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Nikomba trouble la Tshopo

Avant elle, la paisible province de la Tshopo était certes non éclairée, mais calme. Depuis quelque temps, Kisangani ne rassure plus. Tantôt des tueries méchantes, tantôt une insécurité instrumentalisée. Le tout, sous un silence confortable de la gouverneure Madeleine Nikomba. La cheffe de l’exécutif est accusée par la société civile d’alimenter les troubles.

Par Athanase Mwenge

Madeleine Nikomba, gouverneure de la province de la Tshopo au banc des accusés pour son inaction sur la situation de conflit entre les Mbole et Lengola @Photo Droits tiers.

publié le 17 novembre 2023 à 01:18:00

Kisangani s’est réveillée mardi et mercredi sous tension. Des jeunes révoltés par la persistance des actes d’intolérance et d’insécurité accusent publiquement le gouvernement provincial d’immobilisme face au drame qui paralyse la province. Le professeur associé Justin Limongo Sikeke soutient que la crise identitaire qui oppose les Mbole (Bambole) aux Lengola (Balengola) dans la ville de Kisangani, chef-lieu de la province de la Tshopo présage une conflagration générale si l’on n’y prend garde. “Au-delà de toutes les spéculations et jérémiades tant verbales qu’épistolaires, cette crise démontre tout simplement la défaillance de la souveraineté de l’État congolais, l’une des thèses célèbres soutenues par des spécialistes tels que Bertrand Badie ou Holsti, experts en relations internationales”, a-t-il affirmé sur une plateforme réunissant des intellectuels de différents horizons parmi lesquels plusieurs enseignants des universités.

Une plénière a été convoquée mercredi dernier à l’Assemblée provinciale de la Tshopo pour débattre la question orale avec débat du député provincial Theoveuil Lotika adressée à la gouverneure Madeleine Nikomba sur l’insécurité qui bat son plein depuis plusieurs mois principalement sur la rive gauche du fleuve Congo, occasionnant aujourd’hui des pertes en vies humaines. Une insécurité qui s’est accentuée cette semaine provoquant une vague de déplacés vers le centre-ville de Kisangani. Soucieuse d’avoir de plus amples informations sur ce conflit intercommunautaire opposant les deux tribus Mbole et Lengola, la population Boyomaise a été surprise par le communiqué de l’Assemblée provinciale décrétant le huis clos de cette plénière. Ce qui a provoqué des vives réactions de la notabilité boyomaise désapprouvant l’attitude de Gilbert Bokungu, le président de l’organe délibérant étiqueté comme protecteur de Mme Nikomba. “Que cache à l’opinion le président de l’Assemblée provinciale”, se sont demandé quelques leaders de Kisangani en concertation continue sur la question.

– Soleil Mosindo exige une plénière publique –

La communication du président controversé de l’Assemblée provinciale de la Tshopo, Gilbert Bokungu, a suscité des réactions inattendues parmi lesquelles celle de l’ex-député Soleil Mosindo, rapporteur honoraire de l’Assemblée provinciale de la Tshopo. Le cadre Ensemble s’est inscrit en faux contre cette façon de faire les choses. Touché dans son amour propre par cette démarche machiavélique de Bokungu, Mosindo a interpellé les députés provinciaux à plus de responsabilité. Pour lui, la population doit être éclairée sur la situation qui prévaut dans la ville de Kisangani. “Pourquoi subitement, on a décrété le huis clos entre les députés et le gouverneur? Ça se fait où ? Je n’ai jamais vu un député provincial initier une question orale avec débat visant l’autorité provinciale et qu’avant cela, il y ait un huis clos avec l’autorité qu’on a convoquée. C’est du jamais vu”, s’est insurgé encore Soleil Mosindo. “Ça ne se passe pas comme ça. Il peut y avoir le huis clos entre les députés eux-mêmes. Il n’y a pas nécessité de cela parce qu’il n’y a pas de complaisance à faire. Le problème ici est que la population doit savoir ce qui se passe. Empêcher cette belle initiative est tout simplement louche”, tempête le cadre Ensemble. L’opposant ne va pas par le dos de la cuillère pour interpeller personnellement le président de l’Assemblée provinciale: « Monsieur le président, vous avez les techniciens autour de vous, ça ne peut pas se faire comme ça”, vitupère-t-Il. Mosindo voit déjà dans cette démarche de Gilbert Bokungu une corruption morale à l’égard des députés provinciaux. Car, poursuit-il, la ville vit désormais dans une psychose permanente.

À travers cette question, un couloir a été ouvert à la population pour être éclairée, explique-t-il dans un message audio largement partagé sur toutes les plateformes des ressortissants de la Grande Orientale.

– Un conflit foncier qui n’épargne pas la gouverneure –

Le professeur associé Justin Limongo Sikeke estime que lorsqu’un État souverain fait appel aux investisseurs, la loi voudrait que les cahiers des charges soient présentés de manière paritaire par les deux parties contractantes, à savoir l’entreprise d’une part et la société civile présumée bénéficiaire d’autre part. “Dans le cas sous examen, le conflit de terre entre les Mbole et les Lengola résulte du fait qu’aucun cahier des charges n’a été discuté par l’investisseur et les communautés locales”, indique-t-il. Pour lui, l’autorité publique s’est précipitée de signer des contrats pour quatre mille hectares. Or, selon l’article 183 de la loi foncière, pareil marché relève de la compétence du Parlement. “Malheureusement, aucune loi n’a été débattue au Parlement quant à ce”, déplore le professeur qui dénonce une souveraineté déchue.

Le rôle du Comité national de lutte contre le terrorisme est à la fois préventif et répressif. Le gouvernorat de province, l’Agence nationale des renseignements (ANR), la Direction générale de migration (DGM), l’armée et la police devraient être capables d’anticiper l’éclatement des hostilités. “Même si le comité provincial de sécurité peut alléguer avoir été pris au dépourvu, cela ne saurait constituer une excuse, d’autant plus que les tueries remontent au mois de juin, soit environ cinq mois aujourd’hui. Pourquoi le comité provincial de sécurité n’avait-il pas arrêté des mesures d’encadrement depuis juillet 2023 ? J’ai proposé personnellement à Madame la gouverneure de province des pistes de solution lors de la conférence que j’ai animée le 1-7-2023 dans son université Malkhiiya”, fait observer le professeur associé Justin Limongo Sikeke. L’enseignant conclut en rappelant qu’il est temps que les acteurs de la société civile organisent des conférences des notables Mbole et Lengola aux villages pour suppléer la carence de l’État.

Il y a lieu de préciser que l’attribution de concession forestière en RDC est régie par la Loi n° 011/2002 du 29 août 2002 portant code forestier, spécialement en ses articles 23, 83, 84, 85, 86, 87, 88, 89 et 92 ; et par le Décret n° 08/09 du 8 avril 2008 fixant la procédure d’attribution des concessions forestières. Dans ces textes, le gouverneur de province n’est pas compétent à signer un contrat de concession forestière. Seul le ministre national ayant la gestion des forêts dans ses attributions en est compétent.

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