“Kimuté. La symphonie du non ou les dix mille couleurs du refus” est une pièce de théâtre qui a été jouée vendredi passé au centre Wallonie-Bruxelles et le lundi 23 octobre à la Plateforme contemporaine. Ce récit est une ode à la résistance et au pouvoir des mots interprété avec brio par David – Minor Ilunga, Tinah Way et Jonathan Buba.
David Ilunga, Tinah Way et Jonathan Buba interprètent Kimuté. La symphonie du non ou mille couleurs du refus sur la scène de Wallonie-Bruxelles @Photo Droits tiers.
“Kimuté. La symphonie du non ou les dix mille couleurs du refus” est l’histoire de Martial, militant et défenseur des droits humains, retrouvé décédé dans l’incendie de sa maison. La circonstance de sa mort est étrange puisque Martial n’utilisait pas l’électricité, ni de bougie. Si la symphonie, au sens figuré, est un ensemble des choses ou d’êtres qui participent à produire un effet, notamment de nature sensorielle, c’est aussi le cas pour l’univers de la pièce. En apprenant la nouvelle de sa mort tragique, les trois amis qui ont connu Martial essaient de retracer quelques moments forts de sa courte vie et de s’interroger sur la cause de son décès.
– Ne pas lâcher le morceau –
Entre poésie, tristesse et humour, les trois interprètes ont emballé le public pendant une heure dans un coin du pays buté à plusieurs problèmes sociaux. En arborant plusieurs casquettes (des manifestants, des enquêteurs…), ils ont ainsi démontré que le comique tient en grande partie à l’incongruité des dialogues. Avec talent, David Minor, Tinah Way et Jonathan Buba ont montré comment, à un moment, les actions de Martial et de son mouvement, étaient mal interprétées par les gens à cause des journalistes corrompus ou mal informés. Malgré cela, le militant et sa bande, qui n’ont pour seules richesses que les mots et leur jeunesse, n’ont pas lâché le morceau. Ils ont continué à élever leurs voix dénonçatrices au milieu de l’insouciance du gouvernement.
La porosité entre le théâtre et la réalité était également travaillée dans la mise en scène de Tinah Way, dans la scénographie de Davy Malonga et à travers les lumières de Xavier Lauwers. La musique sonore, parfois mélancolique et mouvementée, qui accompagnait chaque changement du décor, ajoutait une touche de plus à l’univers du spectacle. Elle était tenue par Salva Moses et Sophia Bass. Comme quoi, seuls les mots ne suffisent pas pour transmettre le message.
– Inspirée de la réalité –
La pièce “Kimuté. La symphonie du non ou les dix mille couleurs du refus”, c’est une histoire inspirée de la réalité, d’après son auteur David Ilunga. En effet, en voyant le déroulement du spectacle, c’est la vie du militant Rossy Mukendi, assassiné en 2018, qui a sauté aux yeux du spectateur. Le seul point commun qui unit Martial et Rossy Tshimanga, c’est le fait qu’ils ont utilisé les mots, à travers des manifestations pacifiques, pour dénoncer le mal du pays. Si la vie de Mukendi a fini tragiquement par un assassinat, ce n’est pas le cas pour celle de Martial. Cette vérité, rendue vers la fin du spectacle par des répliques électriques, a laissé le spectateur avec un goût amer.
Le spectacle est en pleine tournée. Après avoir été joué au centre Wallonie-Bruxelles et à la Plateforme contemporaine, il a chuté au centre culturel Les Mwindeurs, le mercredi 25 octobre 2023 à 18 h. Ainsi, cette création a été possible grâce au Dispositif des mots à la scène de l’Institut français de Paris, à la Commission internationale du théâtre francophone (citf), à Wallonie-Bruxelles international, au Tarmac des auteurs, à l’ambassade du Royaume d’Espagne en RDC, à l’Association Sait-on jamais, en Belgique, à l’espace Tiné.