Un énorme gâchis. Avec cette mascarade électorale, Kadima a confirmé la thèse du complot, de la tricherie et de la fraude que l’opposition redoutait. Les élections qu’il a prétendues transparentes, ont été chaotiques. De quatre coins du pays, les Congolais sont unanimes : il s’agit d’une parodie d’élections. Jamais, un processus électoral n’a été si médiocre que celui piloté par Denis Kadima.
Denis Kadima accusé d’avoir organisé un simulacre d’élections @Photo Droits tiers.
Un milliard de dollars a été englouti pour des élections qui ne reflèteront jamais la vérité des urnes. La crainte de la société civile et de l’opposition sur un processus électoral en lambeaux est justifiée. Des dysfonctionnements terribles, des machines à voter en panne, des batteries déchargées, des câbles d’alimentation qui manquent, des générateurs qui ne fonctionnent pas, l’absence des listes électorales, l’omission de nombreux électeurs sur les listes électorales, des listes électorales truquées et incomplètes dans la plupart des bureaux de vote, la lenteur des agents électoraux qui n’ont pas été convenablement formés, des candidats soupçonnés de détenir illégalement des bulletins ou des machines à voter copieusement passés à tabac, des agents électoraux complices de la fraude pourchassés par la population… une véritable catastrophe. À ces graves manquements, il faut ajouter l’interdiction faite aux témoins des partis politiques de l’opposition et aux observateurs d’entrer dans certains centres et bureaux de vote, même lorsqu’ils sont en règle avec la loi, l’absence du personnel électoral suffisant dans plusieurs centres de vote, le remplacement brusque des agents CENI par des personnes sans qualité dans certains centres, bref l’allant Kadima a accompli sa sale besogne. Conséquence, certains bureaux de vote ont été saccagés et incendiés. Il a planifié le chaos, rappelle Fayulu. “Personne ne s’explique sur son entêtement à vouloir organiser à tout prix des élections alors qu’il savait que son institution n’était pas prête”, ajoute un prélat catholique. Aujourd’hui, le pays se trouve au bord de l’implosion suite à l’inconscience des membres de la CENI.
– la clameur publique –
Nombreux sont ceux qui pensent que la CENI a tout fait pour bâcler les scrutins. Pas surprenant que des ultracrépidaires se soient improvisés deux jours avant le vote pour accuser les autres de tricher. Ils étaient parfaitement au courant de ce simulacre d’élections et que la CENI ne pouvait jamais tenir ses engagements. Des candidats crient au scandale et exigent des poursuites judiciaires contre Denis Kadima pour haute trahison. Dans les rangs de la société civile, Kadima est également désigné comme le principal coupable. Le seul qui a bouché ses oreilles parce que missionné pour offrir aux Congolais les dirigeants qu’ils n’auront pas votés, hurle un acteur de la société civile. Et d’ajouter que “nul ne peut croire aux résultats tronqués de la CENI de lors que la majeure partie de bureaux n’ont pas ouvert”.
Des missions d’observation ont souligné plusieurs irrégularités dans leurs rapports. La Symocel parle de 7% des personnes qui n’ont pas voté le premier jour avant la publication de son rapport, ce qui est énorme dans un vote. Les Églises catholique et protestante alertaient déjà dès les premières heures que 35% des bureaux de vote n’étaient pas opérationnels. Dans son rapport de monitoring, la CASE renseigne que seuls 11% des bureaux de vote ont ouvert dans quelques villes et provinces dont Kinshasa, Lubumbashi et le Kasaï oriental ; 37% des bureaux de vote avaient manqué du matériel électoral pouvant permettre leur fonctionnement normal; 23% des bureaux de vote n’ont pas ouvert (jusqu’à 11h00 et 29% accusaient) un déficit en personnel électoral et équipements de votation.
– Une prolongation du vote en violation de la loi électorale et de la Constitution –
Sans froid aux yeux, Denis Kadima s’est permis de décréter la prolongation du vote en violation de la loi électorale et de la Constitution. “Les élections générales vont continuer jeudi pour les bureaux de vote qui n’ont pu ouvrir mercredi, a annoncé mercredi dans la soirée à la télévision publique”, le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). « Les bureaux qui n’ont pas du tout ouvert vont le faire jeudi », a confirmé M. Kadima, sans préciser le nombre de bureaux concernés. La CENI avait auparavant annoncé que les bureaux ayant ouvert avec retard fonctionneraient « durant 11 heures, comme le prévoit la loi, pour permettre à chaque électeur de voter ». Pour le prix Nobel, Denis Mukwege, Kadima prend un virage dangereux. “Il n’est pas au-dessus de la loi pour se permettre un tel privilège”, a-t-il expliqué. Déjà que le radical Fayulu avait prévenu qu’il rejetait tout vote ayant lieu en dehors du jour prévu dans le calendrier électoral. Dans une déclaration commune mercredi soir, quelques candidats présidents de la République ont rappelé à la CENI qu’il n’existe aucune dérogation possible au jour du vote. La dérogation ne concerne que “les heures d’ouverture et de fermeture”.
– Les résultats douteux –
Des voix s’élèvent au sein de la société civile pour accuser la Ceni d’avoir mis les Congolais devant un fait accompli. La CASE note par exemple que la Centrale électorale n’était ni préparée ni en capacité d’organiser les élections et demande au procureur général près la Cour de cassation de procéder à l’arrestation de tout le personnel politique et technique de la CENI pour haute trahison. “La ténacité de Kadima à organiser des élections bâclées trahit le schéma de la Centrale électorale à proclamer un vainqueur qui a été préalablement fabriqué dans les laboratoires”, peste un observateur électoral troublé par le désordre voulu par l’organisateur. Au regard de cette flopée de ratés, aucun candidat n’est prêt à accepter les résultats. Moïse Katumbi, le principal challenger de Tshisekedi a prévenu qu’il n’acceptera que les résultats affichés devant les bureaux de vote. Or, la plupart n’ont pas malheureusement fonctionné. Ce qui laisse planer le doute sur la transparence des scrutins.
– Cinq candidats appellent à l’annulation des élections –
À la tombée de la nuit après une journée marquée par la confusion, cinq candidats à la présidentielle, à savoir Martin Fayulu, Denis Mukwege, Théodore Ngoyi, Floribert Anzuluni et Nkema Lilo ont appelé le peuple congolais, la CENI, le gouvernement, la SADC, l’Union africaine et la communauté internationale “à constater qu’au matin du jeudi 21 décembre 2023, les élections générales prévues au 20 décembre 2023 n’auront pas eu lieu comme le prévoient la Constitution et la loi électorale”. Ils ont exigé l’annulation du vote, la mise à l’écart du bureau Kadima et la réorganisation rapide des nouvelles élections avec une équipe de la CENI autrement composée. Agir autrement, ont-ils averti, serait consacré une prise de pouvoir par la force et son exercice en violation de la Constitution, ce que le peuple congolais sur base de l’article 64 sera appelé à y faire échec.