Des modérateurs de contenus pour Facebook au Kenya ont annoncé lundi la reprise de leur action en justice contre Meta, la maison-mère du réseau social, contestant leurs licenciements et conditions de travail, après l’échec de discussions pour un accord à l’amiable.
PHOTO DE DOSSIER : PHOTO DE DOSSIER : Une femme tient un smartphone avec le logo Facebook devant le nouveau logo de rebrand de Facebook, Meta, sur cette photo d’illustration prise le 28 octobre 2021 @Photo Droits tiers.
Un total de 184 employés de la société Sama, sous-traitante de Meta chargée de retirer de Facebook les publications violentes et haineuses entre 2019 et 2023, ont rejoint une plainte déposée en mars contre leur employeur et contre Meta en tant que donneur d’ordre.
Ils affirment avoir été indûment licenciés par Sama, qui a annoncé en début d’année mettre fin à son activité de modération de contenus. Ils demandent par ailleurs compensation pour leurs salaires « insuffisants (pour) le risque auquel ils étaient exposés » et les « dommages causés à leur santé mentale ».
Leurs licenciements avaient été suspendus le 2 juin par le Tribunal de l’emploi et des relations du travail de Nairobi, dans l’attente d’un jugement sur le fond. Le tribunal avait également ordonné le paiement de salaires jusqu’à la résolution de l’affaire, affirment les plaignants.
Le 23 août, les deux parties avaient annoncé l’instauration d’une médiation pour un règlement hors tribunal.
Lundi, les modérateurs de contenus ont annoncé dans un communiqué une « bataille judiciaire imminente » après « l’échec des pourparlers visant à parvenir à un règlement à l’amiable ».
Le propriétaire de Facebook, Meta, ainsi que la société sous-traitante Sama, seront accusés d’outrage au tribunal après avoir ignoré les ordonnances du tribunal exigeant le paiement des salaires des modérateurs de contenus, écrivent-ils.
Selon leur avocate Mercy Mutemi, « les défendeurs gagnaient du temps et n’étaient pas sincères ». « Ils n’ont cessé de nous dire qu’ils nous répondraient avant une certaine date, mais ils ne nous ont répondu qu’en fin de semaine dernière avec un montant très minime », déclare-t-elle dans le communiqué.
S’ils sont prêts à s’engager sérieusement, nous serons toujours heureux de continuer les discussions, ajoute-t-elle.
Sollicité par l’AFP, Meta a renvoyé vers la société Sama, qui n’avait pas répondu lundi après-midi.
Dans cette affaire, les avocats du groupe américain – également propriétaire de WhatsApp et Instagram – ont notamment fait valoir qu’il ne pouvait être jugé au Kenya, où il n’a lui-même aucune activité et où il n’est pas employeur direct. Le tribunal a rejeté cet argument.
Meta est visé par deux autres plaintes à Nairobi.
Un ancien employé sud-africain de Sama, Daniel Motaung, a porté plainte en mai 2022 contre Meta et Sama, dénonçant des conditions de travail « indignes », des méthodes d’embauches trompeuses, des rémunérations irrégulières et insuffisantes ainsi que l’absence de soutien psychologique. L’affaire n’est pas encore jugée.
Dans une autre affaire, une ONG kényane et deux citoyens éthiopiens accusent la plateforme d’inaction face aux discours de haine en ligne en Afrique, qui a notamment abouti selon eux au meurtre d’un professeur d’université en Ethiopie.
L’AFP est un partenaire de Meta, fournissant des services de vérification des faits en Asie-Pacifique, en Europe, au Moyen-Orient, en Amérique latine et en Afrique.