À Brazzaville, Tshisekedi cogne Kagame et secoue l’EAC
Des mots directs à des interlocuteurs présents ou représentés. Félix Tshisekedi a saisi l’opportunité du sommet des bassins tropicaux à Brazzaville pour rabrouer les ennemis de la République démocratique du Congo. Ennemis africains de son pays qui ont choisi de le poignarder dans le dos à travers un activisme armé très soutenu dans les forêts congolaises, a-t-il décrit. Tshisekedi maintient ainsi le ton acéré de son combat pour la sécurisation de ses citoyens, notamment ceux qui subissent des atrocités répétitives de guerres et d’insécurité dans la partie Est de la RDC.
Par Jeanric Umande
Félix Tshisekedi, le président de la République démocratique du Congo s’exprimant lors du sommet des trois bassins à Brazzaville. @ Photo Droits tiers.
publié le 31 octobre 2023 à 03:10:00
Des réunions se sont tenues à Kigali pour déstabiliser la République démocratique du Congo. Samedi dernier, lors de l’ouverture du sommet des trois bassins forestiers tropicaux à Brazzaville, en République du Congo, le président du Congo-Kinshasa a repris sa toge de panafricaniste-républicain. Sur les traces de Lumumba et d’Etienne Tshisekedi Wa Mulumba, le chef de l’État a tout simplement crevé l’abcès en désignant les véritables commanditaires des troubles sécuritaires sur le sol congolais. “Malgré nos engagements, rappelez-vous à l’Union africaine, l’horizon 2020 était l’objectif pour faire taire les armes en Afrique. C’est devenu une chimère. Et nous ne nous en offusquons pas, nous ne condamnons pas. Et tant que ça sera comme ça, il faudra oublier toutes les bonnes initiatives comme celle préconisée par le président Ruto”, s’est lourdement déchargé Félix Tshisekedi devant une forte présence des chefs d’État et de gouvernement. Le président congolais a appelé ses homologues à passer de la parole à l’acte et à promouvoir des relations diplomatiques sincères. “Nous devons bannir des fléaux tels que le tribalisme, la haine de l’autre, et cela je crois que nous pourrions parler d’abattre nos barrières, d’effacer le tarif douanier, etc”, a-t-il poursuivi.
– Kigali, comme base arrière politique de déstabilisation de la RDC –
Tshisekedi a carrément quitté son discours de circonstance pour prendre le taureau par les cornes : « Parce qu’en ce moment par exemple où nous parlons de ce sujet très important, hyper important, la conservation de notre biodiversité, de nos forêts, il se passe actuellement dans le parc des Virunga, l’une des réserves naturelles les plus importantes au monde, en forêts, en biodiversité, un activisme armé qui met en mal cet écosystème, qui le détruit », a-t-il alerté. Félix Tshisekedi précisera que cela n’a pas été décidé à Washington, à Paris, à Bruxelles ou à Londres. « Ç’a été décidé en Afrique, et plus précisément à Kigali », a-t-il dénoncé.
Des révélations qui viennent clouer Paul Kagame, le président rwandais dont le gouvernement a toujours rejeté sa présence militaire dans les rébellions et agressions étrangères contre la République démocratique du Congo. Tshisekedi a martelé : « C’est l’œuvre d’un frère africain. C’est pour vous dire que nous devons bannir l’hypocrisie qu’il y a entre nous », a fustigé le président congolais. Pour lui, les dirigeants africains devraient changer de paradigme dans leur pratique de coopération régionale. S’adressant spécifiquement aux chefs d’État concernés directement par la crise qui ensanglante son pays, Félix Tshisekedi a invité ses homologues à s’armer de courage et à se regarder les yeux dans les yeux. « Nous devons avoir le courage de nous regarder entre Africains les yeux dans les yeux, et nous dire qu’on ne peut pas s’appeler frères et se poignarder dans le dos dans le même temps », a-t-il recommandé.
– La responsabilité est d’abord africaine –
Félix Tshisekedi a étendu la tonalité de son message à l’ensemble du continent africain estimant que les dérèglements sécuritaires dont est victime son pays, sont avant tout une responsabilité des acteurs africains eux-mêmes. « Nous devons arrêter de jeter nos responsabilités sur les étrangers non africains. La colonisation, ça fait une soixantaine d’années qu’elle avait terminé en Afrique. Ceux qui nous avaient colonisés, divisés, aujourd’hui, ont compris le sens de la paix. J’en veux pour preuve : la France et l’Allemagne pour ne citer que ces deux pays qui étaient les meilleurs ennemis dans le passé, et qui sont de meilleurs amis aujourd’hui, les moteurs de l’Union européenne », a-t-il démontré. Tant que les leaders africains ne réfléchiront pas comme ça, a-t-il fait observer, « ces gens-là, ces amis, ces partenaires, à qui nous rejetons la faute, continueront à nous prendre pour des irresponsables. Ils ne nous respecteront jamais», a insisté M. Tshisekedi.
– Des États amis viennent semer la pagaille en RDC –
Le jour où nous mettrons fin à ce à quoi nous assistons aujourd’hui, dans l’est de la République démocratique du Congo par exemple, des voisins qui viennent semer la pagaille, la mort, la désolation uniquement dans le but de s’enrichir, de piller les ressources ; le jour où nous mettrons fin à ce genre de comportements, alors là oui nous aurons compris, a interpellé le président de la République démocratique du Congo.
Réagissant à une exhortation du président Macron dont la bonne volonté à vouloir bâtir des partenariats constructifs et durables entre États en Afrique, M. Tshisekedi a tout de suite compris l’attitude du politiquement correct du chef de l’État français. « Il n’en croyait pas un mot, non parce que lui est menteur loin de là, parce que nous ne sommes pas sérieux, et eux le savent », a-t-il souligné. Le dirigeant congolais a été plus que clair sur la question du partenariat entre les États : « je suis désolé en tant que président de la République démocratique du Congo et face à ce genre de choses, je ne suis pas tenté de construire des ponts, mais plutôt des murs pour sécuriser ma population », a-t-il déclaré. Il a clos son propos en formulant le vœu que les assises de Brazzaville lancent un nouveau départ pour la gestion durable de nos forêts, l’amélioration des conditions socio-économiques de nos populations et une meilleure protection de la planète.
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