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Do Nsoseme Dora : “nous pourrions gagner des millions rien qu’en exportant notre culture”

De plus en plus, des jeunes s’intéressent au “Slam”. Parmi les artistes slameurs qui promeuvent cet art “poétique qui claque sur scène” à Kinshasa, figure en bonne place la talentueuse Do Nsoseme Dora.

La slameuse congolaise Do Nsoseme Dora @Photo Droits tiers.

publié le 23 mai 2023 à 05:11:00

Pour elle, malgré que le slam ne lui permet pas de “payer son loyer”, elle pense que cet art, inventé par l’Américain Marc Smith en 1986, a un bel avenir dans le pays de la rumba. D’ailleurs, Do lancera sur les marchés son album slam “J’attends” d’ici la fin de l’année. L’occasion pour les amoureux de cet art de s’imprégner de magnifiques mots de cette artiste qui a déjà dans sa discographie deux chansons, à savoir “Femme” et “Traces”. Dans un entretien exclusif à Ouragan.cd, Do Nsoseme parle de ses ambitions.

Comment est venu votre amour pour le slam ?

On dit que c’est en forgeant qu’on devient forgeron, n’est-ce pas ? Le slam m’est apparu comme un moyen de m’exprimer et c’est parti de là. Je l’ai découvert en 2011, j’ai participé à ma première scène en 2012. Plus que l’amour pour le slam, c’est l’amour de dire et d’écrire qui m’anime et après ça peut prendre plusieurs formes. Et actuellement, le format du slam propose une belle opportunité, trois minutes où la parole est donnée au slameur ou à la slameuse. J’ai toujours pensé que ce sont mes trois minutes, là, maintenant, plus personne n’a droit à la parole à part moi, c’est mon moment. J’avais besoin de dire pour vivre et j’ai trouvé le slam. J’aime particulièrement le fait que le slam apprenne à écouter l’autre et à tolérer l’autre. Dans une session slam, on ne coupe pas la parole au slameur, d’accord ou pas, qu’on aime ou qu’on n’aime pas, on écoute jusqu’au bout.

Pensez-vous que le slam a un bel avenir au pays où la rumba et d’autres variétés musicales dominent ?

J’estime que le slam à sa place et bien évidemment de l’avenir. Il y a toujours de la place pour autre chose que la rumba. Il y a plus de cent millions d’habitants en RDC et nous n’avons pas les mêmes goûts et en plus, le slam peut être utilisé comme outil pour aider à libérer la parole, pour enseigner la prise de parole en public, l’écriture poétique, la tolérance, etc. Je verrai bien le slam conquérir les milieux éducationnels.

Certains poètes congolais pensent que les slameurs ne sont pas des poètes et d’autres adhèrent à l’idée qu’ils les sont. Quel est votre point de vue ?

Les gens sont libres de penser ce qu’ils veulent et de définir chaque discipline comme ils le souhaitent. Pour moi, la poésie semble comporter un canon de règles, qu’elle soit poésie classique ou même poésie libre… Le slam doit être un texte poétique mais qui claque sur scène. Le slam, c’est l’idée de ne pas écrire pour cacher ses écrits dans les livres mais écrire pour la scène, écrire pour dire devant un public pendant trois minutes et en respectant certaines règles propres à la pratique du slam mais pas forcément dans la manière d’écrire. Il y a tellement de manières de voir les choses, pour moi, ce n’est pas le plus important la différence entre les deux. Choisissez ce que vous voulez et faites-le bien.

En RDC, l’art n’est pas vraiment valorisé. Certains artistes brûlent d’envie d’aller ailleurs pour vivre de leur talent. Mais qu’est-ce qui vous aide à tenir ?

Je ne sais pas si je tiens bon, en fait. Je suis ici pour l’instant, j’écris, je slame mais cela ne paie pas mon loyer. J’ai un autre travail qui n’est pas artistique que je fais à temps plein. On verra dans le futur, peut-être que je finirai par partir ou pas. Je pense que plusieurs raisons peuvent pousser quelqu’un à partir, pas que l’argent.

Outre le fait d’être slameuse, vous êtes aussi photographe. Dans vos projets artistiques, vous abordez des thèmes allant des droits de femmes et enfants en passant par la consolidation de la paix à l’amour. La culture peut-elle être un moteur de changement des mentalités ?

Oui, je pense que le changement est porté par les artistes, les littéraires, les créateurs. C’est souvent à cause de leurs questionnements, de leurs productions que le reste de la société s’éveille et exige le changement. C’est aussi le fait qu’ils soient le miroir de la société ou encore des prophètes.

À part votre morceau “Femme”, vous avez balancé au mois de février sur YouTube une chanson slam intitulée “Traces”. Elle aborde les marques d’un amour perdu. Peut-on s’attendre à un album de votre part ?

Oui, j’ai un projet d’album intitulé “J’attends”. Si le ciel nous est favorable, il verra le jour en fin de cette année. Il s’intitule “J’attends” parce qu’à un moment de nos vies, nous nous attendons tous certainement à quelqu’un ou à quelque chose.

Quelles expériences avez-vous vécues grâce au slam ?

Plusieurs, je ne sais pas laquelle mentionner… Tout dernièrement en mars 2023, j’ai participé au festival “Les mots à défendre” organisé par le Théâtre national Wallonie Bruxelles. C’était une belle aventure de découvrir lors de ce festival le “catch littéraire”. C’est une forme de compétition entre deux écrivains, on tire au sort un mot dans une boîte et on leur donne trois minutes pour écrire un petit texte, ce qu’ils écrivent s’affiche à l’écran. ‘Lorsque le temps est écoulé, ils doivent chacun lire leur texte et le public vote. C’était amusant”.

D’après vous, comment les arts peuvent-ils retrouver leur place en RDC ?

Il faut sûrement une politique culturelle. Il faut financer la production artistique, la distribuer et enseigner l’art dans les écoles. Un peu comme trouver une place pour l’art dans la société.

Quels sont les artistes slameurs d’ici ou d’ailleurs que vous admirez ? Et pourquoi ?

Hahaha… il y a une panoplie de slameurs de par le monde que j’admire. Je pourrais citer Micromega, Peter Komondua, Tocci, Lidol, Amee, Amanda Gorman, Saul Williams, Abd Al Malik, Gael Faye, Rudy Francisco, Tonya Ingram, et bien d’autres. Et pour diverses raisons, parfois, ce sont les thématiques qu’ils abordent, les jeux de mots dans leurs textes, la présence sur scène, etc. Bref, c’est surtout le fait que nous pratiquions tous cette discipline artistique qui permet le partage parfois de certains sujets qui touchent à notre intimité.

Avez-vous un message à transmettre au ministère de la Culture et arts ?

Oui… La plus grande richesse de notre pays, selon moi, c’est notre créativité, notre culture, nos talents artistiques. La musique n’est pas le seul art, ouvrez vos yeux aux possibilités. Nous pourrions gagner de millions rien qu’en exportant notre culture. Il faut une politique culturelle et celle-ci ne peut naître que des échanges entre nous, les artistes et vous. Et aussi, nous devons mettre sur la table de discussions des mécènes et réfléchir sur des partenariats et collaboration avec le secteur privé.

Propos recueillis par Grady Mugisho

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