La Case demande au gouvernement congolais de reconsidérer sa décision sur le retrait accéléré et ordonné de la Monusco du territoire de la République démocratique du Congo. Pour Simaro Ngongo, la Monusco est l’organisation la mieux indiquée à accompagner la jeune et fragile démocratie congolaise en cette période délicate de fin de législature.
Les casques bleus de la Monusco en train de patrouiller dans la ville de Goma au Nord-Kivu dans l’est de la République démocratique du Congo. @Photo Droits tiers.
La Commission africaine pour la supervision des élections (CASE) exhorte le gouvernement de la République démocratique du Congo à reconsidérer sa décision de poursuivre l’exécution du Plan de retrait accéléré et ordonné de la Monusco, lequel est censé commencer dès la fin de cette année 2023. “Cette décision est politiquement et sécuritairement contre-productive en ce sens qu’elle pourrait impacter négativement la fragile stabilité du territoire national”, a souligné lundi la Case dans une note d’analyse électorale largement partagée sur les médias sociaux.
La CASE motive son point de vue par la situation sécuritaire toujours alarmante que traverse la RDC. “La RDC souffre encore et toujours d’une agression dans sa province du Nord-Kivu et d’une instabilité sécuritaire accrue dans ses provinces du Sud-Kivu, de l’Ituri, du Maniema et même du Tanganyika”, souligne Simaro Ngongo indiquant que “précipiter le départ de la Monusco exposera le pays et sa population à davantage de risques”.
– Rôle historiquement pertinent de l’ONU en RDC –
La Case rappelle au gouvernement que la jeune démocratie congolaise marche à reculons à cause non pas d’une quelconque faiblesse de l’assistance internationale, mais surtout en raison de l’incapacité et de l’inconduite des dirigeants. “Les Nations unies ont déployé en RDC des actions d’assistance technique, logistique et sécuritaire depuis vingt ans”, rappelle la Case. Dans le cadre de l’accompagnement de la transition en République démocratique du Congo (RDC) et plus particulièrement, en vue de la tenue du référendum et des élections prévues dans le cadre de l’Accord global et inclusif signé à Pretoria, en Afrique du Sud, le 16 décembre 2003, I’Organisation des Nations unies avait invité l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) à effectuer avec elle une mission conjointe d’évaluation des besoins spécifiques d’accompagnement politique et électoral en République démocratique du Congo du 18 au 29 novembre 2003. Dans ce cadre, souligne la Case, “le tout premier cycle électoral fut totalement financé par la Communauté internationale”. Cette structure spécialisée en matière électorale fait observer que “les élections de 2006 furent les mieux organisées de l’histoire de la RDC alignant les vrais élus de différentes circonscriptions avec une carte d’électeur de qualité irréprochable et des bulletins papiers”. Un appui réitéré en 2011 où la Mission de l’Onu avait contribué significativement au déploiement du matériel électoral en livrant sur le terrain 99,5% d’équipements. “La Monusco s’était chargée de la plupart des livraisons aériennes et la CENI du transport par route. La Monusco a livré 100% du matériel non sensible (kits électoraux, matériels de sensibilisation/ de formation, des isoloirs, des bulletins de vote) et 98,5% du matériel sensible (bulletins de vote), soit environ 1.813 tonne de matériel électoral d’un centre à un autre. Le matériel sensible était livré pendant 11 jours seulement (du 19 au 29 novembre)”, indique la note d’analyse électorale de la Case. À cette époque, la Monusco avait transporté 180 observateurs électoraux internationaux et 169 membres de la CENI pendant les opérations électorales, rappelle Simaro Ngongo, président de la Case.
– Mauvaise intention du gouvernement ? –
La CASE craint que le gouvernement congolais cache mal ses véritables intentions en choisissant de se débarrasser de la Monusco à une période extrêmement critique de l’histoire du pays. “Alors que le régime Tshisekedi excelle dans la violation des libertés publiques pendant cette période préélectorale, le travail appréciable du Bureau conjoint des Nations unies pour les droits de l’homme (BCNUDH) de constater et dénoncer les violations des droits de l’homme dans le contexte des élections, n’arrangerait pas les dirigeants de l’Union sacrée”, déclare Simaro Ngongo. La CASE soutient haut et fort que la Monusco est plus que jamais indispensable, utile, incontournable et même vitale pour la stabilité de la situation sociopolitique et électorale de la RDC. À cet effet, elle invite les notables et leaders des provinces de l’est du pays (Nord-Kivu, Sud-Kivu, Ituri, Tshopo et Maniema) à ne plus tomber dans le piège du gouvernement qui pousse certains jeunes à s’attaquer gratuitement à la Monusco. “S’il faut choisir entre les forces de l’EAC, les troupes du M23 et les armées rwandaise et ougandaise qui constituent un poids de trop à la crise sécuritaire du pays, la Mission d’observation des Nations unies en République démocratique du Congo (Monusco) reste la meilleure réponse au contexte”, souligne Simaro Ngongo.
Ainsi, la CASE invite la cheffe de la Monusco à prendre en compte la fragilité de la situation politique et sécuritaire de la RDC, avant d’abandonner le peuple congolais à son triste sort. Car, avertit l’organisation, “l’absence de la Mission de l’ONU pourrait occasionner une recrudescence de l’instabilité interne et externe de la République démocratique du Congo”. Simaro Ngongo interpelle ainsi la Monusco lui recommandant de ne plus cajoler le gouvernement congolais dont les méthodes et les intentions autour de la gouvernance politique et électorale n’inspirent pas confiance.