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Enclavée, Minova, un condensé tragique du conflit congolais

Minova, 65 000 habitants et près de 300 000 déplacés, vit au quotidien sous la menace rebelle. Avec l’angoisse de ne pas pouvoir fuir cette ville enclavée, coincée entre le lac Kivu et les montagnes du Masisi.

La cité de Minova se vide de ses habitants. La vie devient intenable alors que les bruits de bottes ne sont plus loin @ Photo AFP.

publié le 15 mars 2024 à 20:59:24

Minova comme un condensé tragique de la guerre dans l’est de la République démocratique du Congo. Et un symbole de l’échec de l’Etat congolais, qui peine à endiguer la progression des rebelles du M23 (“Mouvement du 23 mars”), appuyés par des unités de l’armée rwandaise.

“S’il advient le pire (une attaque rebelle sur la ville), ils ne pourront pas fuir”, prévient Jean-Paul Kanku, chef de l’entité administrative qui régit Minova et 12 villages alentour. Depuis lundi, plusieurs embarcations avec des passagers civils ont essuyé des tirs après avoir quitté Minova, selon des sources locales.

Pour s’enfuir, seules restent des embarcations en bois, ou l’hélicoptère, pour les blessés les plus graves ayant pu être transportés jusqu’à la ville. Au nord, les affrontements interdisent tout déplacement. Au sud, la route nationale 2 est infranchissable, emportée à plusieurs endroits par des glissements de terrain. Dans le centre de Minova, des militaires et des bandes de miliciens errent dans la ville, arme en bandoulière, alors que des combats, sporadiques, se poursuivent dans les villages côtiers, à quelques kilomètres au nord.

En février, ils ont été chassés de leurs positions au bord du lac et dans les montagnes qui le surplombent. Ils sont aujourd’hui acculés, dans la baie de Minova, et toutes leurs voies de ravitaillement terrestres sont coupées.

“L’ennemi voit tout” –

“L’ennemi voit tout sur le lac”, explique Jean-Paul Kanku, qui redoute désormais un assaut du M23 sur la ville. Depuis mi-2022, les rebelles étendent leur emprise sur la province du Nord-Kivu et installent leur propre administration dans les zones qu’ils contrôlent. Ces dernières semaines, ils progressent à toute vitesse vers le nord, à environ 100 km de Minova, où ils se sont emparés de villes. Cette dernière tente tant bien que mal de contenir les colonnes rebelles.

Un responsable administratif à Minova, sous couvert d’anonymat, dénonce la participation “d’enfants de 12 et 13 ans” comme d’autres témoins ces dernières semaines, et les tirs d’artillerie ratés “qui tombent dans la ville”, aussitôt attribués, selon de nombreux témoignages, au M23, par les autorités militaires.

Depuis le 2 février, “nous avons reçu au moins 280 blessés de guerre”, explique le docteur Djibril Kasereka, chef du personnel de l’hôpital de Minova. Il ausculte le pied ensanglanté d’un militaire, blessé par balle, et se lamente à haute voix sur ses appareils de radiographie “à l’arrêt depuis que les rebelles ont coupé la ligne électrique”.

Dans la pièce, de très jeunes miliciens, des militaires, des civils, tous blessés par balle ou par des éclats d’obus. La morgue non plus ne fonctionne pas. Alors les corps se décomposent dans leurs sacs mortuaires, explique le Dr Kasereka, “avec tous les risques de contamination que cela entraîne”.

Tout manque ici. “Ce matin-même, nous avons demandé à Goma (la capitale provinciale) de nous envoyer par bateau des bandes, des perfusions, des cathéters, des anti-douleurs”.

– “Pas de médicament” –

Certains militaires blessés “nous menacent, disent qu’ils vont nous tuer”, poursuit un des cadres de l’hôpital. “Ils ne comprennent pas pourquoi ils ne reçoivent pas de médicament, mais en réalité, il n’y a pas de médicament!”. Ou si peu.

Médecins sans frontières (MSF) et le CICR (Comité international de la Croix-Rouge) soutiennent tant bien que mal le Dr Djibril Kasereka et ses collègues. Mais les besoins sont immenses, et les deux organisations sont déjà débordées par les centaines de blessés de guerre et les milliers de victimes de violences sexuelles, ayant afflué depuis le début de l’année dans les structures sanitaires de Goma (20 km au nord-ouest de Minova), chef-lieu du Nord-Kivu.

Le pasteur Euclide Bagalwa a vu son église, comme presque toutes celles de Minova, envahie par des centaines de déplacés, affamés, entassés, dans des odeurs de sueur et d’excréments. Ils n’ont plus rien.

En contrebas du bâtiment passe l’avenue principale. Le soleil frappe. Un garçon porte au dos un enfant mort, enroulé dans un pagne. Un autre, plus âgé, marche devant lui, la tête basse, une croix de branchages à la main, comme un petit cortège funéraire improvisé.

Des hommes en uniforme se battent sur le bas-côté. Au même endroit, quelques heures plus tôt, des militaires burundais, venus en renfort de l’armée congolaise, faisaient transporter leurs caisses de munitions par des enfants, sous le regard désapprobateur des habitants.

Depuis près de deux ans, les dizaines de milliers de soldats, de Casques bleus de l’ONU et de membres de groupes armés, recyclés sous l’appellation “wazalendo” (“patriotes”, en langue kiswahili), peinent à récupérer le moindre village. Goma, qui accueille aujourd’hui près d’un million de déplacés, est totalement encerclée. Seules voies de sortie: le lac, l’aéroport… et la frontière rwandaise.

Alexis Higuet/Afp

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