Une procédure introduite en début de l’année contre les plus hauts dirigeants du géant de l’énergie Shell pour leur gestion « défaillante » des risques du changement climatique a été rejetée par la justice britannique, a annoncé lundi l’ONG de défense de l’environnement ClientEarth.
ClientEarth avait déposé en février devant la Haute Cour d’Angleterre et du Pays de Galles une action contre le conseil d’administration de Shell pour « ne pas avoir géré les risques matériels et prévisibles posés à l’entreprise par le changement climatique ».
Mais les juges ont rejeté à deux reprises cette procédure, dans une décision adoptée en mai et invalidée lundi, estimant que la plainte n’était pas suffisamment étayée.
L’ONG s’est dit lundi dans un communiqué « déçu » par la décision et a annoncé son intention de faire appel.
L’ONG « ne tient absolument pas compte de la manière dont les administrateurs d’une entreprise aussi grande et complexe que Shell doivent équilibrer une série de considérations contradictoires », a réagi l’entreprise dans une déclaration transmise à l’AFP, se disant « confiante » quant à la suite de la procédure.
En mai, Shell avait obtenu le soutien d’une grande majorité d’actionnaires lors de son assemblée générale annuelle, malgré un début de séance chaotique et de nombreux doutes exprimés sur sa transition énergétique.
Le groupe a annoncé depuis qu’il table désormais sur une production de pétrole « stable » jusqu’en 2030 alors qu’il avait annoncé des objectifs de réduction préalable.
La stratégie du Conseil d’administration pour gérer les risques de la transition énergétique était défaillante élémentaire. Maintenant, (les dirigeants) semblent abandonner carrément toute intention de prendre des mesures significatives, a dénoncé Paul Benson, avocat de ClientEarth, cité dans le communiqué.
L’organisation, qui entame cette procédure en tant qu’actionnaire minoritaire de Shell, estime que les administrateurs du groupe ont manqué à leurs obligations légales en omettant d’adopter et de mettre en oeuvre une stratégie de transition énergétique conforme à l’Accord de Paris, ce que conteste l’entreprise.
Le refus du Conseil d’administration de prendre des mesures décisives (…) met en péril la viabilité commerciale future de Shell, a ajouté M. Benson.
Selon ClientEarth, c’est la première fois qu’un conseil d’administration d’entreprise est interpelé en justice sur son incapacité à préparer correctement la transition énergétique.
Au premier trimestre, Shell a enregistré un bénéfice net part du groupe en progression de 22 % sur un an à 8,7 milliards de dollars, mais a dit début juillet attendre les ventes de gaz « nettement en baisse » au deuxième trimestre.