Le Direct
Radio

Céline Banza : “la musique au Congo est une chose qu’on encourage pas vraiment”

Céline Banza, une voix douce et des textes profonds admirés qui touchent les auditeurs. Lauréate 2019 du Prix Découvertes RFI, la jeune chanteuse s’est depuis lors affirmée en restant soi-même, loin des stéréotypes qui collent à la musique de son pays, la RDC. Son album Praefatio et son Ep “Prayer” en sont la preuve évidente. Des pépites à écouter en boucle et à faire écouter.

La jeune chanteuse congolaise Céline Banza @Photo Droits tiers.

publié le 13 mai 2023 à 14:23:33

À Ouragan.cd, elle s’est exprimée sur sa dépression, ses doutes, ses inquiétudes, sa carrière musicale… mais aussi elle a avoué son amour pour le talentueux Lokua Kanza, ce monument musical congolais qui l’a soutenue et continue de le faire.

Ouragan.cd : Céline Banza, à 20 ans, en 2017, vous avez participé à l’émission “The Voice Africa”. Malheureusement vous n’avez pas remporté le prix. Comment avez-vous vécu votre retour à Kinshasa après votre passage à cette émission ?

Céline Banza : “The voice” était une très belle expérience : le rêve de mon enfance, c’est-à-dire de passer à la télé, chanter devant un public, être sous les projecteurs. Je puisais ma force à travers beaucoup de choses que je pouvais écouter ou regarder à la télé (ces enfants comme moi qui chantaient et dansaient … Innoss’b qui a remporté la première édition de Vodacom Super star, etc. …). Voilà pourquoi elle était une très belle expérience pour moi. Sauf le retour à Kinshasa, qui n’était pas du tout agréable… c’était un échec pour beaucoup … pour mes proches … Je me rappelle même que ça m’a couté une année à l’université. J’ai dû reprendre l’année parce que selon eux, je suis allée pour ne pas rentrer avec une victoire et je ne pouvais pas faire ces examens que j’avais ratés. C’était pour moi un échec aussi, mais seulement au début … Après, j’ai vite compris que c’était moi qui décidais … J’avais eu la chance d’avoir A’salfo comme coach et lui nous disait : « c’est vous qui décidez de la place où vous voulez être. Soit vous choisissez d’être devant et travaillez pour y arriver, soit vous gardez vos difficultés et restez derrière, mais c’est vous qui décidez ! » C’est comme ça qu’aussitôt revenue, j’ai été voir mes amis et leur ai demandé de travailler avec moi. Je me suis mise à composer mes propres chansons … mais ça encore c’est une autre longue histoire. J’ai rencontré des personnes qui m’ont tendu la main sans même avoir à écouter une seule chanson de moi. Bref, j’ai eu beaucoup de motivation et il fallait que je me retrouve à nouveau sous les projecteurs …

Deux ans plus tard, c’est la danse de la joie, vous remportez le “Prix découverte” organisé par RFI. Pensez-vous que vous auriez la même notoriété même en n’ayant pas ce prix ?

Je ne sais pas vraiment quelle notoriété j’ai, mais j’apprécie beaucoup le travail accompli jusqu’ici. Il fallait beaucoup de courage … beaucoup de persévérance, beaucoup de détermination, beaucoup d’efforts personnels que je n’avais même pas … déjà que faire la musique au Congo est une chose qu’on n’encourage pas vraiment (s’il faut seulement rester ici chez nous), et pour une femme, c’est encore autre chose ! Ce prix était une étoile qui est tombée du ciel oui, mais aussi le résultat de plusieurs nuits blanches, de beaucoup de galères… de beaucoup de courage. J’y croyais oui, mais je ne pensais pas qu’il serait vraiment remis à la RDC ce prix, et surtout à moi … ce prix voulait juste dire que c’est possible ! Quand on y croit et quand on y travaille.

À vous entendre chanter, on a l’impression que c’est Lokua Kanza au féminin. Est-ce qu’il vous a influencée ou continue-t-il de le faire ?

Oh oh oh Lokua … j’ai beaucoup de respect pour sa personne. Un artiste qui ne cessera jamais de parler à mon cœur. Il m’a beaucoup inspiré et guidé même ! Et c’est encore le cas aujourd’hui. C’est donc normal qu’en m’écoutant les gens puissent un peu m’identifier à lui (je dis un peu : parce que je souhaiterai un jour avoir autant de talents comme lui, mais je suis encore loin).

Avec votre nouvel extended play (Ep) “Prayer” sorti en 2022, dans la chanson du même nom, on sent que vous exprimez un cri de détresse, un appel à Dieu au sujet des maux du monde actuel dans un style nouveau pour vos fans, gospel. Est-ce que la musique est un exutoire pour vous, un moyen idéal pour saisir les faits sociaux ?

“Prayer” est une prière comme son titre le dit. Je pense qu’il nous arrive à tous un moment où on ne trouve pas de réponse ni de réconfort en nous et auprès de ces personnes qui nous entourent … C’était le cas lorsque j’écrivais cette chanson; j’étais dans la dépression, je ressentais un vide et j’avais envie de tout arrêter. C’est à ce moment-là qu’on demande si Dieu existe vraiment … J’ai eu envie de lui parler, de lui dire que je suis là, sans force et que je ne savais plus comment j’allais continuer. Puis, il y a eu ce volcan à Goma … ce qui m’a encore fait beaucoup de peines. Ayant de la famille là-bas … c’était vraiment un SOS, un cri … Puis la situation de notre pays depuis des décennies, personne ne l’ignore ! Tout ça a joué à quelque chose dans la composition de cette chanson.

La plupart des gens vous félicitent parce que vous n’avez pas un complexe d’infériorité en chantant, avec votre douce voix, dans votre langue maternelle, Ngbandi. Peut-on dire que la vraie musique, c’est lorsqu’un artiste met au centre sa propre identité ?

Cette question de la langue revient très souvent. Je n’ai pas vraiment décidé de chanter en cette langue que je ne maitrise même pas encore … Je pense que cette langue était déjà et elle est venue à moi au bon moment. Ma grand-mère nous chantait des chansons en Ngbandi … des berceuses, des chants de divertissement, des chants de prière et nous aimions cela. Elle nous apprenait à dire des petites phrases et même les danses Ngbandi. Puis au moment de faire mon travail de fin d’études, j’ai choisi de parler de la musique de divertissement de mon peuple. C’est comme ça que j’y ai pris du plaisir. À travers mes études, j’ai découvert plusieurs peuples, plusieurs musiques et plusieurs langues ! Africaines, congolaises, etc. …
J’ai commencé par traduire une seule chanson « Terembi » qui veut dire mon corps, qui était même une chanson demandée pour une pièce de théâtre, puis deux, puis trois chansons, etc. … et au moment d’enregistrer mon premier album, je me suis retrouvée avec plusieurs chansons en ma langue maternelle.
Le vrai travail est celui qu’on aime avant tout, qu’on fait avec passion. J’ai juste écouté mon cœur et je me suis lancée sans même penser que les gens ou encore le public kinois ne comprendraient rien de ce que je chante, sans même penser au fait que je ne maîtrisais pas bien cette langue, sans même penser au rejet ou encore aux critiques … En réalité, j’ai écouté mon cœur.

Votre premier album “Praefatio”, dont le titre rappelle le procès de Cicéron pour Archias, vous a permis de vous imposer sur la scène musicale congolaise. Quelle expérience pouvez-vous nous partager ?

Au fait, cet album … j’avais déjà le titre sans même savoir qu’il sera un opus un jour. J’ai obtenu mon bac Latin-philo et le procès de Cicéron pour Archias me prenait toute mon énergie … quel talent ! C’est comme ça que je m’étais jurée que si jamais un jour, je dois sortir un album, le tout premier, il s’appellera « Praefatio ». Une manière pour moi de commencer à m’introduire dans ce monde musical vaste et compliqué…

Le titre de votre premier album “Praefatio”, c’est un mot tiré du latin qui veut dire “Préface”. En quelque sorte, vous préfacez votre vie. On ne préface que lorsque le livre est déjà écrit. Croyez-vous à une vie déjà tracée depuis le ventre de votre mère ?

Praefatio est une introduction … un début dans l’industrie musicale. Aujourd’hui, je suis dedans et ne compte pas m’arrêter. Oui, peut-être notre destin est déjà écrit, mais je pense qu’il faut travailler, choisir et tracer notre chemin d’une manière ou d’une autre.

Outre le prix “Découvertes RFI”, vous avait été nommée en juillet 2021 comme “ambassadrice nationale de l’Unicef” en République démocratique du Congo. Une responsabilité de plus ?

Oui, une grande responsabilité, un engagement que je porte vraiment, mais surtout qui m’apprend beaucoup … Au départ, je n’étais pas du tout partante. Je ne me voyais pas à la hauteur, même si la question des enfants et des femmes faisait déjà partie de mon travail … Mais une fois sur le terrain, j’ai senti le besoin de continuer, de recevoir et de donner autant que je peux.

Puisque c’est votre père qui vous a encouragée dans la voie de la musique, qu’est-ce qu’il dirait de la femme que vous êtes devenue aujourd’hui ?

Waouh mon père… je ne sais pas vraiment ce qu’il dirait de moi parce que jusque-là, je n’arrive pas encore à apprécier ce que je fais. Je pense qu’il faut que je travaille beaucoup, pour être cette chanteuse qu’il rêvait que je sois … il faut que je travaille encore.

Après l’EP “Prayer”, peut-on s’attendre à un autre projet de votre part ?

Oh oui, bien sûr… J’y travaille. Ça va prendre un peu plus de temps, c’est vrai… mais mon équipe et moi travaillons là-dessus.

Propos recueillis par Grady Mugisho

Nos tags

Élection
Ceni
Politique
GUERRE
Agression
Culture
Économie

Lors de sa visite en Allemagne, le député provincial Daddy Kangudia a présenté les opportunités d’investissement de sa province aux hommes d’affaires allemands.


Nation

La Régie d’assainissement de Kinshasa (Raskin) accuse une dame qui se prévaut tante du président de la République de s’être accaparée du principal centre d’enfouissement des déchets de la capitale, à Mpasa, dans la commune de la N’sele, partie est de Kinshasa, à près de 45 Km du centre-ville.

Taux de change

DeviseCDF
1 Dollar Usa2,765.00 CDF
1 Euro2,944.45 CDF
1 Yuan381.95 CDF
1 FCFA4,52214 CDF

Appel d'offres

Attribution du marché : Acquisition et livraison de 25.000 téléphones mobiles “portables”


offres d'emploi

logo

2022© Ouragan.cd Tous droits réservés.

Ouragan cd




2022© Ouragan.cd Tous droits réservés.