Un tournant dans la vie de l’opposant Jean-Marc Kabund, ex-chef du parti présidentiel. Absent dans le box lors du prononcé, la Cour a, malgré tout, égrené mercredi, dans la sentence, chaque infraction correspondant à la peine encourue. Et le total cumulé fait 84 mois, soit 7 ans.
L’opposant Jean-Marc Kabund, leader de l’Alliance pour le changement condamné à 7 ans de prison ferme. @Photo Droits tiers.
“Pour l’offense au chef de l’Etat quatre mois, la propagation de faux bruits, 16 mois. Pour chaque infraction, la Cour a retenu une peine, elle a fait un cumul”, a relaté, à l’issue du procès, Maître Kadi Diko, l’un des avocats du radical opposant. Dur pour ses proches qui accusent le président Tshisekedi de vouloir éteindre la flamme Kabund, ce qu’il ne saura pas, tranchent-ils. Militants de rang comme cadres de son parti, tous, sont convaincus qu’il s’agit d’un procès politique.
– Le chemin de la croix –
Kabund devra attendre encore six ans pour humer l’air frais de la liberté. Sa témérité à vouloir tenir tête au régime Tshisekedi finit mal, explique un cadre du parti présidentiel. La Cour l’a condamné à 7 ans de servitude pénale. L’ancien vice-président de l’Assemblée nationale qui n’a jamais renoncé à afrronter Tshisekedi fils, présente toujours les signes d’une personne pas prête à baisser les armes. Il tiendra, lâche un de ses lieutenants. “Le mot complot”, revient plutôt dans la bouche des inconditionnels de Kabund. Le parti dont il dirige, a été banni des élections. Peter Kazadi, un anti-Kabund devenu vice-Premier ministre de l’Intérieur, qui contestait en première ligne son règne à l’Udps, est accusé d’avoir gommé l’Alliance pour le changement sur la liste des formations politiques admises à competir aux élections de décembre.
Désormais, une autre bataille de fidélité et de loyauté commence pour les rares militants qui se sont accrochés à leur leader malgré ses déboires politico-judiciaires. Là, ils devront faire preuve davantage de courage et de ténacité pour tenir face à l’orage pendant cette longue période de traversée du désert. Le bout du tunnel est très éloigné si bien que seuls ceux qui seront mentalement forts, tiendront.
– Les juges vont au-delà du ministère public –
Les juges ont été sévères, selon un avocat de Kabund. La défense est surprise de voir la peine allait jusqu’à 7 ans alors que le ministère public n’avait requis que trois ans de prison ferme. Depuis le début de cette “parodie de procès”, les avocats crient au défaut de preuves nécessaires pour la condamnation de leur client. Un cadre du parti de Kabund a, sans mâcher les mots, parlé de la forfaiture d’une justice à la solde du régime Tshisekedi. Pour lui, “Kabund sortira comme Mandela afin de libérer le peuple congolais de la dictature actuelle”.
Arrêté le 9 août 2022 et détenu depuis à Makala, la grande prison de Kinshasa, plusieurs chefs d’accusation pèsaient sur l’ancien chef du parti présidentiel. Il a été condamné notamment pour outrage au Parlement, outrage au gouvernement, offenses envers le chef de l’État et propagation de faux bruits. Malgré ses démêlés judiciaires, Jean-Marc Kabund s’affichait toujours en candidat à la présidentielle de décembre prochain. Au finish, son parti n’a pas été reconnu par l’Etat.
Élu de Kinshasa, JM Kabund est passé à l’opposition en juillet 2022 après avoir été radié du parti présidentiel et avoir démissionné de son poste de 1er vice-président de l’Assemblée nationale. Lors de l’annonce de la création de son propre parti politique, “Alliance pour le changement”, il avait fustigé “l’absence de vision claire” , “l’incompétence notoire et la mégestion institutionnalisée caractérisée par l’insouciance, l’irresponsabilité, la jouissance et la prédation au sommet de l’État” par le camp du président Félix Tshisekedi. Des propos qu’il n’avait cessé de reprendre lors du procès.