“Matata Ponyo ne se reproche de rien”, rassure son avocat-conseil, Maître Laurent Onyemba après la première audience du procès Bukanga Lonzo à la Cour constitutionnelle dont l’affaire est remise au 4 septembre 2023. Toutefois, la défense annonce que l’ancien Premier ministre ne pourra se présenter devant les juges que si toutes les conditions sont réunies.
Augustin Matata, leader du parti LGD, candidat déclaré à la présidentielle de décembre 2023 et ancien Premier ministre. @Photo Droits tiers.
Le juge président de la Cour constitutionnelle exige à ce que le leader du LGD comparaisse avant ses avocats. “Je ne peux pas me prononcer pour le moment, mais Matata Ponyo sera présent si toutes les conditions sont réunies pour qu’il coopère avec la justice”, assure l’avocat de Matata.
Le procès est repoussé de deux semaines en raison de plusieurs irrégularités dans la procédure. À l’exception de l’ex-gouverneur de la Banque centrale du Congo, Deogratias Mutombo, le juge président de la haute Cour a estimé que les prévenus Augustin Matata et Christo Gloobler n’ont pas été régulièrement saisis de la citation à prévenu. Le président de la Cour constitutionnelle a ordonné à ses services de relancer la procédure, car, a-t-il martelé, Matata et Gloobler ont des adresses connues.
En novembre 2020, l’Inspection générale des Finances (IGF) de la RDC avait conclu que 205 millions de dollars américains, sur les 285 millions décaissés par le Trésor public pour le parc agro-industriel de Bukanga Lonzo, un projet agricole pilote à 250 km au sud-est de Kinshasa, avaient été détournés. Au moment de la signature du contrat de gestion avec l’État congolais, Africom, la holding sud-africaine, chargée de la gestion du projet, n’avait que trois ans d’existence. Bien plus, selon les enquêteurs, le recrutement d’Africom s’est déroulé en violation de la procédure de passation des marchés publics. Il s’est opéré de gré à gré et sans l’autorisation de la direction générale de contrôle des marchés publics. Selon l’Igf, avec le décaissement de l’État, ce projet aurait pu s’autofinancer à partir de la deuxième année, mais il a été plombé notamment, ajoute-t-elle, par des cas de détournements et de surfacturation ainsi que par l’opacité dans la gestion.
Pour l’Igf, l’auteur intellectuel de cet échec, c’est l’ancien Premier ministre. Les proches de Matata Ponyo rétorquent : « Cette accusation ne repose sur aucun fondement juridique. S’il est vrai qu’il a impulsé le projet, il n’en est point l’opérateur ». Ils ajoutent aussi que les paiements, en provenance du Trésor public, ne sont jamais opérés par la primature, mais par le ministère des Finances. Ils soutiennent que la vraie débâcle de Bukanga Lonzo est intervenue après le départ de Matata Ponyo Mapon de la primature, en décembre 2016.
Aujourd’hui sénateur et candidat déclaré à la présidentielle prévue le 20 décembre 2023, M. Matata fut Premier ministre de 2012 à 2016 sous le régime de l’ex-président Joseph Kabila qui a dirigé la RDC de 2001 à 2019. À haute voix, le principal accusé de l’affaire Bukanga Lonzo et ses proches dénoncent un complot politique et pointent la responsabilité du chef de l’État actuel, Félix Tshisekedi. L’opposant estime que des poursuites judiciaires font partie des manœuvres visant à l’écarter de la course à la présidentielle de décembre prochain en République démocratique du Congo.