Joe Biden a rencontré vendredi à San Francisco son homologue mexicain Andres Manuel Lopez Obrador pour parler d’immigration, en marge d’un sommet des pays du pourtour Pacifique qui a acté les lignes de fracture géopolitiques du moment, de l’Ukraine à Gaza.
Le président américain Joe Biden (à droite) s’exprime lors d’une réunion bilatérale avec le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador le dernier jour de la Semaine des dirigeants de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC) à San Francisco, en Californie, le 17 novembre 2023 @Photo par Brendan SMIALOWSKI / AFP.
Le président américain a assuré, au dernier jour de la réunion des dirigeants de la Coopération économique pour l’Asie-Pacifique (Apec), qu’il ne pouvait avoir de “meilleur partenaire” que le Mexique.
Joe Biden a remercié son homologue de l’aider à “relever le défi” de la crise migratoire à la frontière des deux pays, en reconnaissant: “Je sais que ce n’est pas facile”.
Il a aussi évoqué le travail des deux pays contre le trafic de fentanyl, puissant opiacé de synthèse à l’origine de dizaines de milliers d’overdoses chaque année aux Etats-Unis.
Le président mexicain a qualifié la relation entre les deux pays “d’excellente”.
L’entretien est organisé au lendemain d’une rencontre entre “AMLO”, surnom du président mexicain, et son homologue chinois Xi Jinping, manifestant la compétition intense que se livrent Washington et Pékin jusqu’aux portes de l’Amérique.
– Agir avec “humanité” –
Pékin a investi massivement dans de nombreux pays émergents, y compris en Amérique latine.
Joe Biden veut proposer une alternative américaine séduisante, par exemple en concluant des accords divers et variés au sein de l’Apec, qui rassemble 21 pays pesant ensemble 60% de l’économie mondiale.
Avec le Mexique, le président américain démocrate a une autre priorité: répondre aux arrivées de migrants en grand nombre à la frontière entre les deux pays, longue de plus de 3.000 kilomètres.
Joe Biden, qui brigue un second mandat, fait face à des attaques répétées de ses adversaires politiques contre sa politique migratoire, mais aussi à une grogne montante de responsables locaux démocrates.
Joe Biden assure qu’il veut agir avec “humanité”, tout en prenant, dans les faits, des décisions qui restreignent nettement l’accès au territoire américain.
Vendredi, “AMLO” a remercié son homologue d’avoir mis en place des voies légales d’immigration.
Il a aussi dit être “pleinement conscient des ravages” causés par le fentanyl aux Etats-Unis.
Le fentanyl, fabriqué à base de produits provenant très souvent de Chine, est un autre sujet qui empoisonne la campagne de réélection du démocrate de 80 ans.
Joe Biden avait d’ailleurs obtenu de Xi Jinping un engagement à lutter davantage contre ce trafic, lors d’un sommet mercredi entre les deux présidents, qui a permis de renouer un dialogue en souffrance depuis un an.
– “Echange de points de vue” –
Le sommet de l’Apec, un forum de nature avant tout économique, a, sans surprise, confirmé des désaccords sur l’Ukraine et sur Gaza.
Sur “la crise à Gaza”, les Etats membres, dont d’importants pays musulmans comme l’Indonésie et la Malaisie, ont “échangé leurs points de vue respectifs”, selon un communiqué.
“Certains dirigeants ont aussi fait part des messages de l’Organisation de la coopération islamique (OCI)”, laquelle a condamné les actions “barbares” des forces israéliennes à Gaza.
Joe Biden avait lui réaffirmé mercredi son ferme soutien à Israël.
En ce qui concerne l’Ukraine, “la plupart des membres ont fermement condamné l’agression” contre ce pays.
La Russie était représentée lors de la rencontre par le vice-Premier ministre Alexei Overchuk, le dignitaire russe le plus haut placé à s’être rendu aux Etats-Unis depuis le début de la guerre en février 2022.
Cette déclaration distincte a été publiée à la demande de “certains membres”, qui “n’estiment pas que l’Apec soit une enceinte appropriée pour discuter de sujets géopolitiques.”
L’Apec a aussi diffusé une “Déclaration du Golden Gate” consensuelle, en référence au pont emblématique de San Francisco.
Les Etats membres y promettent d’“encourager la croissance économique, tout en répondant aux défis environnementaux tels que le changement climatique”.
Par Aurélia END/Afp