François Beya, “l’ex-Monsieur sécurité du chef de l’État” qui poursuit ses soins médicaux en France, n’est toujours pas sorti de ses peines. À la réouverture de son procès le mercredi 9 août 2023 à la haute cour militaire à Kinshasa, l’organe de la loi a maintenu ses charges. Malgré son absence, la nouvelle composition menace de juger le sécurocrate par défaut.
L’ancien conseiller spécial du chef de l’État, François Beya devant la barre à la prison centrale de Makala. @Photo Droits tiers.
Absent au pays et dans le box des accusés lors de l’audience de reprise, Beya va faire face à un nouvel orage. Il sera jugé par défaut. Mais l’an dernier, la défense de l’ancien “spécial” avait réussi à retoquer cette procédure. Maître Jeannot Bukoko a rappelé que : « Nous tirerons toutes les conséquences du droit. Nous aurons à fournir éventuellement des preuves qui vont devoir attester que l’état de santé de François Beya ne lui permet pas de comparaître en personne. Mais la loi a prévu des mécanismes légaux qui lui permettraient d’être représenté par ses conseils ».
Ses coaccusés encore en détention à Kinshasa, Guy Vanda Nowa, les colonels Pierre Kalenga, Lily Thambwe Mauwa et Tite Mokili ont dégainé mercredi en sollicitant tous les nouvelles demandes de liberté provisoire. La Cour a pris acte des moyens exposés par la défense et a invité les avocats à déposer les « soubassements » avant de rendre son verdict dans une semaine. « La liberté provisoire n’est pas un droit acquis, mais la demande est un droit garanti », a prévenu le ministère public. « On nous a mis dans l’impossibilité de donner notre avis », a déploré sur Radio Okapi, le général magistrat Cyprien Muwawu Sanzu. « C’est séance tenante que nous apprenons que tous les prévenus ont introduit leurs demandes ». Pour le cas Lily Thambwe Mauwa, ses avocats avancent les raisons de santé et familiales. « Il est injuste de garder les présumés complices en détention alors que vous avez accordé la liberté provisoire au principal accusé qui continue à se faire soigner à l’étranger », a maugréé sa défense.
L’assistant de l’ancien conseiller spécial du chef de l’État, les deux colonels de l’armée et la femme officier supérieur de la police sont présentés comme complices dans ce que le procureur militaire décrit comme un « complot contre la vie du chef de l’État ». Selon Me Peter Ngomo, avocat de la défense cité par RFI, « le procès n’évolue pas ». « Ne faudrait-il pas que nos clients soient remis en liberté provisoire pour qu’ils puissent aussi jouir de leur liberté, ce sont aussi des parents, pour qu’ils puissent prendre en charge leurs familles respectives ? », interroge-t-il avant d’ajouter : « Il y en a qui sont malades. Nos clients n’ont rien fait de mal ».
L’ex-patron du Conseil national de sécurité (CNS), François Beya, est accusé, avec quatre autres policiers et militaires, de complot et offense au chef de l’État et incitation des militaires à commettre des actes contraires à la discipline et violation des consignes.
La juridiction militaire avait accédé, le 16 août 2022, à la demande de remise en liberté provisoire sollicitée par François Beya, l’ex-conseiller spécial en matière de sécurité du président Félix Tshisekedi. Elle avait examiné le rapport médical de son médecin, mais aussi les médecins requis par la haute cour. Tous avaient recommandé « l’évacuation sanitaire urgente » du super flic en vue de sa prise en charge par ses médecins traitants. Depuis lors, il n’est plus encore rentré au pays.