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Cette EAC qui nous dribble

La province agressée du Nord-Kivu est disputée entre l’armée régulière de la République démocratique du Congo, les armées des États agresseurs (Rwanda, Ouganda et Burundi), les troupes de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Est (EAC) et les groupes armés. Depuis quelques jours, la sécurité des tronçons routiers entre Goma et les territoires de Rutshuru et Masisi se négocient avec l’EAC. Pendant ce temps, les terroristes du M23 pillent, tuent et montent les enchères.

Par Landry Amisi

Le général-major Jeff Nyagah, commandant de la force régionale de l’EAC @Photo Droits tiers.

publié le 25 avril 2023 à 06:08:00

La semaine dernière, le général Jeff Nyagah, commandant de la force régionale de l’EAC a animé une conférence de presse très orgueilleuse à Goma. Le ton, les mots et l’attitude de l’orateur ont littéralement changé. La RDC n’a plus affaire à une force invitée, mais à une soldatesque qui s’impose de jour en jour. Cet escadron multinational qui a prétendu occuper les zones sous contrôle des éléments du M23 n’est qu’une division militaire structurée chargée de coordonner l’occupation du territoire congolais, dénonce un élu provincial du Nord-Kivu. Le général Jeff Nyagah, commandant de la force régionale de l’EAC devient méconnaissable. Il déclare désormais avec une arrogance “kagaméenne” que le cantonnement des éléments du M23 n’est pas envisageable au stade actuel du conflit. En clair, le regroupement supposé des terroristes M23 n’était qu’une pure illusion. Une distraction de mauvais goût pour mettre à genoux la grande République démocratique du Congo.

Depuis cinq jours, les soldats rwandais du M23 se redéploient et réoccupent toutes les positions théoriquement dégarnies. D’ailleurs, leurs éléments y campaient en tenue civile pour disaient-ils, surveiller toute possible réoccupation du terrain par les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC). « Sous le regard des forces EAC, le M23 procède à des enlèvements des civils. Ils sont visibles ici, en civil. Ils ont autorité sur les forces de l’EAC et travaillent de connivence », a témoigné un habitant de Kitshanga.

M23, complot terroriste ou conspiration régionale ?

Le plan de balkanisation avortée ne fait que révéler ses différentes péripéties d’étapes. D’abord une guerre brutale avalisée par toute la communauté internationale, y compris les organisations internationales, africaines et régionales. Ensuite, un plan de négociation imposé au gouvernement de Kinshasa pour une conquête économique de la partie est de la RDC et une infiltration planifiée des forces armées et des services de sécurité du pays. En cas de refus de Kinshasa, passer à une phase supérieure de chantage médiatique contre l’exécutif congolais et consolider territorialement les espaces conquis. Cette étape connaîtra des imprévus. C’est notamment le refus du peuple congolais de Rutshuru et Masisi d’adhérer au projet de balkanisation.

Kigali usera de son porte-monnaie pour soudoyer des officiers et soldats des rangs des FARDC afin qu’ils rejoignent le M23 et ainsi congoliser le projet. Quelques militaires vont déserter l’armée pour rejoindre les agresseurs et tenter d’argumenter leurs discours. Car la fameuse thèse selon laquelle le Rwanda avait déclenché sa guerre dans l’intention de « protéger les Congolais rwandophones », a déjà été rabrouée par le ministre Munyamulenge des infrastructures. Alexis Gisaro avait poliment houspillé Paul Kagame en lui rétorquant que sa communauté « n’avait pas besoin d’aide de qui que ce soit pour sa sécurité en RDC ». C’est dans ces entrefaites que les chefs d’Etat de la région ont presqu’épuisé leurs initiatives de dialogue avec Félix Tshisekedi. Tantôt Luanda, tantôt Nairobi… Rien ne semble véritablement coller. Et c’est l’impasse entre la guerre et le dialogue. Personne ne sait quelle sera l’option qui va prendre le dessus. Facilitateurs, négociateurs africains et occidentaux ont épuisé stratégies et diplomatie pour tenter de résoudre la crise. Macron, Lorençò, Kenyatta… La solution serait définitivement entre les mains de Kinshasa. Car la guerre était voulue, éclair et expéditive dans l’objectif de secouer la RDC.

Décidément, le plan n’a pas fonctionné comme il le fallait. Les acteurs, le schéma, les stratégies et les financements ont quasiment débordé. Pendant ce temps, le flux des déplacés ne cesse de prendre de l’épaisseur. Ni les humanitaires, moins encore le gouvernement ne parviennent véritablement à supporter le poids de la charge. Un million d’individus en errance dans les centres des déplacés, des villages et forêts.

L’EAC fait-elle la police du M23 ?

Le commandant des forces de l’EAC ne s’en cache plus. L’armée régionale sera du côté des terroristes et obéira à leurs caprices. « Vous envoyez les gens à Sabinyo, avez-vous préparé le terrain ? Avez-vous déjà été à Sabinyo ? Voulez-vous que les gens meurent là-bas ? Qu’est-ce qui est prévu pour leurs conditions de vie ? », a plaidé le général Jeff Nyagah. L’officier kényan oublie déjà que Sabinyo fut le campement initial du M23 avant que la rébellion pro-rwandaise ne s’empare de Bunagana. Comment un commandant des forces EAC peut-il exiger des conditions de luxe pour un groupe terroriste qui a demandé d’être cantonné dans sa propre base arrière ? Ayant constaté que ses propos étaient inutilement excessifs, le général Jeff Nyagah va tenter de relativiser : « S’il faut mourir pour que la paix revienne en RDC, s’il faut verser mon sang et celui de mon adjoint Emmanuel Kaputa, je suis prêt, prêt à me sacrifier », a-t-il déclaré. Des propos d’un sapeur-pompier qui n’ont convaincu personne. Puisque le vrai message était déjà déroulé. L’EAC est venue en appui stratégique au M23. Et au lieu de blâmer et d’empêcher la recolonisation des espaces, Nyagah se contente de déplorer le fait que les éléments du M23 reprennent encore leurs positions en dépit de la présence de la force régionale de l’EAC dans plusieurs zones de Rutshuru et Masisi.

Même regret exprimé par le gouverneur militaire du Nord-Kivu, Constant Ndima. « J’ai constaté que la feuille de route des États membres de l’EAC n’est pas respectée », a souligné le lieutenant-général. « Désormais, les véhicules des civils seront escortés par la force de l’EAC sur les routes : Bunagana-Goma, Rutshuru, Kiwanja, Masisi, Kitchanga-Goma » , a annoncé le samedi 22 avril, le général-major Jeff Nyagah, commandant de la force régionale. Et d’ajouter très protocolairement : “nous sommes en RDC pour imposer la paix. S’il faut injecter cette paix par seringue, nous le ferons. La balkanisation de la RDC ne passera jamais par l’EAC”, a-t-il ajouté. Et au sujet de la reprise du territoire par l’armée congolaise, il affirme : “nous travaillons toujours et chaque jour avec les FARDC. Quand les chefs d’Etat EAC vont décider, les FARDC seront déployées dans différentes zones actuellement occupées par l’EAC”, a conclu Jeff Nyagah.

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