Deux officiers de l’armée ont été arrêtés, a annoncé lundi le porte-parole du gouvernement. D’autres mesures sont tombées. Le gouverneur militaire, Constant Ndima a été rappelé à Kinshasa pour consultation. La commission interministerielle dépêchée sur place a annoncé la prise en charge par le gouvernement des obsèques des victimes. La province du Nord-Kivu s’occupera des soins de blessés. La commission a décidé aussi de l’identication et de la fermeture de toutes les Églises non en règle.
Mais, la tension reste vive dans la capitale du Nord-Kivu. Les derniers souvenirs du massacre de Nyabushongo ne font qu’inciter à la révolte. « Nous n’avons pas intérêt à cacher quoi que ce soit, toute la vérité sera dite à la communauté nationale », a rassuré Peter Kazadi. Le gouvernement congolais a confirmé lundi l’arrestation de deux officiers après la répression militaire de cette manifestation qui a fait une cinquantaine de morts mercredi dernier à Goma, dans l’est de la République démocratique du Congo. Les deux responsables sont le colonel Mike Mikombe, commandant de la brigade inter-armes de la Garde républicaine dans la province du Nord-Kivu et le lieutenant-colonel Donatien Bawili, commandant du 19e régiment de la Garde républicaine, a précisé le un communiqué. “Un procès en comparution immédiate sera organisé incessamment”, ajoute le texte. Selon une source à l’auditorat militaire de Goma, il pourrait s’ouvrir mardi ou mercredi.
Face à la colère de la population, Peter Kazadi a appelé au calme. “Nous demandons à la population de rester calme, de faire confiance au gouvernement et à notre justice qui va bientôt se prononcer”, a-t-il déclaré. “Nous demandons également à chaque famille qui aura constaté la disparition de l’un de ses membres, de se signaler auprès de l’auditorat supérieur avec possibilité de se constituer partie civile dans le procès qui va être organisé”, a-t-il exhorté.
-La colère toujours vive –
A Goma, la tâche ne semble toujours pas facile pour les envoyés de Félix Tshisekedi. Tant l’incident a causé de nombreux morts, tous tués par balles. La délégation de Kinshasa s’est rendue sur le terrain à Nyabushongo au quartier Katoyi où des maisons et l’Église de Wazalendo ont été incendiées. Un témoin a pris le courage d’expliquer au vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur ce qui s’est réellement passé le mercredi 30 août 2023. Il s’en est suivi plusieurs réunions.
-Un récit troublant –
Dès 3h20 de Goma déjà, des militaires quittaient le camp Katindo en direction de Nyabushongo. Ils sont lourdement armés, telle une expédition qui va en guerre contre un ennemi armé et organisé, témoigne un militant des mouvements citoyens de Goma. A 4h15, les militaires ouvrent le feu sur l’Eglise de Wazalendo (groupe de résistants congolais anciennement appelés Maï-Maï) supposée abriter des manifestants qui devraient marcher vers la base de la Monusco et y déposer leur mémo pacifiquement. Des témoins rapportent que l’assaut a pris une vingtaine de minutes. Le bilan est lourd. On a dénombré plus de 40 morts tués par balle (source gouvernementale) et des centaines de blessés. L’opération sera suivie de plusieurs arrestations, y compris dans les résidences voisines. A 7h12 des camions de marque Kamaz arriveront sur le lieu pour ramasser les corps des victimes. Quelques curieux obstrués dans leurs maisons parviennent quand-même à prendre quelques images qu’ils postent aussitôt sur les réseaux sociaux et qui feront le tour du monde en quelques minutes seulement. Pendant ce temps, certains cadavres jonchent les rues pendant que d’autres sont emportés par les tueurs et amenés à une destination inconnue. Vers 8h30, le gouverneur militaire publie un communiqué qui dresse un bilan provisoire de circonstance affirmant que “l’armée s’est comportée de manière professionnelle”. Pendant ce temps, à l’hôpital de Cebeca/Ndosho, les morts se comptent en dizaines, l’une après l’autre personne amenées pour des soins, meurent faute de traitement, le bilan s’alourdit. Rien qu’à l’hôpital, 23 morts parmi les blessés. Pour les mouvements citoyens, l’autorité provinciale est le principal responsable de ces bavures militaires. “Il s’agit bien d’un crime de guerre imputable aux dirigeants hiérarchiques de troupes”, soulignent les jeunes dd Goma.
-La Case invite le président Tshisekedi à limoger le gouverneur militaire –
Pour la Commission africaine pour la supervision des élections (Case), le massacre des civils par les forces spéciales des Fardc à Goma éloigne les chances de cohésion nationale autour du processus électoral. “La CASE invite le président Tshisekedi à limoger le chef d’Etat-major général et le gouverneur militaire du Nord-Kivu afin qu’ils répondent de ces tueries à grande échelle devant les cours et tribunaux”. Alors que le climat politique est de plus en plus tendu et qu’aucune confiance n’est attribuée aux animateurs de la Commission électorale bationale indépendante (CENI) par le peuple congolais, les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) viennent d’endeuiller la nation congolaise suite à une incursion injustifiée d’une unité des forces spéciales mercredi matin à Goma, a déclaré Simaro Ngongo, président de la Case. A haute voix, l’organisation condamne cette barbarie humaine orchestrée malheureusement par les troupes régulières.