Simaro Ngongo estime que la législature 2018-2023 a été gaspillée par des élus infidèles au peuple congolais. Dans sa note d’analyse électorale publiée lundi 18 septembre 2023, la Case soutient que le Parlement n’a exercé qu’une fonction fantaisiste pour plaire au pouvoir.
Le président de l’Assemblée nationale, Christophe Mboso à l’ouverture de la session de septembre à Kinshasa au Palais du Peuple. @Photo Droits tiers.
La Commission africaine pour la supervision des élections (CASE) juge très sévèrement le travail des élus nationaux de la législature 2018-2023. L’organisation qualifie ainsi la dernière rentrée parlementaire d’insipide. ” Une législature gaspillée par des élus infidèles au peuple “, relève la Case qui indique que “le peuple congolais est dégouté par une législature antipatriotique qui a vu tous les pouvoirs bradés au service du régime “. Outre l’exécutif comme équipe dont la sélection est corrompue, désapprouve l’organisation, “le judiciaire s’est édenté, la presse est enchaînée et le pouvoir législatif congolais s’est complètement dévalué”. Le président de la Case note qu’avec des députés et sénateurs caméléonesques qui ont quasiment vendu leurs âmes au plus offrant, « le peuple n’attend plus rien de leur dernière prestation parlementaire avant de sanctionner », a-t-il condamné.
– Un non-évènement –
La rentrée parlementaire de septembre 2023 constitue un non-évènement pour les Congolais au regard des contre-performances enregistrées par leur entière mandature, souligne avec déception le président Simaro Ngongo. « Toute la législature n’a été consacrée qu’à des conciliabules politiques de confiscation de la majorité parlementaire en totale violation de la loi », se préoccupe encore M. Ngongo. Ainsi, l’Assemblée nationale et le Sénat se sont littéralement compromis, dit-il, en accordant toutes leurs priorités à la satisfaction financière individuelle des députés et sénateurs. « Pour la toute première fois depuis l’histoire de notre démocratie, députés et sénateurs ont décidé de se servir plutôt que de servir le peuple congolais ». Pour la Case, toutes les interpellations et motions initiées ont été soit monnayées soit étouffées. Et de poursuivre que « le Parlement n’a exercé qu’une fonction fantaisiste pour plaire au pouvoir ».
– L’opposition étranglée –
L’opposition a été systématiquement écrasée et rendue inaudible, précise la note d’analyse électorale de la Case. « Même le processus de désignation du porte-parole de l’opposition a été intentionnellement ignoré en violation de la loi portant statut de l’opposition en RDC, promulguée en 2007 qui prône le consensus entre opposants au Parlement », peut-on lire dans sa note.
L’absence d’un contrôle parlementaire exemplaire à tous les niveaux de gestion des institutions a été déplorée. « Enivrés par une dotation salariale faramineuse, les députés et sénateurs ont privilégié des débats dirigés et des coupes de champagne dans le cadre de l’Union sacrée », dénonce la Case. C’est ainsi que le chambardement de la majorité parlementaire anciennement FCC en faveur du camp présidentiel a fragilisé la démocratie en République démocratique du Congo, souligne-t-elle. Au plan électoral, le Parlement, particulièrement l’Assemblée nationale, a désacralisé le processus électoral en allant de violation en violation de la loi. Une commission PAJ précipitamment installée pour la cause a déstructuré la procédure d’entérinement des délégués de bout en bout. “La commission paritaire mixte de vérification des dossiers des candidatures des membres de la CENI fut incomplètement constituée et arbitrairement exécutée”, hurle Simaro Ngongo.
La CASE considère que le Parlement est à la base de la crise électorale pointue en cours en République démocratique du Congo. Pour elle, la session parlementaire de septembre est l’accomplissement d’un processus gaspillé. « Dans ces conditions, il est illusoire d’aller aux élections sans la représentation de l’opposition à la CENI pour éviter de reconduire un système politique impopulaire », a-t-il conclu.