L’alignement de quelques candidats de l’opposition au processus électoral ne confère à la CENI ni crédibilité, ni inclusivité, moins encore la confiance du peuple congolais. Telle est la conclusion tirée samedi dernier dans la note d’analyse de la Commission africaine pour la supervision des élections (CASE).
Denis Kadima, le président de la Commission électorale accusé par la Case de tripatouiller le processus électoral @Photo Droits tiers.
La CASE déclare avoir pris acte des derniers développements autour du processus électoral en République démocratique du Congo et plus particulièrement de l’engagement tardif de certains candidats déclarés à l’élection présidentielle. Ces faits qui se justifient par la crainte chez certaines personnalités de l’opposition de se voir politiquement exposées à la diabolisation par le pouvoir dans l’objectif de les opposer à leurs électeurs, sont des résultats d’un choix politique que chaque personnalité assumera devant Dieu et devant le peuple congolais, prévient l’organisation spécialisée en matière électorale en Afrique. Ainsi, la CASE respecte la décision de différents acteurs politiques congolais tout en attirant leur particulière attention sur quelques réalités décevantes du processus électoral en cours.
– La CENI loin de rassurer sur la qualité du processus –
Le président de la CASE, Simaro Ngongo Mbayo, soutient que « les candidats s’engagent dans un processus corrompu d’avance du fait de ses animateurs illégitimes pour les uns et illégaux pour les autres ». Pour cette structure en effet, Denis Kadima s’illustre depuis sa prise de fonction, en agent d’exécution d’un agenda politique bien connu. « Jouissant du soutien du pouvoir, il méprise et se moque éperdument des opposants politiques congolais », indique l’ONG. Quels que soient les efforts que déploieront les candidats sur le terrain, insiste la CASE, « la CENI-Kadima est une institution politiquement et techniquement robotisée par le pouvoir au seul logiciel de la victoire du candidat de l’Union sacrée ».
M. Ngongo revient spécifiquement sur tous les agents et cadres nommés dans les différents secrétariats exécutifs provinciaux et les antennes qui, selon lui, sont des personnes recommandées par le parti présidentiel et ses partenaires de l’Union sacrée dans l’objectif de ne servir qu’une seule cause, celle du pouvoir. La CASE se montre particulièrement préoccupée par les allures du parti au pouvoir (UDPS) qui aurait aligné environ 500 candidats députés nationaux avec l’ambition d’arracher par des moyens frauduleux, une majorité au Parlement. « Il appartiendra donc à ce parti de décider de qui sera proclamé élu à tous les niveaux », alerte la CASE.
L’organisation touche également au fichier électoral qu’il qualifie d’inexistant. Pour Simaro Ngongo, ces quelques données disparates qui existent dans le fichier, font partie d’un colmatage arbitraire qui servira à la fabrication des résultats électoraux. « C’est la raison pour laquelle la CENI s’est enfermée sur le dossier sans aucune possibilité d’audit », fait remarquer l’organisation dans son communiqué avant de souligner que « le financement des élections est régulièrement détourné avec désormais la complicité de toute la chaîne de la dépense du Trésor ». « Ce processus est tracté sans avoir épongé les arriérés de salaire des anciens agents et pour lesquels le décaissement avait pourtant déjà été effectué par le gouvernement », révèle M. Ngongo.
– La reprise de la guerre et ses conséquences sur le processus –
La CASE fait remarquer aux acteurs engagés dans le processus électoral que la guerre déclenchée depuis quelques jours dans le Nord-Kivu contre le M23 est un facteur défavorable à la bonne administration de l’actuel cycle électoral. « La CASE condamne le manque de concertation nationale autour de la décision prise pour la généralisation des offensives militaires à quelques semaines des élections. Tout en souhaitant que les Forces armées de la République démocratique du Congo maintiennent leur supériorité opérationnelle et toute la force de frappe voulue contre les agresseurs, la CASE craint que le retour à la guerre ne favorise pas la tenue des élections dans le délai constitutionnel ». D’où son appel au peuple congolais à une plus grande vigilance face à une CENI, dit-elle, incorrigible, une classe politique de toutes les surprises et un gouvernement de tous les risques.