La CENI est prise la main dans le sac ! La fraude électorale saute aux yeux à la centrale électorale congolaise au regard des données officielles consultées sur le site web de l’institution. Centres de vote fictifs, incohérences sur le nombre d’électeurs et surtout le flou artistique sur les électeurs rattachés à un même bureau de vote. Kalombo a fouiné, évalué et comparé les données avant de livrer au public congolais les contours de la tromperie électorale sophistiquée de la CENI.
Denis Kadima, chef de la CENI et l’opposant Francis Kalombo, cadre d’Ensemble pour la République @Photo Montage Ouragan.
Francis Kalombo Ntambua a fait une sortie médiatique lourde de révélations. La CENI, sur son propre site internet, a posté des données corrompues qui mettent à nu tous les indices de fraude électorale planifiée. Lors d’une matinée politique animée le samedi 11 novembre à sa permanence de la commune de Bandalungwa à Kinshasa, le coordonnateur du parti Ensemble pour la République (Kinshasa) et porte-parole adjoint de Moïse Katumbi a révélé, documents à l’appui, que Denis Kadima et la CENI préparent une fraude électorale massive. L’opposant a, d’abord, consulté la liste des centres et des bureaux de vote avant de se projeter dans l’Atlas électoral congolais. Il s’agit d’une tricherie hautement imaginée qui présente des tableaux visiblement corrects des centres de vote, mais qui cachent des imprécisions délibérément codées sur les statistiques des électeurs.
Kalombo a soutenu que sa démarche est purement citoyenne et qu’il se pourrait qu’elle effraie les tenants du pouvoir. “Nous, nous avons dit que nous irons aux élections, certains nous ont pris pour des cons. On leur a dit non, nous allons mettre un paquet pour faire en sorte qu’on puisse minimiser la tricherie”, a-t-il expliqué, supports à la main. La fraude est prouvée. Les éléments constitutifs du trucage électoral sont authentiques. Difficile pour la centrale électorale de s’en sortir, sauf si la fraude devient la règle. “Maintenant nous avons mis sur la place publique toute cette fraude organisée. Voilà pourquoi Kadima ne veut pas publier les listes des électeurs”, a souligné le porte-parole adjoint de Moïse Katumbi Chapwe. Des révélations qui scandalisent tout un cycle électoral et décrédibilisent ses animateurs.
– Une fraude transparente –
Le haut cadre d’Ensemble pour la République dit avoir été poussé par le sens du devoir patriotique. Il n’exclut pas de faire l’objet de menaces politiques et sécuritaires dans les jours à venir : “Je suis patriote, je l’ai fait par amour pour mon pays. Que chacun le fasse aussi”, a-t-il invité l’assistance devant une pluie de caméras. Le bras droit de Katumbi se sait en danger, mais appelle le peuple congolais à se mobiliser contre le tripatouillage des élections du 20 décembre 2023. “Je sais que je serai insulté par beaucoup, si je vais me réveiller demain, Dieu seul sait. Mais je ne regrette rien. Chérubin est parti, beaucoup d’autres sont partis tels que Rossy Tshimanga, Kapangala… Ils ont laissé des familles. Ils sont morts pour la nation. Acceptons de mourir pour le salut du peuple”, a déclaré Francis Kalombo.
Pour lui, la cartographie des bureaux de vote est fausse et irrégulière. Il a illustré sa thèse par deux cas mettant en lumière une profonde fraude planifiée. “Je vous donne un premier exemple. À Dibaya, province du Kasaï central, vous avez un numéro d’un bureau de vote qui est le 9021187, ITP Batudi, adresse : Quartier Nsele, avenue Lumumba numéro 44. Il y a deux bureaux de vote, 1 807 électeurs. Vous avez la même école (ITP Batudi), présentée cette fois-ci comme située sur l’avenue Tambwe-Lumumba, Quartier Mpela, à Dibaya. Là encore, on y retrouve le même nombre d’enrôlés, soit 1 807, un seul centre de vote et un seul bureau de vote”, a relevé Francis Kalombo. La question qu’il se pose est celle de savoir comment 1 807 personnes peuvent aller voter dans un seul bureau de vote en une journée. C’est là où, dit-il, ça saute aux yeux qu’il s’agit des bureaux de vote fantômes créés par la CENI. “Ils disposent de leurs machines chez eux à la maison pour qu’au moment de la proclamation des résultats, l’on constate l’existence des bureaux de vote dans la cartographie de la CENI alors que sur le terrain, ils n’existent pas”, a-t-il martelé. Mais comment a-t-il fait pour déchiffrer la fraude en préparation ? Il explique simplement que si vous allez sur le site de la CENI, en cliquant sur la rubrique de l’Atlas électoral, “il est facile de tomber sur des chiffres officiels reconnus dans la loi sur la répartition des sièges”, a-t-il indiqué.
Des chiffres qui contrastent avec les données présentées par bureau de vote. “Ce qui est intéressant, le chiffre que l’Atlas vous donne est le même qui se trouve dans la loi. Donc la CENI va organiser des élections avec ce genre de choses”, s’est-il exclamé. Toujours au Kasaï central, dans la ville de Kananga, Kalombo illustre le cas de l’Institut Mibeku, dont l’adresse est située sur Katoka G Bakwa-Odia et déballe : “Vous avez ici, un site CENI, de 1 546 électeurs avec un centre et deux bureaux de vote. Mais au niveau de l’Atlas, la même école vous donne avec le même numéro, 873 électeurs”, a-t-il fait constater alors que la loi attribue aussi 873 électeurs à ce centre-là. Ce qui conduit ce ténor katumbiste à conclure qu’il s’agit d’un travail bâclé qui mérite des corrections importantes, si l’on tient à une bonne qualité des élections. “Que Kadima vienne nous contredire s’il en a les arguments, car ces données sont tirées de la CENI. Les bulletins de vote sont commandés sur base de ces données contradictoires. Comment explique-t-il que dans sa propre cartographie, les bureaux de vote identifiés 1A235 et 1A435 soient vides d’électeurs sur le site de la CENI. Donc, on ne peut pas voir le nombre de votants par bureau, la CENI a bloqué, le nombre d’électeurs est tenu secret. C’est-à-dire que vous allez voter dans un bureau et vous croyez avoir voté pendant qu’ils ont leurs machines à la maison sur lesquelles ils font la même opération parce qu’ils ont doublé les bureaux”, a-t-il dénoncé.
Engagé dans ce combat, Kalombo a invité la presse congolaise à expérimenter le même exercice afin de combattre le plan de manipulation incontrôlée des votations des électeurs.