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EAC : première mission, premier échec en RDC

C’est une crise dans la crise. La mise en place précipitée de la Communauté des États de l’Afrique de l’Est (EAC) n’avait qu’une seule visée, planifier une exploitation réglementée des ressources naturelles de la République démocratique du Congo. Ainsi, les textes fondateurs ont été taillés sur mesure et les différents leaders de la région avaient cru trouver en Félix Tshisekedi, le président congolais, une ouverture du bal. Finalement, c’est le fils d’Etienne Tshisekedi Wa Mulumba qui, le premier, percevra le mal et le dénoncera. Depuis lors, l’EAC travaille à contre-courant et s’active à enfoncer la RDC dans une crise artificiellement créée de toute pièce.

Par Landry Amisi

Le général kényan démissionnaire, le pro-rwandais Jeff Nyagah avait été vomi par la population congolaise, selon la Lucha @Photo Ouragan.

publié le 2 mai 2023 à 05:39:00

L’instigateur du drame congolais, lui, est essoufflé. Paul Kagame a déjà épuisé son vocabulaire en cherchant à justifier l’aberration. Jusqu’à menacer puis, déclencher des hostilités sanglantes sur le sol congolais. La guerre fabriquée et débaptisée du M23 est un business qui n’a d’autre motivation que de sucer le géant Congo. Voilà pourquoi tous ces sommets des chefs d’Etat se soldent par des échecs et sa toute première force multinationale titube.

Après six mois d’opérationnalisation, cette force n’a fait qu’obéir à l’agenda de ses concepteurs. C’est ce qui a courroucé Félix Tshisekedi. Jusqu’à le pousser à sermonner publiquement le général Jeff Nyagah le samedi 4 février, à Bujumbura. « Ne favorisez pas le M23. Ce serait dommage que la population s’en prenne à vous. Vous êtes venus pour nous aider et non pour avoir des problèmes. Soyez attentif à cela, communiquez avec la population », avait interpellé Félix Tshisekedi. Un recadrage qui n’avait pas suffi. Puisqu’après les travaux du XXe sommet extraordinaire des chefs d’Etat de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC), le samedi 4 février au palais présidentiel Ntare Rushatsi de Bujumbura (Burundi), l’ancien patron de la force a intensifié ses rapports occultes à la fois avec les autorités rwandaises qu’avec les dirigeants visibles du M23 au vu et au su de tout le monde. Un mépris condamnable envers le pays d’accueil, en fait, le pays où coule le lait et le miel.

Le remplaçant de Jeff Nyagah ne fera pas la différence

Les six chefs d’Etat membres se sont rencontrés pour la toute dernière occasion lors des travaux qu’avait dirigés le président en exercice de l’EAC, Evariste Ndahishimiye. Autour de la table étaient Félix-Antoine Tshisekedi de la RDC, Paul Kagame du Rwanda, William Rutho du Kenya, Yoweri Museveni Kaguta de l’Ouganda et Samia Suluhu Hassan de la Tanzanie. Un sommet qui s’était terminé en queue de poisson. Puisqu’en dépit du fait que Paul Kagame avait officiellement admis disposer du pouvoir de faire stopper les hostilités en instruisant à ses hommes de s’arrêter ou de reculer, aucun chef de l’État n’a daigné se ranger du côté de la RDC. Tous les appels par eux lancés pour le cessez-le-feu et la cessation des hostilités n’étaient que de la poudre aux yeux. Depuis de longues semaines, des marches citoyennes sont organisées dans les principales villes du Nord et Sud-Kivu pour exiger le départ des forces de l’EAC, jugée inutile mais sans succès. Cette force qui devrait entrer en action pour contraindre le M23 à se retirer des positions qu’il occupe a opté pour la camaraderie avec les agresseurs du Congo-Kinshasa. En plus, cette force n’a déclenché aucune action contre les terroristes. Le gouvernement congolais avait pris acte, le 18 janvier, du refus du M23 d’exécuter les recommandations du sommet de Luanda, qui lui exigeait de se retirer de ses positions au Nord-Kivu. Dans un communiqué, le ministre des Affaires étrangères, Christophe Lutundula, avait rappelé que ce mouvement rebelle devrait quitter ses positions au plus tard le 15 janvier conformément à la programmation de la force de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC). Ce retrait, selon lui, devrait permettre le rétablissement de l’autorité de l’Etat dans ces zones et le retour des populations congolaises à leurs milieux d’origine.

Depuis, le gouvernement de Kinshasa se méfie largement de ses partenaires de la Communauté des États de l’Afrique de l’Est et ces derniers n’arrêtent pas de forcer la présence d’une mission contestée. Au moment où la communauté des États de l’Afrique de l’Est est rigoureusement houspillée par l’opinion africaine et le gouvernement congolais, le commandant kényan Jeff Nyagah, patron de la force régionale a déposé sa démission le 27 avril. Son remplaçant vite trouvé a été nommé vendredi 28 avril 2023. Le général major Alphaxard Muthuri Kiugu est le nouveau chef de cette nébuleuse force régionale. L’annonce de sa nomination a été faite par le ministère kényan de la Défense le vendredi 28 avril, dans une correspondance que Ouragan.cd a pu consulter. « Le commandant de la Force régionale de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EACRF) vous présente mes compliments Honorable secrétaire général de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) et j’ai le plaisir de vous informer de ma sortie de la zone de mission en raison d’une menace aggravée pour ma sécurité et un plan systématique pour contrecarrer les efforts de l’EACRF. Honorable secrétaire général, comme vous le savez, il y a eu une tentative d’intimider ma sécurité à mon ancienne résidence en déployant des sous-traitants militaires étrangers (mercenaires) qui ont placé des dispositifs de surveillance, piloté des drones et effectué une surveillance physique de ma résidence au début de janvier 2023, m’obligeant à déménager. Honorable secrétaire général, il y a également eu des campagnes médiatiques négatives bien orchestrées et financées ciblant ma personnalité et en plus de fausses accusations décriant la complaisance de l’EACRF à l’égard du groupe M23 (voir lettres ci-jointes). Ceci est encore renforcé par la pression actuelle du gouvernement de la RDC pour que le commandement de la force soit rotatif tous les trois (3) mois, ce qui n’était pas prévu dans le mandat actuel. De plus, la récente suspension du compte Facebook de l’EACRF est une indication d’un éventuel sabotage des efforts de la force régionale. Cette situation est également aggravée par le fait que le gouvernement de la RDC n’a pas payé les frais administratifs, y compris les bureaux du quartier général de la force, le logement des officiers de l’État-major, l’électricité ainsi que les salaires du personnel civil conformément à l’article 9 (c) et (d) de l’accord sur le statut de la force (SOFA) », a mentionné le général démissionnaire pro-M23, Jeff Nyagah dans son courrier de démission adressé au secrétaire général de l’EAC.

Des motifs fabriqués pour justifier son camouflet. Vendredi, le président Ruto s’est arrogé l’autorité de nommer son remplaçant. Visiblement sans consulter Kinshasa. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, le nouveau commandant sera lui aussi dans l’obligation de plier bagage.

Petite victoire pour les mouvements citoyens

Une victoire, réagit le leader d’un mouvement citoyen farouchement opposé à la présence de la République démocratique du Congo dans cette communauté accusée de porter le projet de balkanisation de la RDC via la guerre d’agression du M23. « Ils n’ont jamais été les bienvenus en République démocratique du Congo. Les pays membres de l’EAC, autorités morales du M23, doivent tirer les leçons de leur amalgame sur le terrain. L’EAC est effectivement cette bosse qui pèse lourd sur le dos de la République démocratique du Congo et dont les ambitions ne coïncident nullement avec les attentes de paix et de stabilité sur le terrain de l’insécurité », a ainsi vociféré cet acteur de la société civile.

Kinshasa reprochait au général kényan Jeff Nyagah son inaction face au M23. Accusations étayées des faits vécus par la population dans les territoires de Rutshuru, Nyiragongo et Masisi. “Il y avait trop de complicités entre ce commandant et des officiers rwandais. C’est la raison pour laquelle le gouvernement congolais avait récusé la présence des officiers rwandais dans la structure de commandement de la force”, a fustigé un responsable de la Lucha à Goma. Le départ de cet officier général devrait faire réfléchir les dirigeants africains de la région des Grands Lacs réunis au sein de la Communauté des États de l’Afrique de l’Est (EAC).

Patrick Ricky Paluku, défenseur des droits humains et coordonnateur provincial de la Véranda Mutsanga au Nord-Kivu salue la démission du général-major Jeff Nyagah de l’EAC même si, dit-il, ce n’est pas un évènement et demande au gouvernement congolais de rompre avec l’EAC qui renforce l’énergie du M23/Rwanda. « C’est avec sentiment de joie que les Congolais accueillent ce vendredi, le 27/04/2023 la démission du chef des militaires de l’EAC en RDC qui a démissionné le jeudi, 27/04/2023. Un non-événement vu qu’il est remplacé par un autre général kényan », a déclaré Patrick Ricky Paluku.

Pour cet influent activiste de la société civile, avec ou sans pression, les militaires kényans, ougandais et sud-soudanais n’ont pas de bonne raison de rester au Congo, car jouant le jeu de l’ennemi M23/Rwanda qui agresse la RDC. « C’est inadmissible de vivre avec avec un ami-ennemi dans sa maison. Ils ont dit venir aider le gouvernement congolais mais aussitôt arrivés au Congo, les militaires de l’EAC cohabitent désormais avec les terroristes du M23-Rwanda dans les zones qu’ils occupent toujours. On n’attend plus rien de l’EAC tout comme de la Monusco, ce sont les oiseaux de même plumage et qui travaillent pour l’intérêt du Rwanda en RDC. Ils doivent quitter notre territoire et nous laisser trouver des solutions à la congolaise, quelque soit le prix à payer », a sèchement déclaré le représentant de Veranda Mustanga.

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La présence du chef de l’État, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, avait même été annoncée au port maritime de Boma pour la réception de trois premiers navires. C’était donc du sérieux. Hélas, pratiquement 5 ans se sont écoulés. Avis d’experts, les grands transporteurs mondiaux, dont Maersk, CMA-CGM, PIL, feraient subtilement blocage.

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