La tournure progressive du procès Salomon Idi Kalonda Della inquiète davantage sa famille, ses proches et même son conseil. Une certaine malice s’y opérerait dans le but d’atteindre la principale cible du dossier, tranche clairement un membre d’Ensemble pour la République. Pour ce parti de l’opposition, Moïse Katumbi Chapwe est la personne visée d’autant plus qu’il n’a jamais quitté le viseur du pouvoir.
L’opposant Salomon Kalonda Idi Della toujours écroué à Ndolo alors que le dossier est vide, s’indignent ses avocats. @Photo Droits tiers.
À la première audience, le procureur avait détaillé les charges qui pèsent sur l’opposant : trahison, atteinte à la défense nationale et incitation de militaire à commettre des faits contraires à la discipline. Les deux premiers chefs d’accusation sont étayés par des conversations sur la messagerie WhatsApp.
Après l’abandon de la charge principale par l’organe de la loi, la défense est montée au créneau pour dénoncer les infractions complémentaires que l’accusation a ajoutées pour faire porter à tout prix le chapeau à l’opposant Salomon Idi Kalonda Della. D’abord, le collectif trouve illogique qu’on impute la responsabilité de divulgation de “secret défense” ou “d’atteinte à la défense nationale” à quelqu’un qui ne fait pas partie du système. “Il n’est ni dans l’armée, ni dans la police moins encore dans les services de sécurité, comment peut-il détenir des informations secret défense à livrer à l’ennemi”, a râlé un membre du collectif qui parle plutôt d’un montage grossier pour clouer un opposant. En plus, il s’étonne qu’on le charge de trahison et incitation de militaire à commettre des faits contraires à la discipline. Il a trahi qui, comment et pourquoi ? Jamais au grand jamais, ce patriote nationaliste ne peut brader la souveraineté de son pays. Nulle part, il est avéré qu’il a comploté contre son pays. Ces allégations avancées par l’organe de la loi sont infondées parce qu’il ne sera pas en mesure de les prouver. Dire que dans le cadre de football, il détient, dans son répertoire, un numéro de téléphone d’un dirigeant d’un club de football rwandais n’est pas un pêché. Si c’est ça la trahison alors qu’on revient à l’époque du Rassemblement avant les élections. Qui organisait les rencontres entre le président rwandais et les opposants congolais de l’époque, “questionne un ex-cadre de premier rang du Rassop. Le fait pour les anciens dirigeants d’avoir ce contact signifie qu’ils sont de mèche avec l’ennemi”, s’est interrogé un ténor d’Ensemble qui dénonce l’acharnement alors que le pouvoir, rappelle-t-il, avait conclu au vu et au su de tout le monde et malgré la protestation de la population et de la société civile du Nord-Kivu, des contrats juteux avec les amis d’hier devenus aujourd’hui des ennemis jurés.
Pourtant, Ensemble, dans son communiqué, avait rejeté toute participation des armées rwandaise et ougandaise dans la force régionale de l’EAC pour leurs accointances avec le M23. Pour le parti de Katumbi, seul l’Angola inspirait confiance. Dans la déclaration, Ensemble moins encore SK Della n’ont ménagé le Rwanda, ou encore l’Ouganda. Par contre, le pouvoir, fustige Epenge, a ouvert les frontières à l’armée ougandaise dont la proximité avec l’armée rwandaise est dénoncée quotidiennement par les forces vives du Nord-Kivu.
Au sujet du militaire que SK Della aurait poussé à commettre des faits contraires à la discipline militaire, les avocats s’interrogent quel intérêt un citoyen exemplaire comme Kalonda a-t-il de dérouter un militaire de formation et de carrière, de son travail quotidien. Seulement, nuancent-ils, être militaire ne te détache pas de ta famille, de tes frères et sœurs. Si Salomon Kalonda a rencontré ou échangé avec un membre de sa famille, militaire soit-il, cela ne veut pas dire qu’il l’a empêché de faire son travail d’autant plus que lui-même ne réside pas à Kinshasa. Toutes ces infractions, aux yeux de ses avocats, ont un seul objectif. Bloquer la machine Katumbi. Bref, l’affaire du chauffeur étiqueté militaire a fini par démontrer les insuffisances argumentaires de l’accusation. C’est aussi le cas des autres charges alléguées.
– Ensemble alerte –
Lundi 10 juillet 2023, le secrétaire général d’Ensemble pour la République, Dieudonné Bolengetenge Balea, prévenait déjà de la dérive du pouvoir à nuire à son parti, à Salomon Idi Kalonda Della ainsi qu’à son président Moïse Katumbi.
« Il fait l’objet d’un montage grossier des services, en vue de nuire à sa personne et à l’organisation politique à laquelle il appartient, précisément en ce moment déterminant où approchent des élections. Cette cabale est orchestrée suite à la montée en puissance de l’opposition politique et particulièrement du président national du parti Ensemble pour la République. En définitive, c’est une affaire politique et non judiciaire ».
– Katumbi, le plus visé –
À quelques semaines du début de dépôt des candidatures à l’élection présidentielle de décembre 2023, l’ombre de Katumbi planerait encore dans certaines officines politiques. Sa candidature ne serait pas la bienvenue, même si certains autres candidats de l’opposition se mettent en retrait du processus. Après les révélations de l’ancien Premier ministre, Augustin Matata Ponyo, selon lesquelles l’arme attribuée à Salomon Idi Kalonda appartiendrait à son garde du corps, le parti politique Conservateurs de la nature et démocrates (Conadé) ne cesse d’exiger sa libération pure et simple. Le président de Conadé, Moïse Moni Della, pense que le reste des accusations contre Salomon Idi Kalonda n’est que du montage et appelle le chef de l’État à s’impliquer personnellement pour sa libération, question de permettre à tous les acteurs politiques de participer aux élections, estimant que les services ont induit toute la nation en erreur. « On a induit plus particulièrement le président de la République en erreur, parce que moi personnellement, je l’ai accusé nommément. Maintenant avec cela, le président de la République peut prendre son courage, étant le premier magistrat, et donner l’ordre de libérer Salomon », avait-il souligné le 8 juin dernier.
– Salomon très malade –
Pour les membres de famille, la santé du prévenu Salomon Idi s’est gravement détériorée. Au lieu de faire droit à cette urgence, l’organe de la loi a préféré faire fixer l’affaire le 17 août et aussitôt demander que l’affaire soit renvoyée au 18 septembre. Pendant ce temps, rien n’a été dit, rien n’a été entrepris pour garantir les soins appropriés au prévenu, en violation de ses droits.
À tous ceux qui peuvent être tentés de dire qu’ils tombent tous malades une fois en prison, la réponse est que Salomon Kalonda n’est pas un criminel, moins encore un récidiviste pour s’habituer aux réalités de l’environnement carcéral. Il a tenu pendant près de trois mois loin de son milieu naturel, c’est normal que son état de santé soit secoué. Le droit à la santé est un droit reconnu à tous. La prison n’est pas un lieu de résidence normale. C’est un environnement hostile, un environnement de stress, propice à de nombreuses morbidités. Un environnement dans lequel il est compliqué de soigner les maux chroniques qui viennent avec l’âge. Et quand on est innocent, et qu’on ne se reproche de rien, chaque jour passé en prison est un traumatisme en plus , font-ils remarquer.
Les révélations de l’ancien Premier ministre Matata Ponyo sur la prétendue arme appartenant à Salomon Kalonda faites après la conférence de presse de l’état-major des renseignements militaires, avaient mis fin au débat. « Le pistolet Jericho attribué faussement à M. Salomon Kalonda, collaborateur de Moïse Katumbi, appartenait plutôt à mon garde du corps qui l’avait reçu en bonne et due forme de la police depuis que j’étais Premier ministre. Cette arme est perdue, le 25 mai, le jour du sit-in », avait admis Matata Ponyo. Conséquence, le ministère public s’est vite rétracté abandonnant sa charge principale. Preuve que le dossier était vide, a insisté l’avocat Hervé Diakese.