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Victime des violences conjugales répétées, une femme traîne son bourreau en justice

En République démocratique du Congo, les violences basées sur le genre persistent, selon le Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés. Rien qu’en début 2023, la RDC a enregistré près de 1 000 cas.

Par Lydie Matadi

Une femme victime des violences conjugales @Photo Droits tiers.

publié le 12 juillet 2023 à 12:55:22

Dans un communiqué publié en 2022, le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) démontre, à travers ses statistiques, qu’une femme sur trois dans le monde a déjà subi des violences basées sur le genre dans sa vie alors qu’en RDC, une femme sur quatre âgée de 15 ans ou plus, a déjà été victime de ce fléau dans sa vie. L’UNFPA estime que la violence conjugale touche 52% des femmes en âge de procréer.

Les récents chiffres rendus publics font état de 45 % des femmes en RDC qui ont déjà été victimes des VBG. Le plus souvent, les victimes des violences sexuelles et basées sur le genre dénoncent rarement leurs situations préférant rester dans le silence par peur ou encore par découragement de voir l’action dirigée contre leurs bourreaux, aboutir. Hélène a porté plainte contre son partenaire au tribunal de N’djili pour violences domestiques, injures ainsi que coups et blessures volontaires. Une décision qui n’a pas été facile à prendre pour la jeune femme âgée d’une trentaine d’années et mariée depuis l’âge de dix-huit ans. Le fait s’est déroulé au quartier 3 à Masina, une des communes les plus peuplées de la ville de Kinshasa. Larmes aux eux, elle raconte son calvaire.

Au début de notre relation, tout allait bien. C’est quand j’ai eu mon deuxième enfant, un événement qui a coïncidé avec la perte de son premier boulot qu’il a commencé à me brutaliser d’abord verbalement. Et comme je m’étais lancée dans la débrouillardise en vendant des légumes et fruits au marché, chaque fois que je rentrais à la maison, il m’obligeait à lui remettre de l’argent alors que toutes les charges de la maison reposaient sur moi, explique Hélène.

Et de poursuivre : « Je croyais que c’était parce qu’il n’avait pas d’emploi. Il a trouvé un autre boulot mais son comportement n’a pas changé. Il n’arrêtait pas de me frapper quotidiennement dès son retour à la maison. D’ailleurs, il rentrait tard et en état d’ébriété ». Et en plus, raconte-t-elle, « Il ne payait ni la maison, ni ne prenait soin de moi, moins encore des enfants. Plusieurs fois, il m’a blessé. Je me disais que je vais supporter pour les enfants et là, j’étais devenue renfermée. Je faisais des cauchemars la nuit ; quand j’entendais quelqu’un crier, je sursautais et je tremblais. Le jour où il m’a frappé devant les enfants jusqu’à ce que je me sois évanouie, c’est ce jour- là que j’ai dit assez », confie Hélène, visage froissé.

La décision de briser le silence

La jeune dame, mère de cinq enfants décide d’abord de se confier à un proche qui acceptera de l’aider à exécuter sa décision, malgré les menaces de son époux. La victime, encouragée par ce proche, est entrée en contact avec un avocat, expert en matière de lutte contre les violences sexuelles et celles basées sur le genre, qui l’a accompagnée d’abord pour préparer la plainte puis pour la déposer.

Le soutien de la justice

Après plusieurs plaidoyers, Mme Hélène a pu obtenir de la justice la décision de séparation de domicile avec son mari, devenu son bourreau. Une décision qu’elle a accueillie avec soulagement car dit-elle, c’est une première victoire qui n’a pas été facile. La justice devait mettre fin à l’impunité des violences dont elle a été victime.

Debout sans désemparer, Hélène a pris son courage pour dénoncer le mal, porter plainte et faire valoir ses droits. « Je me remets petit à petit de mes peurs ; je me sens en sécurité et la paix du cœur revient progressivement. Même si les cauchemars sont encore là, j’ai confiance en Dieu que cela va aussi partir et que je saurais refaire ma vie », déclare-t-elle avec un sentiment mélangé d’amertume et de satisfaction.

Briser le silence face aux VSBG, un geste salué par les OSC

Au Comité national femme et développement (CONAFED), une ONG locale spécialisée dans la promotion et le développement de la femme, on salue le courage de la victime. Pour Rodin Muvuyu, chargé de Programmes, Hélène a posé un acte décisif pour son avenir. La brave peut servir d’exemple pour les autres victimes qui choisissent de se taire. « Dans l’actuel contexte évolutif, c’est normal. Elle peut servir d’exemple pour les autres femmes. Il y a beaucoup d’avantages à dénoncer. Il y a notamment la réhabilitation morale et psychologique ; c’est aussi une manière de promouvoir les droits humains spécifiques à la femme. Hélène a compris que les pratiques rétrogrades de certains us et coutumes sont à combattre. Par ailleurs, dénoncer les VBG contribue à les réduire et ces notions doivent être intégrées à partir des ménages ; les parents et les enfants doivent les maîtriser et les appliquer afin d’avoir des personnes sans discrimination et ainsi mettre fin à l’impunité des violences basées sur le genre », a-t-il encouragé.

Le chargé de programmes du CONAFED ajoute qu’Hélène « a bien fait de dénoncer et cela l’aiderait à recouvrer la paix et la dignité. Parce que, selon lui, certaines conséquences sont brutales, multiformes, à long terme et contribuent à compromettre leur avenir ou toute la vie ».

Porter plainte contre les auteurs des VSBG est légal

Me Laetitia Mazamba encourage les femmes à dénoncer et à porter surtout plainte car, assure-t-elle, la loi les y autorise. Elle cité notamment le Code pénal révisé qui incrimine les coups et blessures subis dans le cadre des violences domestiques et conjugales. Toutefois, la juriste exprime le vœu de voir ces formes de violences faire l’objet rapidement d’une réglementation spéciale compte tenu de l’ampleur qu’elles prennent. “Je salue toujours les vaillantes personnes qui arrivent à survivre des années à des situations insupportables. Elles doivent savoir que dénoncer et aller en justice est très avantageux, car il y a le Code pénal congolais révisé qui érige en infraction tout comportement tendant à enfreindre les droits liés à la personne ou à sa propriété. Il a été complété par la loi sur les violences sexuelles et la procédure en cas de violences sexuelles. Mais aujourd’hui, il y a nécessité de penser à d’autres lois spécifiques pour protéger les femmes mariées ou les enfants dans le ménage. En effet, le code pénal congolais, de l’article 168 jusqu’à 171, parle de violences sexuelles, particulièrement du viol qui est pénalement punissable à l’article 170 ainsi que de l’attentat à la pudeur”, a-t-elle insisté.

Vu l’ampleur du fléau, les autorités congolaises au plus haut niveau n’ont pas baissé les bras. Lors de la conférence internationale sur les violences basées sur le genre organisée en juin 2023 à Kinshasa, le président de la République, Félix Tshisekedi Tshilombo avait renouvelé sa détermination à mettre fin aux violences basées sur le genre en RDC et à redynamiser la campagne “Tolérance zéro” contre les violences basées sur le genre lancée en 2021.

Prenant la parole lors de la commémoration de la Journée mondiale du réfugié célébrée en RDC sous le signe de la lutte contre les VBG, la ministre d’Etat de la Justice, Rose Mutombo, s’est dit optimiste sur l’amélioration du cadre légal et institutionnel dans la lutte contre les VBG. A l’occasion, la garde des Sceaux avait annoncé la promulgation prochaine de la Loi sur les violences basées sur le genre en RDC. En attendant, Hélène dit être prête à poursuivre son combat en justice pour obtenir réparation des préjudices subis dans son foyer.

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Le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau a annoncé mercredi 2 octobre avoir ordonné au préfet de Mayotte d’organiser des «vols groupés» pour reconduire les ressortissants de la République démocratique du Congo dans leur pays. «Dès ce mois d’octobre, le préfet de Mayotte, il en a l’instruction, organisera des vols groupés pour pouvoir reconduire les étrangers en situation irrégulière vers la République démocratique du Congo», a déclaré Bruno Retailleau à l’Assemblée nationale lors des questions au gouvernement, interrogé par la députée RN Anchya Bamana.


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L’événement est organisé par le ministère de l’Environnement et développement durable avec l’appui de la FAO et d’autres partenaires comme le Fonds de l’environnement mondial (FEM). Le clou de cette activité a été le lancement de la phase de préparation du projet intitulé : “conservation communautaire de la biodiversité et des moyens de substance dans le contexte du changement climatique en RDC”.

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