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Salomon Kalonda Idi Della, le prisonnier du régime

Son état de santé, ses conditions de détention, les charges qui pèseraient contre lui, tout est mystère dans l’affaire Salomon Idi Kalonda, conseiller spécial de Moïse Katumbi Chapwe. La sécurité militaire (Demiap) détient toujours sans motif connu le haut représentant d’Ensemble pour la République dans ses cachots. Son conseil s’inquiète et sa famille est profondément préoccupée. 72h après sa spectaculaire cueillette à l’aéroport international de Nd’jili, rien ne filtre de son lieu de détention, ce que conteste vigoureusement son collectif d’avocats.

Par Landry Amisi

L’opposant Salomon Idi Kalonda Della, bras droit de Moïse Katumbi, le leader d’Ensemble et candidat à la présidentielle de 2023 @Photo Droits tiers.

publié le 2 juin 2023 à 05:02:00

Jeudi, les avocats membres du collectif de Salomon Idi Kalonda Della ont été de nouveau interdits de voir leur client dans les cachots de la Demiap. “Nous sommes venus aujourd’hui nous présenter parce que nous avons appris à travers le ministre des Médias, après ce que nous avons constaté comme une sorte d’enlèvement que M. Salomon SK Della a été arrêté et immédiatement conduit aux services de renseignement militaire”, a rapporté à la presse, l’un d’eux, Me Christian Nkoy. 24h auparavant, Moïse Moni Della, frère aîné du bras droit de Moïse Katumbi, avait dénoncé une arrestation planifiée. “J’ai dénoncé ça sur le plateau de Peter Tiani et de Flavien. J’avais dit qu’on cherche à arrêter Salomon. Et ç’a été planifié par le président de la République lui-même. C’est au niveau de la présidence, parce que la preuve ce que ce sont les militaires de la Garde républicaine qui ont arrêté Salomon”, avait-il dénoncé à la presse. L’opposant a, en outre, condamné la méthode utilisée par le régime Tshisekedi qui, disait-il, rappelle curieusement celle utilisée par la Gestapo. “On arrête quelqu’un sans mandat, sans suivre les règles de l’art, donc les règles là n’existent pas. Aucune convocation. Et voilà, Salomon a été arrêté aux pieds de l’avion, brutalisé par la Garde présidentielle. Donc, on peut bien déduire que c’est une arrestation commanditée, planifiée par la présidence, et pour ne pas dire le président de la République lui-même. Parce qu’on ne peut pas comprendre que la Garde présidentielle arrête quelqu’un au pied de l’avion alors qu’il y a la police du parquet, les agents de l’ANR… Mais quand ce sont les militaires de la Garde présidentielle qui arrêtent quelqu’un comme ça, ça saute aux yeux, a-t-il ajouté. Pour le leader de CONADE, ancien de l’Udps, point de doute, son frère est un prisonnier personnel du pouvoir. “C’est clair, Félix Tshisekedi cherche à éliminer Salomon de la scène, parce qu’il gêne ses intérêts. Le malheur de Salomon, c’est d’être fidèle au candidat Katumbi qui a toutes les chances de gagner… Donc, il faut affaiblir Katumbi. Et la première cible, c’est Salomon. Mais en ligne de mire, c’est bien Katumbi qui est visé”, a poursuivi Moïse Moni Della.

Le régime tâtonne entre la nationalité belge et le port illégal d’armes

Deux versions circulent dans les milieux du pouvoir sur les chefs d’inculpation de l’opposant. Les uns parlent du port illégal d’armes, les autres avancent la nationalité belge. “Quand on creuse, on sent que le pouvoir a une patate chaude entre ses mains. Il ne sait pas quoi faire”, hurle un ancien magistrat à la retraite qui pour lui, les sbires du régime se sont précipités à l’arrêter avant même que les commanditaires ne fabriquent les charges contre lui. “Là, ils sont plantés”, dit-il. Preuve de plus que SK Della était visé. Pour Ndala, le SK Della constitue un épouvantail pour le pouvoir de Tshisekedi qui espère malheureusement qu’avec sa neutralisation, Katumbi sera affaibli, il se trompe éperdument, cogne-t-il. Des rumeurs qui se propageaient dans la ville sur l’arrestation de quelques membres du pré carré du candidat à la présidentielle de 2023 se sont bizarrement confirmées. Pire que tout, réprouve Franck Diongo, le pouvoir Udps, issu de 30 ans de lutte démocratique, agit à visage découvert dans l’opération de maltraitance des acteurs de l’opposition. La dictature est réelle, dit-il, les signes de l’arbitraire sont là, bref, Tshisekedi et son régime tombent de haut.

Violation de la Constitution

Pas du tout désespérés après le blocus leur imposé, les avocats de SK Della se sont engagés à mener des démarches afin de retrouver rapidement leur client en détresse et dont l’état de santé n’est nullement pas rassurant. “Nous avons sollicité une audience parce que la Constitution de notre pays dans son article 19 précise que même devant les services de sécurité, tout justiciable a droit d’être assisté”, a expliqué maître Christian Nkoy du collectif des avocats de Salomon SK Della. Malheureusement et contre toute attente, ils ont heurté une forte résistance des agents du service. Bloqués à l’entrée, les avocats affirment n’avoir pas eu l’opportunité de rencontrer leur client. “L’article 18 de la Constitution, alinéa 3 précise que tout justifiable, tout individu ou toute personne interpellée par la justice, les services de sécurité et autres, doit immédiatement être en contact avec sa famille et/ou ses avocats. Malheureusement, nous n’avons pas eu cette possibilité de le rencontrer. Et nous sommes vraiment désolés”, a déploré Me Nkoy qui indique être là dans le cadre purement de son exercice professionnel. « En tout cas, il y a un constat malheureux, c’est que nous, avocats, nous n’avons pas eu la possibilité de rencontrer notre client… », a-t-il affirmé. Comment est-il nourri, a-t-il pu trouver de quoi s’échanger, dans quel état d’esprit est-il présentement ? Autant de questions que se posent ses familles biologique et politique. Une chose est sûre, ses avocats sont perturbés puisqu’incapables de constituer un dossier de plaidoirie. Le flou qui entoure l’affaire Salomon Idi interpelle les organisations de défense des droits de l’homme.

Dans un communiqué publié le mercredi 31 mai 2023, la Voix des sans voix pour les droits de l’homme (VSV) a exprimé ses vives inquiétudes concernant les pratiques et méthodes musclées dont font montre certains éléments des services de sécurité ces derniers temps à quelques mois des élections présidentielle et législatives prévues le 20 décembre 2023 en RDC.

« L’interpellation frisant un quasi enlèvement, mardi 30 mai 2023, de monsieur Salomon Idi Kalonda, membre du parti politique Ensemble pour la République et conseiller spécial de l’opposant Moïse Katumbi Chapwe et candidat déclaré à l’élection présidentielle de 2023, avec une brutalité inexplicable et inacceptable, et ce, quelques jours seulement après une répression brutale et dans le sang des manifestants, membres des partis politiques de l’opposition choque, désillusionne et révolte les consciences des Congolaises et Congolais qui s’attendaient à vivre continuellement dans un Etat de droit en RDC sous le règne du président Felix-Antoine Tshisekedi », a réagi la VSV. Quel que soit le motif qu’on reprocherait à l’acteur politique Salomon Idi Kalonda, rien dans un Etat de droit ne pouvait justifier le traitement inhumain lui infligé, regrette l’organisation. « Il suffisait tout simplement de lui envoyer une invitation ou une convocation en bonne et due forme au cas où il détiendrait une arme sans autorisation et une carte d’électeur pendant qu’il serait de nationalité belge comme cela se raconte », s’indigne lourdement la VSV.

En outre, la VSV qui a également glané des informations au niveau de la justice militaire, reproche que dans son lieu de détention, les droits de la victime seraient constamment violés : « aucun droit à la nourriture, pas de visite de ses avocats et moins encore des défenseurs des droits de l’Homme ». La VSV s’interroge sur l’acharnement et certains comportements tendant à réduire au silence ou à intimider des opposants politiques alors que leur place est importante en démocratie et leurs critiques pourraient bien aider ceux qui sont au pouvoir pour améliorer leur mode de gestion en cas de besoin.

La Voix des sans voix exige des sanctions contre les kidnappeurs de Salomon

Tout compte fait, la Voix des sans voix pour les droits de l’homme invite les autorités congolaises à diligenter une enquête indépendante en vue d’établir les responsabilités et sanctionner les auteurs de cet enlèvement. L’organisation demande au gouvernement congolais de procéder à la « libération sans condition de M. Salomon Idi Kalonda pour lui permettre de jouir de sa liberté de circulation, sinon le déférer devant une juridiction compétente où ses droits seront garantis, et ce, en cas des griefs sérieux ». La VSV appelle également l’Etat congolais à mettre fin aux violations des libertés fondamentales et à toute pratique tendant à reculer ou faire reculer les quelques avancées démocratiques déjà enregistrées en RDC.

L’ONU, l’UE et les grandes puissances interpellées

Le plus inquiétant, selon sa famille politique, c’est la situation d’otage dont vit le notable du Maniema. « Nous n’avons pas eu la possibilité de le rencontrer. Nous n’avons pas eu le moyen même de lui approcher parce qu’on nous a empêchés. On nous dira par plusieurs éléments de ces services de renseignement militaire qu’on ne pouvait pas nous présenter de cette manière et que durant ce service on ne peut pas assister un client », dénonce le conseil de Salomon Idi Kalonda. Maître Christian Nkoy souligne qu’alors que la Constitution l’autorise, ce qui leur a été dit, est contraire à la loi fondamentale. « Et aucun d’entre nous ne l’a rencontré », a-t-il ajouté. JUSTICIA Asbl, une organisation de promotion et de protection des droits humains y voit un durcissement de ton du pouvoir et surtout le retour des méthodes dictatoriales visant à museler l’opposition politique ainsi que la restriction des libertés publiques comme le droit des manifestations publiques et pacifiques. « Ce sont autant de signes qui prouvent que le gouvernement congolais entend faire un passage en force et présage des stratagèmes politiques pour organiser des élections chaotiques et bâclées », souligne cette structure. Eu égard à ce qui précède, Justicia Asbl exige la libération immédiate et sans condition de Salomon Idi Kalonda par des militaires de la Garde républicaine.

L’organisation recommande au président de la République, en sa qualité de garant de la nation, de faire cesser ces pratiques et méthodes qui rappellent la dictature de triste mémoire et de faire poursuivre les militaires de sa cour, bien identifiés dans les images. Elle demande aux acteurs politiques de ne pas céder à ces pratiques d’intimidation. Justicia Asbl déclare soutenir toutes les initiatives politiques et citoyennes visant la tenue des élections réellement démocratiques, libres et transparentes. Elle demande, enfin aux organisations internationales comme « le Conseil de sécurité des Nations unies, l’Union européenne et les gouvernements partenaires comme ceux des États-Unis et de l’Angleterre à actionner leurs mécanismes de sanctions individuelles et ciblées contre les autorités gouvernementales congolaises responsables de ces multiples violations des droits humains en RDC ». Elle invite, enfin, à la population, à se lever comme un seul homme pour combattre la dictature et ses anti-valeurs qui risquent de s’enraciner en RDC après la liberté arrachée de haute lutte.

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