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Déplacés malnutris et abandonnés autour de Goma, Jean-Paul Segihobe lance un SOS

Le pays est secoué par une catastrophe humanitaire dans les camps de déplacés autour de Goma au Nord-Kivu, alerte le député national Jean-Paul Segihobe Bigira, élu du territoire de Rutshuru. A Ouragan, l’homme d’État relaye les angoisses d’une population démunie au lendemain sombre mais décrit aussi la morosité de la vie qu’elle vit au quotidien.

Par Landry Amisi

Le professeur Jean-Paul Segihobe Bigira, député national élu du territoire de Rutshuru. @Photo Droits tiers.

publié le 7 septembre 2023 à 10:02:16

La situation actuelle des populations déplacées de Masisi, Nyiragongo et Rutshuru est dramatique. Un choas humanitaire qui nécessite l’attention des décideurs et de l’opinion. De ses pérégrinations dans la zone, Segihobe se sent offusqué par ce sentiment d’abandon qui accueille tout visiteur dans les camps de déplacés. “A Kanyaruchina, la vie est intenable”, explique-t-il. Les humanitaires se sont fait l’écho de cette situation mais Kinshasa ne bouge presque pas. Des déplacés meurent chaque jour de choléra et de faim, relate l’élu de Rutshuru qui a finalement poussé un coup de gueule. En plus, il y a la multiplication de cas de viol, se désole-t-il. Tout ça sous l’œil impuissant du pouvoir public, note le professeur de droit de l’université de Kinshasa.

Ci et là dans le camp de Kanyaruchina, ses oreilles ont entendu de passage aux côtés des maisonnettes de fortune en bâche que “quelqu’un y entre ici chrétien mais en sort païen”. Le récit traduit le contexte de vivre dans un tourment où les repères de la vie sont perdus.

Bien plus, une rhétorique dangereuse revient depuis un temps dans la bouche des déplacés. “Ils nous ont bannis”. Les déplacés se sentent exclus de la société par le pouvoir de Kinshasa. “Ils me disent que vous de Kinshasa vous vous moquez de nous. Au lieu de nous amener à manger, de nous soigner, vous nous amènez les machines pour nous faire enrôler”. Un enseignant a interpellé son élu lui démontrant le caractère immoral de cette opération qui se déroule dans un océan des populations affamées. Preuve, à leurs yeux, que le gouvernement fait fi de leurs revendications.

– Des populations dépitées préfèrent l’enfer –

Martyrisées, les populations choisissent de plus en plus de rentrer en enfer dans la zone contrôlée par le M23. Une claque pour les autorités congolaises. L’élu de Rutshuru appelle le gouvernement à faire de cette tragédie, une priorité. Segihobe repousse le nihilisme politique mais devant l’évidence, il se sent dans l’obligation d’agir. Dans l’entre-temps, les ménages sont permamnement en détresse. “Ce qui nous intéresse, c’est la vie de ces personnes. La vie des déplacés doit nous préoccuper tous en tant que nation”, a tempêté le notable du coin, l’un des plus adulés.

Bien que les organisations humanitaires soient en grand nombre, le plaideur hors pair des causes de l’Etat congolais dans plusieurs juridictions l’internationales pense qu’elles ne peuvent pas remplacer l’Etat. Voilà que les déplacés sont devenus de mendiants dans la ville de Goma, fait constater le député qui estime que la situation s’est aggravée parce que l’aide de l’exécutif central arrive au compte-gouttes. L’État doit s’assumer, martèle-t-il. “On a un ministère des Affaires sociales et humanitaires qui doit jouer ce rôle. On a pas d’autres recours en dehors de l’Etat”. En tant qu’autorité budgétaire, le député Segihobe soutient que l’Assemblée nationale et le Sénat doivent accroître cette fois-ci le bugdet pour permettre à ce ministère de secourir cette population meurtrie. “Effectivement, cette situation doit nous interpeller. Au cours de cette session, j’espère que le gouvernement va augmenter le budget du ministère des Affaires humanitaires. Sinon, nous en tant qu’élus, nous devons accroître ce budget pour garantir les interventions humanitaires sur le terrain. J’attire l’attention des parlementaires sur le drame humanitaire qui se vit dans l’est”, a-t-il répété.

– Sans le vote des populations de Masisi et Rutshuru, la légitimité de nouveaux dirigeants pourra poser problème –

Les populations de Rutshuru ne vont pas voter en décembre prochain. Dans la majorité, elles ne s’étaient pas fait enrôlées parce que coincées dans les zones sous contrôle du M23 soutenu par le Rwanda. La situation est pareille pour Masisi et une partie du Nyiragongo. Un débat émerge cependant dans l’opinion sur la légitimité des dirigeants qui n’auront pas bénéficié des suffrages de ces populations. Si jamais il y a élections, sans Masisi et Rutshuru, la légitimité des dirigeants ne sera pas totale parce qu’une bonne partie du territoire n’aura pas voté, développe le professeur de droit. Au niveau provincial, le problème va se poser d’ailleurs acuité, dit-il. Là, ce sont les députés provinciaux qui élisent le gouverneur. Et les dirigeants de la province issus de ces urnes auront quel degré de légitimité. “Au Nord-Kivu, comment avoir un gouverneur qui n’a pas été élu par les habitants de Masisi et Rutshuru via leurs représentants. Au-delà du gouverneur, il y a aussi les sénateurs. Le risque, c’est d’avoir un Sénat sans les représentants de Masisi et Rutshuru”, se plaint un cadre de la territoriale. “Qu’on le veuille ou pas, la question de légitimité va se poser surtout pour les populations de ces deux territoires”, a démontré Segihobe.

– Les Hutus et Tutsis congolais, premiers remparts contre la balkanisation –

Parfois assimilés à tort aux Rwandais, les Hutus et Tutsis congolais sont les premiers remparts contre la balkanisation. Mais les critiques acerbes qu’ils subissent, ce sentiment de rejet à l’appartenance nationale les frustre. La tendance à les coller à tout prix au Rwanda les blesse au plus profond d’eux, mais selon l’élu de Rutshuru, ils ne réchignent jamais à l’idée de démontrer leur attachement à la mère patrie. Les Hutus comme les Tutsis congolais ont toujours bloqué la balkanisation. Depuis la colonisation ou même avant, les Hutus de Rutshuru sont toujours Congolais et ont choisi de rester Congolais. “Ce sont ces populations qui ont refusé la balkanisation. Elles ont perdu beaucoup de membres de leurs familles pour défendre l’intégrité de ce pays. Si ces populations de Masisi, Rutshuru et Nyiragongo avaient accepté le deal avec le Rwanda, le Congo n’aurait pas ses frontières qu”elle a aujourd’hui”, détaille le professeur Jean-Paul Segihobe qui dit “stop” à la stigmatisation. Les Hutus de Rutshuru ne sont pas des Rwandais. La même tribu, vous la trouverez aussi en Tanzanie, au Burundi et en Ouganda. Même chose pour les Tutsis qui sont aussi dans tous ces pays de la région.

– Comment mettre fin à la guerre ? –

A haute voix, le député élu de Rutshuru exige au gouvernement congolais de reprendre le contrôle de l’ensemble du territoire. Pour cela, exhorte-t-il, Kinshasa doit trouver les meilleurs moyens politiques, diplomatiques et militaires pour mettre fin à la guerre et permettre ainsi à ces populations de Rutshuru, Masisi et Nyiragongo aujourd’hui en errance, de rentrer dans leurs milieux de vie.

Ces déplacés avaient quitté leurs villages d’origine, fuyant les affrontements entre l’armée congolaise et les rebelles du M23. Au total, des centaines de milliers de Congolais ont déjà pris la route à cause du conflit, selon les Nations unies. Au moindre coup de tir, ces familles se remettent chaque fois en chemin, matelas sur la tête et vêtements emballés à la hâte dans des sacs en plastique. Direction Goma qui passe pour un havre de paix.

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