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Procès Salomon Kalonda : le ministère public abandonne sa principale charge

Les avocats de Salomon Idi Kalonda sont surpris des nouveaux chefs d’accusations imputés à leur client et se posent la question de savoir ce qu’il en est de la charge principale pour laquelle Salomon avait été pris comme un malfrat prétendument pour détention d’une arme Jericho. Lors de son procès jeudi, il a été constaté que les raisons de son arrestation sont tombées. À la place, on évoque aujourd’hui d’autres charges, notamment de « trahison et divulgation des secrets de l’armée ». Un véritable rétropédalage de l’organe de la loi. L’affaire a été renvoyée au 18 septembre 2023.

Par Landry Amisi

L’opposant Salomon Kalonda Della mercredi à l’ouverture de son procès à la prison militaire de Ndolo. @Photo Droits Tiers.

publié le 18 août 2023 à 05:10:00

Le procès tant attendu de l’opposant Salomon Kalonda Della, conseiller spécial de Moïse Katumbi Chapwe, candidat à l’élection présidentielle de décembre 2023, a été ouvert jeudi 17 août 2023 à la prison militaire de Ndolo, à Kinshasa. Pour son conseil, cette première audience a permis de constater l’acharnement. Étant donné que depuis son interpellation, beaucoup de choses ont été dites, notamment sur les faits qui étaient mis à sa charge. « Il y a même une conférence de presse au cours de laquelle on a dit qu’il était détenteur d’un pistolet et que ce pistolet aurait servi à l’organisation des manifestations qui auraient dû être pacifiques », a commenté Maître Hervé Diakese. La principale accusation a disparu. Personne des parties au procès n’en a donné le moindre détail. Décidément, un flou additionnel se greffe au dossier. « Et vous vous rendez compte qu’aujourd’hui cette accusation n’est même pas retenue », a réagi Maître Diakese. Ce qui démontre, dit-il, avec quelle légèreté les poursuites dès le départ, ont été entamées contre Salomon Kalonda. Pour lui, “si on était dans un pays sérieux, Salomon serait libre parce que son dossier est vide”.

– Nouvelles accusations tombées de nulle part –

Le porte-parole du collectif des avocats de Salomon Kalonda Idi Della ne s’explique pas que des faits qui, juridiquement, ne tenaient pas, soient aujourd’hui brandis face à l’accusé. « L’ensemble d’autres accusations que nous découvrons avec vous, n’ont strictement rien avoir avec les infractions pour lesquelles on l’avait interpellé. Et de la suite d’une interpellation frauduleuse sur des faits totalement inexacts, ce qui n’ont pas même été soutenus aujourd’hui. Nous nous rendons compte qu’il y a d’autres accusations qui naissent dans la même logique contre laquelle nous allons très vite amener des éléments probants en temps utile, mais, tout en exploitant les droits de notre client », a renchéri Maître Hervé Diakese. En plein procès, le ministère public a parlé « d’intelligence ou d’échange de documents relevant les secrets défense », explique l’avocat. Or pour divulguer les informations secrets défense, par nature et par fonction, il convient d’être détenteur desdits secrets. Tel n’est pas le cas pour Salomon Kalonda qui, ni par sa fonction, ni dans tout ce qu’il a à faire, n’y est pas. Il était dit dès le départ qu’on recherchait un prétexte pour le neutraliser et l’amener dans une procédure. “Il n’a que faire”, a pesté l’avocat.

– Salomon Idi Kalonda est innocent –

La défense de Salomon SK Della souligne un deuxième fait à retenir, et pour lequel elle promet de démontrer que son client est innocent. « Il n’a rien à faire devant la justice militaire parce que ce n’est pas son juge naturel et de toutes les façons, il n’ a rien à faire devant toutes les justices du pays, parce que les faits qu’on met à sa charge, sont totalement faux et sont issus d’une irrégularité, d’une interpellation qui était fondée sur une accusation fausse dont les auteurs aujourd’hui n’ont pas eu le courage de les soutenir devant la justice », a soutenu Hervé Diakese. C’est aussi le cas pour les allégations selon lesquelles Salomon entretiendrait des liens avec le Rwanda. « C’est toujours l’accumulation de l’acte initial. Nous étions dans le pistolet, maintenant nous sommes avec le M23, demain on sera avec Al-Qaïda… Après demain, on ne sait pas avec quel autre mouvement », s’est-il préoccupé. Cette audience de première comparution qui visait non seulement à identifier l’accusé, tenait aussi à faire savoir les faits pour lesquels le prévenu a été traîné devant la justice militaire.

Le conseiller spécial de l’opposant Moïse Katumbi, en détention depuis le 30 mai d’abord à l’ex-Demiap puis à la prison de Ndolo, vit le martyre. Son procès risque de compromettre l’image déjà ternie de la justice congolaise, face aux accusations formulées contre l’accusé, jugées fantaisistes par ses avocats, convaincus que leur client est l’objet d’une machination politique montée pour nuire Moïse Katumbi. Un mois avant, l’opinion a constaté la remise en liberté provisoire accordée à Fortunant Biselele, l’ancien conseiller privé du président Tshisekedi, accusé de « trahison, atteinte à la sûreté de l’État et propagation de fausses nouvelles ». Aux yeux de l’opinion, cet acte apparaît comme une politique de deux poids, deux mesures. Mukebayi, Kabund et Kalonda sont toujours détenus sous des prétextes purement politiques, insiste Ensemble pour la République.

En dehors de l’instrumentalisation de la justice, le fils du Maniema sera libéré, assure un avocat au parfum du dossier. Des leaders de l’opposition accusent nommément Félix Tshisekedi d’avoir monté ce coup pour clouer le cerveau moteur de Katumbi, le candidat déclaré à la présidentielle de décembre 2023. Kalonda s’est attiré la foudre du régime juste après la marche réussie du 20 mai qui avait été réprimée dans le sang.

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