonne et sécurisée”, déclare Sammy Bisimwa, rencontré par l’AFP au bureau d’une agence de voyage de Bukavu.
Cet itinéraire permet notamment d’éviter la portion de la RN5 qui passe par “l’escarpement de Ngomo”, une quarantaine de km de piste serpentant dans des paysages splendides, montagneux et verdoyants, mais donnant des sueurs froides aux usagers.
Passer par le Rwanda “diminue un peu la souffrance, parce qu’une fois passé Kamanyola, c’est le chemin de croix qui commence”, ajoute Sammy, qui prévoit de se rendre jusqu’à Uvira. “La route qui passe par la plaine de la Ruzizi est délabrée, mais il y aussi l’insécurité, avec des vols, des braquages, des kidnappings”, énumère-t-il.
Anselme Kangeta, un habitant de Bukavu, ajoute que côté rwandais, il y a aussi moins de “tracasseries”, terme désignant généralement les bakchichs et autres taxes illégales quémandées par divers agents en uniformes.
“Juste un petit contrôle au service des migrations”, précise-t-il, alors que “sur la route Ngomo, les barricades des services de sécurité sont nombreuses, juste pour +tracasser+ les gens”.
Les relations entre la RDC et le Rwanda, en dents de scie depuis plusieurs décennies, sont pourtant au plus bas depuis la résurgence de la rébellion du M23 fin 2021 dans la province voisine du Nord-Kivu. Avec l’appui de Kigali, les rebelles se sont emparés de vastes pans de territoire, coupant pratiquement toutes les voies d’accès terrestres menant à la capitale provinciale Goma.
Kinshasa a expulsé l’ambassadeur rwandais en 2022 et menacé plus d’une fois de déclarer la guerre à “l’agresseur” rwandais. Mais les frontières et les routes restent ouvertes.
Le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau a annoncé mercredi 2 octobre avoir ordonné au préfet de Mayotte d’organiser des «vols groupés» pour reconduire les ressortissants de la République démocratique du Congo dans leur pays. «Dès ce mois d’octobre, le préfet de Mayotte, il en a l’instruction, organisera des vols groupés pour pouvoir reconduire les étrangers en situation irrégulière vers la République démocratique du Congo», a déclaré Bruno Retailleau à l’Assemblée nationale lors des questions au gouvernement, interrogé par la députée RN Anchya Bamana.
L’événement est organisé par le ministère de l’Environnement et développement durable avec l’appui de la FAO et d’autres partenaires comme le Fonds de l’environnement mondial (FEM). Le clou de cette activité a été le lancement de la phase de préparation du projet intitulé : “conservation communautaire de la biodiversité et des moyens de substance dans le contexte du changement climatique en RDC”.