La 7e édition de la grande rentrée littéraire de Kinshasa organisée par la délégation Wallonie-Bruxelles est programmée pour trois jours, soit du 15 au 17 septembre de 8 heures à 18 heures au rond-point des Huileries. Le premier jour, les auteurs, les bouquinistes, les lecteurs ont répondu présents pour échanger, faire des dédicaces, exposer et vendre des livres. Même si le secteur du livre n’est pas valorisé par le gouvernement et connaît quelques difficultés, certaines personnes interrogées sur place, sont plutôt optimistes.
Quelques potentiels acheteurs devant les stands. @Ouragan.cd.
Avant le début du premier panel, devant les stands, quelques potentiels acheteurs, y compris les élèves, s’intéressent aux différents livres exposés et parlent avec les écrivains. Ces livres, qui touchent tous les genres littéraires, la plupart sont sortis cette année. Pour certains bouquinistes, libraires, ce rendez-vous autour des livres est un moyen d’aller vers les lecteurs. Une occasion de prouver aussi que les Congolais lisent.
“Cette rentrée littéraire, c’est pour présenter aux lecteurs les livres, les auteurs et l’importance du livre. Vous savez, on a toujours accusé les Congolais d’être un peuple bibliophobe. Nous, nous avons compris que le peuple congolais s’intéresse à la lecture mais qu’il ne sait pas où trouver les livres. Avec cet événement, Wallonie-Bruxelles essaie d’aller vers les gens pour les aider à aimer les livres et à entretenir cet amour. D’ailleurs, il y a beaucoup de gens qui viennent acheter les livres. Les Congolais lisent”, a dit Judith Makozo, coordinatrice de la librairie ambulante “Madame Livre”.
– Difficultés –
En RDC, la production du livre reste un bien difficile. Faute d’être subventionnés, les auteurs font de leur mieux pour faire vivre leurs œuvres. Parmi les difficultés que rencontre le secteur du livre, figure en bonne place le manque d’imprimeries. Et donc, imprimer au Congo est cher. D’ailleurs certaines maisons d’éditions préfèrent le faire à l’étranger pour la qualité et le prix abordable.
Nous faisons ce travail avec nos moyens de bord qui ne sont pas suffisants. Notre État est là, il peut nous aider à faire avancer ce secteur. Souvent, les livres sont chers parce qu’ils viennent de l’étranger et sont de bonne qualité. Avec la vie sociale des Congolais, c’est parfois difficile de voir une personne venir acheter un livre, s’est plaint l’auteur de Twali et l’éditeur de la maison d’édition, Buku Bua Molakisi, Edimo Lumbidi.
Pour Judith Makozo, l’Etat doit investir dans le livre puisque c’est un produit non pas seulement culturel mais aussi commercial. “Le livre au-delà d’être un produit culturel, c’est un produit commercial qui doit aussi se vendre comme tous les autres produits. Nous ne sentons pas la présence du gouvernement dans ce secteur. Vous voyez par exemple là, les autorités étaient informées. Mais nous ne voyons pas leur présence. Ici, même le bourgmestre est absent. Mais nous sommes convaincus, avec l’allure que prend ce secteur, qu’elles finiront par s’intéresser”, a-t-elle fait remarquer.
– Démystifier les livres –
Le rond-point Huileries où se tient cette fois-ci la rentrée est un endroit grouillant, connu pour sa cohue et son bazar. Si pour cette édition les organisateurs ont porté leur choix sur cette place, ce n’est pas anodin.
“Parce qu’on veut aller vers la population. On veut dire à la population, à la face du monde qu’ici à Kinshasa vous avez aussi des gens qui accordent une place de choix à la pensée. Kinshasa n’est pas une ville qui ne célèbre que la musique, la danse…, Kinshasa célèbre aussi les livres”, a expliqué Richard Ali, directeur de la bibliothèque Wallonie-Bruxelles et coordinateur de la grande rentrée littéraire de Kinshasa.
Et de poursuivre : “C’est un endroit bien choisi pour démystifier les livres. Parce que pour certaines personnes, pour accéder au livre, il faut aller dans un endroit précis, propre, comme la bibliothèque. Le choix de cette place pour la rentrée montre qu’on peut accéder aux livres partout”.
La grande rentrée littéraire de Kinshasa prend fin le 17 septembre. C’est un événement littéraire annuel organisé par la délégation Wallonie-Bruxelles depuis 2016. Pour cette rentrée, 30 auteurs ont été invités pour prendre part aux activités autour du livre alors que les éditions précédentes, le nombre d’auteurs dépassait difficilement les 10. Cet événement se veut être un des rendez-vous incontournables des amoureux du livre.