La commission électorale du Sénégal a demandé au ministère de l’Intérieur de rétablir l’opposant Ousmane Sonko sur les listes électorales et de lui délivrer des documents essentiels pour sa candidature à la présidentielle de 2024, selon un document consulté par l’AFP.
M. Sonko “doit jouir de son statut d’électeur inscrit sur les listes électorales avec tous les droits (qui y sont) attachés”, dit la Commission électorale nationale autonome (Cena) dans un courrier daté de lundi envoyé à la Direction générale des élections (DGE, ministère de l’Intérieur).
La DGE a cependant opposé une fin de non-recevoir. Dans une réponse rendue publique mardi, elle dit qu’elle “n’a pas de compétence pour mener une quelconque action sur le fichier électoral”.
Elle ne précise pas qui a cette compétence.
M. Sonko a été radié des listes électorales, ce qui l’empêche en l’état de concourir à la présidentielle. Le gouvernement a essentiellement argué de la condamnation de M. Sonko par contumace dans une affaire de moeurs en juin pour justifier sa radiation. M. Sonko, emprisonné depuis fin juillet sous d’autres chefs d’inculpation, dénonce ces affaires comme des complots visant à l’écarter de la présidentielle.
Un juge de Ziguinchor (sud) a ordonné le 12 octobre que M. Sonko, personnage central avec l’Etat d’une saga politico-judiciaire mouvementée et violente qui tient le Sénégal en haleine depuis deux ans et demi, soit rétabli sur les listes.
Le ministère de l’Intérieur a cependant refusé jusqu’alors de lui délivrer les fiches officielles qui lui permettraient de recueillir ses parrainages, une étape nécessaire au dépôt de candidature.
– Prérogatives –
Dans sa réponse mardi, la DGE dit que, si elle n’a pas remis les formulaires aux représentants de M. Sonko, c’est parce que celui-ci ne figurait pas sur les listes, une position confirmée le 6 octobre par la Cour suprême, souligne-t-elle.
La DGE a fait valoir préalablement que M. Sonko restait radié parce que la décision du juge de Ziguinchor n’était pas définitive selon elle, l’Etat ayant formé des recours contre le jugement.
Les avocats de M. Sonko ont saisi la Cena pour lui demander de “faire injonction” à la DGE de remettre les formulaires de parrainage dans un délai de 24 heures, faute de quoi elle dessaisirait la DGE et se substituerait à elle pour la remise des fiches.
La Cena rappelle dans son courrier à la DGE qu’elle dispose de telles prérogatives aux termes du code électoral.
La Cena “invite la Direction générale des élections à prendre les mesures nécessaires pour faire tenir à la disposition du mandataire de Monsieur Ousmane Sonko et ce, dans les meilleurs délais, la fiche de parrainage”, dit-elle dans sa lettre.
La Cena contrôle et supervise le processus électoral, de l’inscription sur les listes jusqu’à la proclamation provisoire des résultats. Les élections sont organisées par le ministère de l’Intérieur.
Les avocats de M. Sonko ont par ailleurs contesté mardi le refus de lui délivrer les fiches de parrainages devant la cour de justice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique (Cédéao).
La juridiction régionale a décidé de se donner jusqu’au 6 novembre pour trancher des litiges liés à cette affaire.