Avec la guerre du M23, Kagame a dévoilé sa stratégie de pérenniser son emprise criminelle sur l’est congolais en armant régulièrement les différentes milices pour créer la terreur et le chaos. Derrière ce Far West, son régime qui vit de la contrebande, exploite et exporte aisément les minerais congolais. Dix ans après la signature de l’accord-cadre d’Addis-Abeba, le despote n’a pas changé d’un iota sa politique de la terre brûlée.
Paul Kagame, le président rwandais accusé de semer le chaos dans l’est de la République démocratique du Congo @Photo Droits tiers.
Fusils à la main, les militaires rwandais imposent la loi dans les territoires conquis dans l’est du Congo. Le pouvoir de Kigali pille les minerais et refuse de s’engager à toute idée de négociations tendant à ramener la paix dans la région. Seul le chaos l’intéresse. Cette attitude frise la néocolonisation à l’africaine. Pas sûr que ça dure longtemps au regard de la détermination des Congolais à recouvrer l’intégrité de leur territoire.
Lors de l’évaluation de l’accord-cadre d’Addis-Abeba, le samedi dernier à Bujumbura au Burundi, le président de la commission de l’Union africaine, Moussa Faki, a exprimé ses vives inquiétudes dans la volonté des parties à trouver une solution durable à la crise. “Les tensions qui nous préoccupent aujourd’hui interpellent sur la pertinence et même l’adéquation de nos mécanismes de sécurité, notamment l’accord-cadre”, a prévenu samedi Moussa Faki.
Le diplomate est d’avis que l’Union africaine en étroite collaboration avec les institutions garantes et les pays signataires de l’accord-cadre procèdent à une évaluation sans complaisance de sa mise en œuvre afin d’en renforcer l’efficacité pour relever les défis auxquels la région des Grands Lacs est confrontée.
Dans cet esprit, Faki a joint sa voix à cette décision du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine tant qu’il apparaît, dit-il, impératif d’évaluer ce qui a été fait, mais surtout de l’adapter aux évolutions et à nos ambitions généreuses pour le peuple de la région. “Je me remets donc à votre sagesse afin de préconiser les mesures idoines urgentes pour la réconciliation, la construction d’une confiance fraternelle pour la stabilisation durable de cette région” , a dit le président de la Commission de l’Union africaine. Le même message a été relayé par le chef de l’ONU qui a appelé à la cessation immédiate des violences dans la partie orientale du Congo-Kinshasa.
Dans la capitale burundaise, les pays signataires ont condamné le nième massacre commis sur les populations civiles par les terroristes du M23 avec leurs parrains rwandais. Sur un ton sévère, Tshisekedi a tempêté indexant Kigali, malgré ses multiples engagements, de poursuivre son agression contre la RDC. “Hélas ! c’est avec une profonde amertume et une grande désolation que nous constatons, dix années après l’entrée en vigueur de cet accord, la rupture de ce pacte collectif par un des Etats signataires, j’ai cité, la République du Rwanda qui, sous couvert du mouvement terroriste du M23 pourtant défait et qu’il a ressuscité, s’est donné la liberté d’agresser et d’envahir une partie de la province du Nord-Kivu, en République démocratique du Congo ; ceci, en totale violation de l’engagement régional numéro 3 de l’Accord-cadre dont il est signataire, de même que les Chartes des Nations unies et de l’Union africaine dont il est partie, le tout sur fond d’exploitation illégale de nos ressources naturelles”, a fustigé le président Tshisekedi.
Cette attitude délibérée et plus d’une fois réitérée par un Etat signataire ne nous impose un choix tout autre que la revitalisation de cet Accord, tel que l’a notamment recommandé le Conseil de paix et sécurité de l’Union africaine lors de sa 1140e session, le 17 février dernier, en marge du 26e sommet de l’Union africaine, a-t-il renchéri .
Dans le communiqué final qui a sanctionné la fin des travaux de Bujumbura, les signataires ont réaffirmé le respect de la souveraineté et de l’intangibilité des frontières des pays de la région. Ils se sont dits préoccupés par la détérioration de la situation sécuritaire et la vive tension entre la RDC et le Rwanda, appelant de vive voix les deux États à la désescalade.
Les signataires de l’Accord-cadre ont condamné l’occupation des localités congolaises par le M23. Le sommet de Bujumbura a apporté son soutien au processus de Luanda et celui de Nairobi. Le prochain sommet de haut niveau de l’année 2024 aura lieu à Kampala en Ouganda.